La solennité de la Toussaint est probablement la fête chrétienne qui nous parle le plus du bonheur, cet idéal commun à l'humanité. Les saints ne sont-ils pas des "bienheureux", comme le rappelle le refrain des béatitudes lues pour la circonstance dans la version de saint Matthieu?
Encore faut-il discerner le bonheur auquel nous rêvons... Je constate autour de moi, ici à Enghien, à Silly ou ailleurs, beaucoup de désirs de "petits bonheurs", comme disent les gens, c'est-à-dire de petits moments confortables volés au temps, pris entre soi, et dont on suppose que l'accumulation ferait à terme tout le bonheur possible.
Je n'ai rien contre les "petits bonheurs", au contraire!
Mais l'Evangile propose un bonheur infiniment plus lumineux, capable de traverser les obscurités mêmes de la vie et de les éclairer du dedans, capable de transfigurer les malheurs... "Heureux ceux qui ont faim et soif", et non ceux qui sont rassasiés. "Heureux les pauvres", et non les riches. "Heureux ceux qui pardonnent", et non ceux qui restent dans la rancune. "Heureux, même, ceux qui sont persécutés pour la justice", et non ceux qui fuient la vérité et en dissimulent la rectitude.
Heureux en ce monde, déjà : les saints ne sont pas ceux qui jouissent du bonheur de l'au-delà à proportion de leur malheur dans l'ici-bas! Ils sont heureux ici et pour toujours, parce que la conviction de la résurrection, dont le baptême les a marqués et revêtus, a retourné en eux toute chose et les a rendus capables de voir la pierre précieuse sous la gangue de saleté.
Ce n'est pas un "petit bonheur", cela, c'est une manière de vivre qui rend foncièrement, profondément et durablement heureux.
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