samedi 16 décembre 2023

"C'est loin, Chicago?"

 Hier soir, allongé dans la salle des urgences de l'Hôpital Universitaire Saint-Luc pour y passer une partie de nuit, suite à une douloureuse infection bactérienne du pied, j'étais le voisin d'une dame âgée et charmante qui, elle, avait échoué là pour des problèmes post-opératoires. L'une de ses filles était gentiment à ses côtés, et donc, mère et fille papotaient. Evidemment, j'ai tendu l'oreille d'une façon très indiscrète.

La maman : "Tu as prévenu Jules?" (j'invente le prénom, le prénom d'un de ses fils)

La fille: Oui, il va essayer de venir.

La maman :"Et Arthur? (Autre invention, évidemment...) Tu as prévenu Arthur? J'aimerais beaucoup qu'il vienne..."

La fille : "Ca m'étonnerait, maman, Arthur habite trop loin!"

La maman : "Trop Loin? Où ça, trop loin?"

La fille : "A Chicago, maman, aux Etats-Unis!"

La maman : "Et c'est loin, ça, Chicago?"


Magnifique amour maternel, qui veut ignorer les distances!

samedi 9 décembre 2023

Le beau témoignage d'Edward

 Hier, les permanents et les bénévoles de BAPO ("Bruxelles-Accueil-Portes-Ouvertes"), notre antenne sociale que j'admire tant pour son dévouement et son professionnalisme, se réunissaient chez moi pour un petit lunch à l'occasion de la Saint-Nicolas. Beau moment, très convivial, très enjoué, autour de quelques sandwiches, et occasion aussi de se partager des choses profondes liées à notre foi. Je retiens le témoignage spontané d'Edward, notre Directeur. Dans sa jeunesse, disait-il, il avait logé chez les Soeurs de Mère Teresa en Albanie, dans la sacristie - et là, outre qu'il devait libérer le lieu pour la messe de sept heures du matin, il ne pouvait guère amonceler des biens! Il a compris pour toujours, expliquait-il, qu'on peut parfaitement vivre sans posséder beaucoup de choses. Et même que cette non-possession est un gage de liberté extérieure et intérieure. Maintenant, marié et père de famille, il est évidemment heureux d'avoir un toit sur la tête et tout ce qu'il faut pour le bien-être des siens. Mais il garde de cette lointaine expérience la certitude de ce que Bernanos (là, c'est moi qui cite) appelait "la liberté imprenable".

Magnifique récit qui nous renvoie tous (et moi en premier) aux liens que nous entretenons si souvent  avec les possessions matérielles et qui  sont autant d'entraves!