mardi 15 août 2017

Assomption, vision moderne de l'homme et de la femme

Je suis une nouvelle fois frappé par la modernité de la liturgie de l'Assomption. La première lecture de la Messe Jour est en effet celle d'un texte particulièrement "choc" de l'Apocalypse : la vision de la Femme et de son combat contre le Dragon (Ap 12).
Quand même, c'est "hollywoodien" (et encore, avec effets spéciaux), cette image d'un affrontement titanesque entre "une Femme" enceinte et même en train d'accoucher, et un horrible "Dragon" "rouge-feu", "avec sept têtes et dix cornes", etc...
Notre avenir, l'avenir de l'humanité, notre espérance : une Femme enceinte, accouchant, menacée par une sale bête qui veut dévorer son Enfant dès sa naissance. Quelle vision!
Le tout, rassurons le public, se terminant bien : l'Enfant est sauvé, la Mère aussi. Et même, tout l'Univers proclame (cet Univers que la Femme remplissait, avec le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sa couronne d'étoiles) : "Maintenant, voici le salut!"
Le salut, longue persévérance dans l'accomplissement en nous d'une grossesse, évidemment spirituelle : mettre au monde le Christ fut certes le rôle premier de la Vierge Mère, mais il demeure celui de l'Eglise et de chacun de ses membres. Mettre au monde le Prince de l'amour, de la paix, de la justice, de la réconciliation - un Prince menacé dès sa naissance par le Diable qui n'en veut pas, qui s'acharne à lutter contre lui en chacun de nous et dans le monde.
Dès qu'on essaie de propager la fraternité ou la tendresse, les puissances du mal se déchaînent d'une façon ou d'une autre - ça ne vous a jamais frappés?
L'Enfant est fragile, oui, mais victorieux : et la Mère qui l'a porté est la première à participer à cette victoire!

vendredi 4 août 2017

"Un instant encore..." Yourcenar au programme!

"Un instant encore, regardons ensemble les rives familières, les objets que sans doute nous ne reverrons plus... Tâchons d'entrer dans la mort les yeux ouverts."
C'est ainsi que, le 17 décembre 1987, Georges Moucheron, le présentateur du JT de la Télévision Publique belge, ouvrit son édition : il signifiait par cette citation que Marguerite Yourcenar venait de mourir, dans l'île américaine des "Monts Déserts", à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Ce mot est le dernier qu'elle prête à Hadrien, et qui clôt du reste l'un de ses romans les plus fabuleux : "Mémoires d'Hadrien."
Trente ans, donc, et je m'en souviens comme si c'était hier. J'avais appris à lire, si j'ose ainsi dire, dans Yourcenar, j'y avais appris ce qu'est la littérature, ce qu'est un personnage littéraire et l'importance de cette création dans la vie humaine.
Pour commémorer, en quelque sorte, l'événement, j'ai repris au cours de ces mois d'été la lecture - sans doute la septième ou la  huitième - de l'Œuvre intégrale, et aussi de certains textes et de certaines interviews publiés à son propos. Ainsi l'entretien précisément intitulé "Les yeux ouverts" et qu'elle accorda en 1980 à Matthieu Galey, et je me propose de relire encore la formidable biographie que Josyane Savigneau lui a consacrée.
Ce n'est pas de la distraction : avec elle, on va au fond des choses, on traite des vraies questions qui tourmentent l'humanité depuis toujours et pour toujours. Ce que cette femme dit, par le truchement de ses personnages, de la religion, de la paix et de la guerre, de la tolérance, de l'Etat et des Etats, de la fraternité, de la liberté, de l'écologie et du respect dû à notre monde, de l'amour et de la sexualité,  de l'histoire qui nous est évidemment contemporaine, et de son recommencement comme de sa trajectoire... c'est une leçon perpétuelle de vie, d'intelligence,  et de morale, aussi.
Si j'étais ministre ou je ne sais quoi responsable de l'enseignement, je pense que je n'aurais qu'une décision : obliger les élèves, tous et sans restriction, à lire, à relire, à fréquenter la grande Marguerite! Yourcenar au programme!