vendredi 26 mars 2021

Où est-il donc passé, le jeune homme tout nu?

 Dans le récit de la Passion d'après l'évangile de Marc, que nous lisons cette année au Dimanche des Rameaux, un détail frappe par son originalité - il n'est du reste présent que chez Marc (Mc 14, 51-52). Un jeune homme, nous dit-on (en grec, et cela a son importance, neaniscos) est présent au moment de l'arrestation  de Jésus, au Jardin des Oliviers. Il est vêtu seulement d'un drap...  Tandis qu'on tente de l'arrêter, il parvient à s'enfuir en lâchant le drap, et s'encourt tout nu!

Mais où est-il donc passé?

Si nous sommes attentifs le jour de Pâques, lorsque nous proclamerons le récit de la Résurrection d'après le même évangile de Marc, nous le retrouverons... 

Lecteur fidèle, sois attentif!

vendredi 19 mars 2021

"Rends-moi la joie d'être sauvé!"

 La clé d'entrée dans les lectures de ce cinquième dimanche de Carême (année B) pourrait bien être ce verset magnifique du Psaume 50 : "Rends-moi la joie d'être sauvé. Que l'esprit généreux me soutienne!" (Ps 50, 14)

"Rends-moi"... comme si la joie de l'Evangile, nous l'avions perdue, comme si elle nous faisait défaut. Elle nous manque en effet, à cause des circonstances sanitaires présentes, à cause de nos tristesses accumulées et en particulier de la tristesse du Mal qui rôde et du péché qui blesse! Elle est un don de Dieu, c'est pourquoi notre prière doit sans cesse la demander et la redemander.

Ce n'est pas, cette joie, la rigolade qui s'esclaffe, on n'y rit pas à gorge déployée. C'est la paix intérieure et la jubilation intense de qui se sait appelé à vivre dans "l'Alliance nouvelle" promise par le prophète Jérémie - première lecture de ce dimanche. Une Alliance qui transforme les coeurs, qui chamboule l'intériorité, une Alliance stable et stabilisante au milieu de tout ce qui remue en nous.

Cette joie est la joie du salut, plus précisément, "la joie d'être sauvé", avec la remarquable tournure passive du verbe. Ce n'est pas nous qui nous sauvons nous-mêmes, le salut se reçoit. C'est le Christ qui nous l'obtient et le don de sa vie à la Croix. Car il est ce "grain de blé tombé en terre" et qui "porte beaucoup de fruit". Il est ce Fils de l'Homme élevé qui attire nos regards. Celui qui, par les blessures de sa Passion, a appris l'obéissance, disait encore la Lettre aux Hébreux et est "ainsi devenu cause du salut éternel!" Invitation encore et encore à nous tourner vers Lui, la cause de notre salut - le Carême nous invite à ce mouvement du coeur, des yeux du coeur, vers la Croix du Grand Vendredi.

"Rends-moi la joie d'être sauvé. Que l'esprit généreux me soutienne!"

L'homosexualité, une abomination? Un péché?

 "Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme : ce serait une abomination". Les contempteurs de l'homosexualité citent souvent ce verset du Lévitique (Lv 18, 22) pour étayer leur point de vue, en ajoutant que "c'est clair dans la Bible". 

Bon. On devrait quand même les renvoyer à la nécessité de l'interprétation de la Bible (pour parler savamment, de l' "herméneutique"), et leur faire comprendre que sa lecture littéraliste, fondamentaliste, est effrayante.

Ces mêmes contempteurs voudraient-ils donc vendre leur fille comme servante, conformément à Ex 21,7?

Voudraient-ils posséder des esclaves, comme Lv 25, 44 le permet?

Pourraient-ils mettre à mort un voisin qui travaille le samedi, conformément à ce que réclame Ex 35, 2?

Vont-ils éviter de se faire couper les cheveux autour des tempes, comme l'interdit expressément Lv 19, 27?

Vont-ils lapider eux-mêmes les membres de leur famille qui plantent deux types de cultures différents dans leur champ (ce qui est contraire à Lv 19, 19), comme le réclame Lv 24, 10-16? 

On pourrait continuer...

Quant à dire que l'homosexualité est un péché, cela relève d'une méconnaissance complète de la notion théologique de "péché". L'homosexualité est un fait, qui précède toute volonté ou tout choix - et sans la volonté de pécher, il n'y a pas de péché!

(Tout cela à propos de la réaction de Mgr Bonny et des évêques de Belgique à la "réponse" - négative - de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur la possibilité de bénir des unions homosexuelles stables...)

jeudi 11 mars 2021

Laetare

 Ce dimanche, quatrième du Carême, nous sommes à la moitié de la route vers Pâques, qui déjà dévoile un peu de sa lumière. L'antienne de la messe est Laetare ("Réjouissez-vous"), réjouissez-vous de voir enfin approcher votre salut.

L'évangile, à partir de ce dimanche et, globalement, jusqu'à Pentecôte - avec quelques notables exceptions comme la Semaine Sainte ou la Première Semaine de Pâques - sera l'évangile de Jean, dont la lecture englobe en quelque sorte, dans sa distribution liturgique, les solennités à venir. Avec raison : y a-t-il texte plus "mystagogique", plus initiateur que celui-là? Avec le quatrième évangile, nous sommes introduits et sans cesse réintroduits dans le mystère de notre foi.

Et, ce dimanche, nous lisons quelques versets de l'étrange conversation liminaire de ce grand texte, au chapitre troisième : la conversation nocturne entre Jésus et Nicodème. Ce dernier est un curieux personnage, qui n'apparaît que dans cet évangile, et à trois reprises, au début donc, au milieu et à la fin, au Calvaire. Fascinant Nicodème, qui peut bien nous représenter tous - ne sommes-nous pas tous en quête de lumière, dans nos obscurités, ne marchons-nous pas tous à tâtons vers plus de clarté, ne pressentons-nous pas que le Christ peut nous offrir ce nouveau soleil?

(J'ai toujours été tellement intrigué par Nicodème, que je lui ai consacré un petit livre, qui a connu deux éditions sous deux titres différents : Un homme, la nuit et Renaître à la vie spirituelle... Mais bon, fermons cette parenthèse publicitaire!)

Jésus a donc dit à Nicodème que, pour accéder à plus de lumière, il doit renaître - et cet homme pourtant lettré, pharisien de surcroît, n'a rien compris à ce propos, il lui a tout au plus donné un sens premier, évidemment ridicule - "Je ne peux quand même pas rentrer dans le ventre de ma mère pour en ressortir", bévue dont Jésus s'est bien moqué : "Tu es sage en Israël et tu ne comprends pas ces vérités élémentaires de la vie spirituelle!" Dans les versets que nous lisons ce dimanche, Jésus ajoute qu'il doit lui, le Fils de l'Homme, être élevé comme le fut au désert le serpent de bronze qui guérissait de la morsure brûlante des serpents - entendez, qui guérissait du péché. Evocation déjà du Grand Vendredi de la Passion. Là, le Fils de l'Homme donnera sa vie par amour, écartelé entre ciel et terre, et ceux qui regarderont vers lui seront pareillement sauvés : "Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui." (Jn 3, 17) Oh, comme nous avons besoin de nous convertir encore et encore à cette parole pourtant toute simple, mais si décisive : le Fils de l'Homme n'est pas là pour juger, mais pour sauver. Quand cesserons-nous, nous chrétiens, nous fils dans le Fils,  de nous vouloir juges du monde? Quand refléterons-nous la lumière du salut que le Christ apporte à nos propres ténèbres?

Laetare, donc, "réjouissez-vous", car voici la lumière qui déjà brille dans nos nuits, pour révéler au monde combien nos oeuvres bonnes sont des oeuvres vraies, des oeuvres de Dieu, qui baignent dans cette clarté.

Autre bonne nouvelle pour les Bruxellois : à partir de ce samedi soir, les célébrations eucharistiques reprennent à la Cathédrale les samedis à 17h30 et dimanches à 9h30 et 11h00... pour quinze personnes maximum et sur inscription préalable au secrétariat (02 229 24 90). Qu'on se le dise!

samedi 6 mars 2021

Le coeur de notre foi

 Pour ce troisième dimanche du Carême, année B, attachons-nous à méditer la deuxième lecture. Elle est extraite de la Première Lettre de Paul aux Corinthiens, et reprend quelques versets du premier chapitre (1Co 1, 22-25). Je retranscris ce texte, en le traduisant au plus près du grec :

"Les Juifs réclament des signes et les Grecs recherchent une sagesse; mais nous, celui que nous proclamons comme Messie, c'est un crucifié, ce qui pour les Juifs est un scandale, et pour les Grecs, une folie. Mais pour ceux qui sont appelés, qu'ils soient Juifs ou Grecs, il est Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes."

Ce texte est capital. Avec le génie qui le caractérise, Paul nous décrit le coeur de la foi chrétienne. Il le fait par opposition à deux conceptions de la religion. "Les Juifs", dit-il d'abord, pour croire, réclament des signes extraordinaires de la puissance de Dieu : que la Mer Rouge s'ouvre en deux pour laisser passer le Peuple élu, que s'écroulent les murailles de Jéricho, tout ce que vous voulez de semblable, alors, oui, on croit, ébloui par ces démonstrations éclatantes! "Les Grecs", eux, ne réclament rien, ils "cherchent une sagesse" - ce sont des philosophes, il faut que leur raison soit satisfaite, que la foi soit raisonnable. Avouons-le : il y a du "Juif" en nous - une part de nous réclame sans cesse des signes extérieurs de la puissance divine, nous nous disons que nous pourrions plus facilement croire s'ils nous étaient donnés. Et il y a du "Grec" en nous : une autre part de nous-mêmes veut que tout cela soit raisonnable, que la foi ne nous embringue pas dans des délires. 

Or, ce petit Juif et ce petit Grec qui sans cesse se livrent bataille en nous, les voilà démentis par la proclamation chrétienne. Car pour elle, le Messie, le Sauveur, c'est... un Crucifié, un condamné à mort pendu au bois du supplice. Avouons que, comme signe de puissance, cela "se pose un peu là". Et comme raison... qu'y a-t-il de plus saugrenu que l'affirmation d'un salut venu à nous par un homme exécuté?

Mais, "pour ceux qui sont appelés", c'est-à-dire pour nous, les chrétiens, ce  Crucifié est Christ, "Oint" de Dieu, véritable puissance divine, véritable sagesse divine. Et la conclusion est magnifique : "ce qui est folie de Dieu - oui, il y a de la folie en Dieu, c'est la folie de son amour! - est une sagesse plus sage que la sagesse des hommes. Et "ce qui est faiblesse de Dieu" - oui, il y a de la faiblesse en ce Dieu tout-puissant, une faiblesse d'amour - est plus fort que la force des hommes.

Voilà notre foi, la clé de notre salut, notre plus profonde conviction à propos du Dieu de Jésus-Christ.

vendredi 5 mars 2021

François en Irak

 A partir de ce vendredi et jusqu'à lundi, le pape François sera en Irak - terre sainte par excellence. C'est une première pour un Souverain Pontife, et cette visite présente plusieurs aspects essentiels. C'est d'abord un voyage apostolique destiné à soutenir la communauté catholique très minoritaire de ce pays, et qui a beaucoup souffert du "prétendu" Etat islamique et de ses exactions. Mais c'est aussi un séjour à caractère "interreligieux", le pape rencontrant les autorités islamiques (surtout chiites) du Pays, et veillant avec elles à favoriser des dialogues de pacification. Enfin, c'est un pèlerinage sur les traces anciennes et vénérables du Patriarche Abraham, père des croyants.

Un voyage essentiel, donc, qui réclame notre soutien et notre prière!