dimanche 28 février 2010

Sur la liturgie

Hier soir, samedi, à Thoricourt, ce matin à Petit-Enghien puis à Enghien, des églises remplies de familles et d'enfants de tous âges. Des liturgies bien préparées, adaptées : à Petit-Enghien, par exemple, les jeunes qui se préparent à la confirmation ont mimé l'Evangile de la Transfiguration avant qu'il ne soit proclamé, et comme la Parole est forte quand elle passe ainsi dans les corps de ceux qui se l'approprient! A Enghien, nous avons poursuivi l'accueil de Céline et de Clément, je les ai marqués du signe de la Croix avant que la commuanuté rassemblée se signe elle-même, je leur ai remis la Croix et les Evangiles : beau moment. Les parents et les enfants ont pu suivre les paroles des chants et les mots dessinés de l'Evangile proclamé sur grand écran, grâce à un power-point récemment installé. Avec les catéchistes qui préparaient cette célébration, nous avions choisi la seconde prière eucharistique pour les assemblées d'enfants, ses mots plus simples mais tout aussi riches pour proclamer le mystère de notre foi. Je suis de plus en plus frappé par cette richesse liturgique qu'a ouverte la réforme du Concile Vatican II, ce foisonnement de prières eucharistiques par exemple, qu'il a autorisé et même recommandé, et qui permet, de semaine en semaine, de célébrer l'Unique Pâque du Christ avec des sensibilités différentes et complémentaires. Comme cette Eglise conciliaire et post-conciliaire nous aide à manifester au monde la beauté de l'Evangile, l'urgence de son message!

jeudi 25 février 2010

Un beau conseil pastoral

Au retour du Conseil local de pastoral de Hellebecq (Silly), l'abbé Honoré et moi-même avons pu partager notre joie de l'atmopshère que nous avions trouvée là. Une belle table accueillante, des personnes heureuses de se retrouver, beaucoup d'amitié. Le temps de faire posément le point sur la vie pastorale des derniers mois, sur ses réussites et ses "ratages". La volonté de bien préparer l'avenir, et spécialement les célébrations pascales. Le double souci de préserver la spécificité de la paroisse, ses traditions, ses habitudes ancestrales (Hellebecq est un beau village d'environ 900 habitants). En même temps, une véritable ouverture d'esprit sur le bien de l'ensemble de nos douze paroisses dans ce doyenné, un souci du bien commun. Une réflexion pertinente sur les rôles respectifs du prêtre (ou, plus largement, des ministres ordonnés) et des laïcs et leur articulation.
Vraiment, cela fait chaud au coeur, et donne d'espérer dans l'avenir de nos communautés locales - l'Eglise garde toute sa pertinence sacramentelle, quand elle se comporte ainsi, quand elle veut se construire dans une atmosphère d'écoute, de respect, de responsabilité partagée.

lundi 22 février 2010

L'accueil de Céline et de Clément

J'ai déjà évoqué, dans ce blog, la demande de Céline et de Clément, respectivement 10 et 8 ans, de devenir chrétiens par le baptême lors des prochaines fêtes de Pâques. Hier, premier dimanche de Carême, notre communauté d'Enghien a eu la joie de les accueillir. Ils étaient accompagnés de leur papa, qui a marqué officiellement et publiquement son accord et celui de son épouse pour que leurs enfants poursuivent leur initiation chrétienne. La messe (toujours très fréquentée, ce qui me réjouit), en a été colorée d'une atmosphère de joie spirituelle que je n'ai pas été le seul à ressentir. A la sortie, le papa de ces deux enfants m'a confié : "Monsieur le Doyen, je voudrais vous dire que je me suis vraiment senti bien dans votre église, et bien accueilli. Et je voudrais vous en remercier de tout coeur. Cela a été un beau, un très beau moment pour moi et mes enfants."
Et pour moi, donc, ce sentiment qui m'a suivi toute la journée d'hier et qui dure : la chance d'avoir une communauté chrétienne qui, par la qualité de sa prière et de sa "présence" (disons les choses ainsi...) mette en joie de nouveaux venus!
Merci, Enghien!

vendredi 19 février 2010

La loi et la liberté

J'ai eu la joie de retrouver cet après-midi les religieuses de Clairefontaine (Bouillon), que je connais maintenant depuis tant d'années, et de poursuivre avec elles un cours sur "éthique et spiritualité". J'ai été heureux des échos entendus chez ces femmes intelligentes, de bon sens, qui vivent avec clairvoyance la vie monastique et ses contraintes communautaires. Oui, Dieu, quand il se donne à connaître dans l'histoire des hommes (quand il se "révèle", dit la théologie), se donne à connaître comme Celui qui rend libre, qui fait passer le Peuple choisi de l'esclavage à l'autonomie. Et oui, le don de la Loi (de la Torah) est second (pas secondaire), et destiné à maintenir dans la liberté ce peuple libéré. Il ne faut jamais inverser le salut (premier) et l'éthique (seconde), sous peine de moraliser la foi judéo-chrétienne et de méconnaître alors ce qu'elle a, précisément, de bouleversant. C'est pourtant, soit dit au passage, ce que font d'habitude nos médias, qui confondent presque toujours la religion chrétienne avec une morale, et les catholiques romains avec des donneurs de leçons. Ce qui, évidemment, devient vite ridicule...

jeudi 18 février 2010

Le Carême, temps baptismal

On ne le répétera jamais assez : le Carême est d'abord un temps baptismal. C'est l'ultime préparation des catéchumènes, adultes ou grands enfants, qui seront baptisés durant les prochaines célébrations pascales. Et pour ceux qui sont déjà baptisés, c'est l'occasion d'accompagner par la prière ces nouveaux venus dans l'Eglise, en laissant s'épanouir la puissance de résurrection que le baptême a inaugurée en eux. Temps de recueillement, temps de récollection, temps de récolte : retour à son coeur, à ce lieu intime et magnifique où se joue la rencontre à la fois apaisante et tempêtueuse avec Dieu, avec l'Esprit Saint qui veut en nous former l'homme nouveau, le Fils aimé, et nous débarrasser du vieil homme (ou de la vieille femme). Temps où l'attention se porte sur ce combat intérieur, le combat spirituel, et où l'on admire la richesse des eaux baptismales qui régénèrent une vie entière, qui irriguent sans cesse des fruits neufs et succulents. Saint François de Sales, dans ce sens : "Le Carême, c'est l'automne de la vie spirituelle" - un automne où l'on fait moisson, au creux de soi, des fécondités de l'amour.

dimanche 14 février 2010

Bienfaits du mauvais temps

J'avais projeté de partir pour Chimay, après les messes. Le risque croissant de verglas m'a retenu. Bénéfices secondaires : du rangement dans la bibliothèque, et des lectures en retard.
Notamment, en vue d'une recension pour la Revue Théologique de Louvain, l'excellente traduction nouvelle des Visions d'Elisabeth de Schönau, cette mystique rhénane du XIIème siècle (1129-1165), contemporaine de Hildegarde de Bingen, mais moins connue ou reconnue qu'elle. On est frappé par l'audace de ce que Jean-Noël Vuarnet - trop tôt disparu - avait appelé dans un ouvrage remarquable les Extases féminines (2e éd., 1991), et notamment par cette appréhension vraiment "féminine" (oui, il n'y a pas d'autre mot) de la vie chrétienne. Elisabeth de Schönau se revendique explicitement fille des prophétesses, elle se gausse de ce que les machos de son époque ne voient en elle qu'une personne du "sexe faible". Mais, rétorque-t-elle, "pourquoi ne leur vient-il pas à l'esprit qu'il en alla de même à l'époque où vivaient nos pères quand les hommes se laissèrent gagner par l'insouciance et que de saintes femmes furent alors remplies de l'Esprit de Dieu?"(p. 109). Oui, pourquoi, en effet??? Oh, présence des femmes dans l'Eglise, et comme il faudrait mieux les entendre!
(Elisabeth de Schönau, Visions, trad. J.-P. Tradec, intr. L. Moulinier-Brogi, Cerf, 2009, 198pp.)

mardi 9 février 2010

Céline et Clément

J'ai eu la joie, cet après-midi, de rencontrer Céline et Clément. Ils ont respectivement 10 et 8 ans et demandent à devenir chrétiens par le baptême. Leurs parents, qui ne partagent pas la foi chrétienne, les y autorisent : leur papa, rencontré il y a quelques semaines, m'a dit qu'ils voulaient, son épouse et lui-même, éduquer leurs enfants dans le respect de leur liberté, et qu'ils ne s'opposaient donc pas à leur demande.
Depuis plusieurs années, c'est l'école catholique paroissiale de Petit-Enghien qui accueille ces enfants. Céline et Clément me disent que c'est en effet l'école, les cours de religion qui y sont dispensés et l'atmosphère qui y règne, qui les incitent à devenir chrétiens, eux aussi.
Ils seront baptisés à Enghien, durant la grande Vigile de Pâques.
En attendant, ils vivront les étapes préparatoires de leur baptême durant les dimanches du Carême, progressivement accueillis dans la communauté chrétienne, apprenant par la signation à porter dans leur coeur la croix du Christ, apprenant à se mettre à l'écoute de la Parole de Dieu, à lutter aussi contre le "vieil homme", comme dit saint Paul, toujours prêt à étouffer en nous l'homme nouveau qui veut renaître.
Il y avait de la lumière dans leurs beaux yeux d'enfants, tandis que nous nous parlions de leur prochain baptême, des yeux qui pétillaient de bonheur et de joie.
La vraie joie est spirituelle, et c'est celle des enfants.

jeudi 4 février 2010

Qu'est-ce qu'être "normal"?

J'ai reçu longuement ce soir le papa d'un enfant trisomique. Il se désole - à juste titre - du manque d'accueil et de reconnaissance que notre société offre à son enfant, et aux autres qui souffrent d'un handicap. "Comme si, me dit-il, on voulait protéger le bonheur du grand nombre en masquant ce genre de difficulté." Il se sent exclu, il sent que son enfant est exclu, parce qu'il dérange le confort bêta de nos contemporains. Notre conversation glisse sur "la norme" : qu'est-ce qu'être "normal", au fond? Je lui répète cette réflexion que m'avait faite un jour la Reine Fabiola, qui revenait d'avoir visité l'institution "La Boulaie", à Chimay, et les handicapés adultes qu'elle héberge : "Le grand drame, ce n'est pas de ne pas avoir été aimé - ça se répare. Le grand drame, c'est de n'être pas capable d'aimer. J'ai vu à La Boulaie des personnes qu'on dit handicapées, et peut-être le sont-elles (je ne suis pas médecin). Mais ce que je sais, c'est qu'elles m'ont manifesté beaucoup d'amour. Elles sont donc moins handicapées que beaucoup d'autres que l'on dit 'normales'." Cette réflexion de la grande dame nous a conduits, mon ami et moi-même, à nous interroger sur la norme : certains êtres dits "normaux" sont monstrueux d'orgueil, de vanité, de certitudes accumulées, de rancoeurs, de méchancetés, etc. Et d'autres, dits "anormaux" (physiques, mentaux, sexuels, que sais-je) sont des trésors de bonté, de douceur, d'humanité... Vraiment, la question de la "norme" est à revoir... Tout un travail, et de longue haleine!

mercredi 3 février 2010

Contre l'intégrisme, décidément

J'ai été heureux, ce soir, d'entendre Mgr Léonard intervenir dans l'émission "Répondez à la question" proposée par la Rtbf. Je retiens, entre autres, son illustration de "l'orgueil" au registre des péchés capitaux : "c'est l'intégrisme", dit-il. Et d'ajouter que l'intégrisme est un risque partout présent, et que là où il est présent, il est - y compris dans une frange catholique - une insulte à l'intelligence.
Mgr Léonard, certes, a des convictions fortes, sérieuses. Mais il ne transige pas avec l'intelligence et la raison - c'est un philosophe, de métier et de vocation. Dans un propos du journal Le Soir (19 janvier 2010), le Professeur Hasquin, ancien recteur de l'ULB, agnostique et franc-maçon (actuel président du CPAS de Silly, commune dont je suis le curé), disait du reste son admiration pour l'intelligence de l'homme : "C'est un brillant universitaire. Quand on n'est pas catholique, on doit reconnaître que l'on a affaire à un adversaire redoutable intellectuellement : ce n'est pas un médiocre qui est nommé à la tête de l'Eglise de Belgique." (p.4)
Ouf...