jeudi 30 juin 2016

Un immense merci aux enseignants

Ce 30 juin, j'ai clôturé une (presque) semaine de présence dans les Ecoles d'Enghien (fondamentales ou secondaires) pour les proclamations et remises de diplômes. En fin de journée aujourd'hui, j'étais, pour la deuxième fois, invité par l'Athénée Royal d'Enghien à cette cérémonie, après avoir présidé hier le même genre d'événement au Collège Saint-Augustin.
Au terme, je mesure l'énorme travail fourni par les enseignants, leur patience, leur attention sans cesse renouvelée, leur enthousiasme. Je mesure aussi l'incroyable investissement des directions et des "pouvoirs organisateurs", du personnel, des éducateurs...
Quelle richesse se trouve là, et trop souvent méconnue, voire méprisée par certains!
Je sors de ces quelques jours avec le ferme propos, comme on disait autrefois, de soutenir encore davantage le monde de l'éducation et de l'enseignement, de l'encourager par tous les moyens, de le valoriser chaque fois que c'est possible.
Alors, bravo, certes, aux élèves qui ont franchi avec succès une étape de leur cursus, courage à ceux et celles qui doivent peaufiner l'épreuve par une vérification en septembre, mais surtout, surtout, un immense merci aux enseignants!

dimanche 26 juin 2016

"Passer entre les gouttes" : la Procession d'Enghien!

C'est ce qui s'appelle "passer entre les gouttes" : aujourd'hui, la Procession d'Enghien n'a (presque) pas été mouillée par les intempéries. Il a juste fallu renoncer à quelques centaines de mètres de parcours - et les habitants de ces quartiers, je le sais, m'en veulent pour cela, mais nous ne pouvions pas mettre en péril des ornements qui datent quelquefois du XVIIIème siècle. Nous reviendrons chez eux l'an prochain, promis! La population était au rendez-vous, comme les groupes nombreux qui représentent aussi bien l'histoire ancienne et riche de notre cité que son présent : Seigneurs d'Enghien qui ont fait de la Ville ce qu'elle est, mouvements de jeunesse qui disent quelque chose - et quelque chose de beau! - de son avenir, confréries et corporations qui rappellent les liens tutélaires entre Enghien, ses marchands, ses commerçants, et  sa paroisse.
Montrer que cette paroisse, précisément reste aujourd'hui comme hier au service de tous - par-delà divergences de convictions, de croyances, de préférences : tel est, au fond, le but de cette sortie durant laquelle les chrétiens d'Enghien montrent ce qu'ils portent en eux de plus riche. Non pas tant des ornements anciens ou des statues précieuses - sinon, nous ne serions plus qu'un musée - mais une vie, une vie de trente-six façons diverses donnée au Christ, et c'est lui qui préside vraiment cet événement, ce Jésus donné pour toujours, et à tous les hommes de tous les temps, dans le Pain de Vie eucharistique porté sous le dais par prêtres et diacre.
Dans les quartiers plus modestes, sur les appuis de fenêtres, les gens savent et attendent cela : une petite statue ramenée depuis longtemps de Lourdes, une fleur ou une bougie racontent sans rien dire, mais en disant tout, en disant le plus essentiel,  que cette Procession n'est pas - ou du moins pas seulement - du folklore, mais un acte de rencontre et de communion. Oui, de communion : entre soi, entre nous, avec Dieu, si l'on veut, comme on veut, mais de communion.
Un moment important de la vie paroissiale, certes, mais aussi de la vie enghiennoise.
Aujourd'hui, le Vicaire Episcopal Giorgio Tesolin, Chanoine de la Cathédrale, professeur à la "Louvain Management School", a présidé amicalement avec moi cette Procession. Il gère, au nom de notre Evêque, les relations de l'Eglise diocésaine avec les institutions caritatives, mutuelles, hôpitaux, associations comme "Caritas" - il nous a rappelé combien l'Eglise, fût-elle locale, n'existe jamais pour elle-même, mais toujours et seulement au service de tous, et surtout des plus faibles.
Cela a donné une impulsion nouvelle à notre Procession, qui n'existe que par l'énergie de son Comité tout entier, un Comité auquel je dis ici mes immenses remerciements!

mercredi 22 juin 2016

S'effacer devant la fonction...

Pour la première fois de ma vie de prêtre, et de ma vie tout court, j'ai reçu aujourd'hui, ici à Enghien, le "serment" d'un nouveau Doyen de notre région pastorale : Marc, 36 ans, originaire du Congo, devient responsable de l'Unité Pastorale de Lens. Je l'installerai "liturgiquement" à la rentrée (en octobre, sans doute), mais il fallait qu'il y eût ce rite un peu ancien, par lequel il est devenu aujourd'hui canoniquement curé-doyen. Accompagné de son "ancien" doyen, le curé-doyen de Thuin et Lobbes, dont il était jusqu'ici le vicaire,  il m'a présenté sa lettre de nomination, et ensemble, dans la chapelle Notre-Dame de Messines, nous avons accueilli sa profession de foi : il a récité le Symbole de Nicée-Constantinople et promis obéissance à l'Eglise de toujours, et à l'Eglise actuelle, dans l'exercice de ses nouvelles fonctions, touchant à ce moment le Livre des Evangiles en signe de fidélité au Christ lui-même. Nous avons surtout prié ensemble, pour entourer ce moment très formel d'une supplication nécessaire et qui reste notre premier souci : que tous, et chacun, nous puissions, malgré nos faiblesses, répondre à l'appel que notre vocation baptismale, puis diaconale, presbytérale ou épiscopale, nous adresse.
C'était un moment chaleureux, empli de sens, de fraternité et d'encouragement.
Marc est maintenant ici, dans cette Région pastorale, chez lui, complètement chez lui.
Je souhaite de tout cœur qu'il soit accueilli comme un frère et un pasteur par tous les baptisés de cette Paroisse "Nouvelle" et déjà refondée, qui est à Lens et à Jurbise. Qu'on l'encourage, qu'on l'estime comme un père, malgré son jeune âge, et comme il le mérite - relisez, paroissiens de cette Paroisse, les lettres d'Ignace d'Antioche, qui déplore si souvent sa jeunesse en décalage avec sa fonction épiscopale, mais en même temps, c'est le signe de la jeunesse perpétuelle de l'Eglise.
Du reste, j'ai vu ce jeune homme, pendant sa "prestation de serment", s'effacer devant sa fonction, qui n'est pas une fonction, mais une Personne : le Christ, le Christ pasteur, dont il dira désormais la présence sacramentelle dans la Paroisse Nouvelle de Lens, pour tous les chrétiens qui s'y trouvent rassemblés et veulent y vivre leur foi.

vendredi 17 juin 2016

Les contrefaçons du christianisme

Je songe à cette publicité ancienne ("que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître", comme chantait l'autre), et qui portait sur une boisson dégoûtante appelée "Canada Dry". On y disait : "C'est blond comme l'alcool, c'est doré comme l'alcool, mais ce n'est pas de l'alcool..." En réalité, c'était de la pisse de rat, il eût beaucoup mieux valu s'envoyer un vrai bon whisky.
Nous sommes semblablement submergés par des contrefaçons du christianisme : blondes comme lui, dorées comme lui, mais ce n'est pas lui! L'exemple le plus frappant vient des discours nationalistes qui revendiquent  une "identité" chrétienne de l'Europe et, pour cela même, souhaitent fermer les frontières de ladite Europe et de chacune de ses nations aux migrants ou, quelquefois plus généralement, aux musulmans. Je songe, par exemple, aux vidéos perverses,  remplies d'amalgames nauséabonds distillés par l' "Institut Iliade" - voir sur YouTube.
Le christianisme a certes forgé, pour une part, l'identité européenne.
Mais il l'a précisément fait par son ouverture aux autres et à l'Autre, qui constitue le cœur de son cœur. La Bible juive et chrétienne est une longue épopée de migrations et de souvenance que l'on fut soi-même "en Egypte, un immigré", de nécessité dès lors d'accueillir ceux-ci et de les respecter lorsqu'ils se présentent, d'alliances avec les nations étrangères - même au creux du terrible exil babylonien, lorsque semble avoir disparu tout signe extérieur de l'identité primitive (il n'y a plus de Temple, il n'y a plus de prêtres, il n'y a plus de prophètes,  "et pour combien de temps, nul d'entre nous ne le sait..."). Et le Nouveau Testament n'est pas en reste, qui ouvre généreusement aux nations le salut que d'aucuns auraient voulu réserver aux seuls Juifs (Jésus lui-même, déjà, voyez, après ses réticences, son ouverture à la Cananéenne, et surtout Paul, bien sûr et sa volonté d'aller au large porter la Bonne Nouvelle.) Le christianisme est une religion du voyage, de la rencontre, de l'émerveillement devant l'autre - et là est son identité. Désire-t-il "assimiler" l'autre? Mais... non : car "assimiler", c'est "rendre semblable" (similis) à soi, et de cela il n'a nulle envie. Se laissera-t-il alors "bouffer" par les autres? Mais les chrétiens ne sont-ils pas disciples d'un Dieu qui se laisse manger (voyez l'Eucharistie) ou, plus précisément, qui se donne à manger - sachant qu'au final, comme disent les Pères, ce n'est pas alors  Dieu qui se transforme en l'homme, mais l'inverse?
Les contrefaçons viennent des amalgames (et notamment politiques) que l'on est toujours tenté de proposer comme "vérité chrétienne" depuis la naissance même de cette foi, de cette "Voie". Ils ne doivent pas nous éblouir et nous distraire de la fidélité véritable au Christ, qui accueille la nécessité de la perte dans le don de soi, "pour que tous aient la vie, la vie en abondance."

PS. Dans ce sens - je le prends ainsi - j'ai reçu ce matin une lettre encourageante du Pape (mais oui!), qui "m'assure de sa prière pour moi et mon ministère, ainsi que pour les personnes que j'accompagne sur le chemin d'une rencontre avec le Christ, visage de la miséricorde de Dieu." Je transmets, donc...

mardi 7 juin 2016

La politique, pour empêcher les inondations...

Dans une vie tout de même déjà longuette et bien remplie, j'ai eu le temps et l'occasion de voir, de lire et même de contempler des conneries. Ah oui! Et des belles!
Mais je pense que je viens de découvrir le record mondial.
Dans des commentaires à un article "on-line" du Journal Le Soir, sur les inondations, en effet, un lecteur croit bon d'admonester ainsi ses concitoyens : "La prochaine fois que nous voterons, élisons des hommes politiques qui s'engagent à éviter les inondations."
Ajoutons : pas seulement les inondations, mais les intempéries en général (par exemple, moi, je n'aime pas la neige : et quel gain économique si l'on pouvait éviter de sabler ou de saler les routes en hiver!) Et le gel - quel gain pour le chauffage! Et les trop fortes chaleurs (qui déshydratent si facilement les personnes âgées dans les maisons de repos!)
Et finalement, élisons des hommes et des femmes politiques qui s'engagent à éviter les maladies, les accidents, le vieillissement de la population et l'insupportable mortalité dont nos pays sont victimes (vous avez observé comme moi que nos dirigeants, s'ils parviennent à quelques résultats en matière de chômage, n'arrivent à rien pour empêcher la mort de leurs concitoyens. Une véritable honte.) Oui, protestons contre ce manque de volonté!
Il est grand temps!

samedi 4 juin 2016

Les choix du frère Théophane

Retour de Tchéquie, où j'aurai passé une semaine pleine d'enseignement. Enseignement que j'ai donné - eh oui, je suis quand même encore professeur - mais surtout que j'ai reçu. J'ai vécu jusqu'à jeudi à l'Abbaye de Novy Dvur, à une centaine de kilomètres de Prague, pour faire à une quinzaine de jeunes moines (moyenne d'âge : entre 25 et 40 ans) des leçons de "théologie spirituelle". La vie claustrale, en tous les cas temporairement, m'a toujours convenu, et, en l'occurrence, celle de cette communauté cistercienne nouvelle et dynamique.
Jeudi donc, c'est le frère Théophane - 25 ans - qui m'a ramené à Prague, où je suis resté jusqu'aujourd'hui (dans le but de visiter cette ville admirable, que je ne  connaissais pas.) Il est entré au monastère il y a six ans - comptez : il en avait 19. D'où mes questions, et notre conversation, dans la voiture : pourquoi? Pourquoi un jeune homme comme lui, cultivé et tout (et francophile : il a lu Mauriac, me parle du Mystère Frontenac et du Nœud de Vipères, il a lu Bernanos et me commente Le Journal d'un curé de campagne, et ainsi de suite...), choisit-il au sortir du Lycée de devenir moine, et sous une Règle tout de même sévère, celle de saint Benoît revisitée par les Cisterciens?
- "Pour être libre", me dit-il.
- "Etre libre? Mais vous l'étiez, non, depuis 1989 et la 'Révolution de velours'?"
- "Je n'ai pas, dit-il, connu le communisme - comme mes parents. Je suis né un an après sa chute. Mais la liberté qui s'en est suivie, une liberté purement consommatrice, ne m'a pas convenu. J'avais besoin de me structurer. De m'enraciner dans quelque chose. La vie de famille aurait pu le faire. Un bon travail, aussi. Mais je me suis senti appelé à une espèce de don total, où l'on se trouve en ne s'appartenant plus. Plus du tout. Et la voie monastique, la voie cistercienne, m'a parlé. Et j'y suis heureux."
- "Et vos parents ont-ils compris cela?"
- "Oh ma mère a eu peur, peur que je ne me 'sectarise'. Mais elle voit bien que je suis heureux, et pacifié intérieurement. Et donc peut-être aussi pacifiant. Après tout, c'est elle qui a voulu que je sois baptisé, et ma vie monastique n'est rien d'autre qu'une prise au sérieux de mon baptême."

     Et c'est vrai que Théophane est tout sauf sectaire. C'est un jeune d'aujourd'hui, peut-être un peu plus cultivé que la moyenne, mais enlevez-lui son habit monastique et mettez-lui un jean et des baskets, vous le verriez très bien traîner le soir dans les rues de Prague avec des potes. Des potes, il en a eu, justement, et des "potesses". Ont-ils compris son choix?

- "Ceux qui ont compris sont restés. C'étaient de vrais amis. Les autres..."

     Une fois à Prague, il tient à me faire connaître sa maman : "Elle ne comprendrait pas que je revienne en ville sans aller lui dire bonjour." C'est évident! Comme il est évident que cette femme encore jeune est heureuse de voit son fils heureux. Il y a de la connivence entre eux, de la complicité, et infiniment  de respect.

     Cette rencontre m'a beaucoup appris, et en particulier sur les différences culturelles de notre "Europe". Imagine-t-on pareille situation chez nous? On se dirait que ce garçon est,  au pire, embrigadé, au mieux, un peu "doux". Or, je suis persuadé que Théophane vit une vraie vocation, profondément enracinée, sérieuse, et qui va l'épanouir en humanité, et qui va rayonner et donner beaucoup de fruits. Il a vu plus vite que nous, peut-être parce que l'histoire de son pays s'est brutalement précipitée, ce que la liberté "sauvage" peut avoir de destructeur, et en tous les cas, de déstructurant. Peut-être même, osons le paradoxe, de liberticide. Alors que la "Règle" monastique - celle de saint Benoît, qui a tout de même forgé notre Occident - était pour lui, et d'une façon également paradoxale, libératrice.

     Ce témoignage a-t-il quelque chose à nous dire, à nous raconter? Et à raconter aux jeunes de son âge qui vivent chez nous? Je laisse vraiment la question ouverte. Mais, au fond de moi, vous l'avez compris,  j'espère bien que oui.