jeudi 7 mars 2024

Vouloir la paix, se préparer à la guerre...

 Hélas, de tous côtés des bruits de bottes... Des spécialistes en géopolitique, des hommes d'Etat d'envergure (comme Monsieur Macron) et des diplomates le disent : il faut prendre très au sérieux les menaces belliqueuses de Monsieur Poutine. L'Europe, qui s'est constituée en continent de paix depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, est menacée par des puissances qui ne connaissent guère comme logique que celle des armes : Russie, Chine, USA... Des puissances qui sont ou vont être aux mains de personnages autocratiques, pour lesquels la violence est le seul langage.

Nous avons eu la chance, en Europe de l'Ouest, de vivre une longue période de paix, oui. Mais il semble que nous devions maintenant nous préparer à la guerre, une guerre défensive si l'on nous attaque, pour protéger nos valeurs communes (parmi lesquelles, la démocratie participative). Y sommes-nous prêts? Je ne parle pas d'abord de préparation militaire (troupes, matériel) - comme elle est affligeante, la perspective pourtant nécessaire du réarmement, qui va évidemment ravir les marchands de canons. Mais je parle d'une préparation spirituelle, pour que, si guerre il y a malheureusement, elle soit vécue et traversée "en chrétiens". D'abord, en continuant à vouloir la paix par tous les moyens, débats, conférences, diplomatie, etc., ne recourant à l'option des armes qu'en dernier lieu. Ensuite, en réarmant nos coeurs et nos esprits pour qu'ils sachent bien la grandeur de ce qui est, chez nous, à défendre : une certaine idée de la dignité humaine et du respect qui lui est dû, une certaine idée de la justice et du droit, une certaine idée de la liberté d'expression - et notamment de religion - dans un contexte pluraliste, etc. Je ne suis pas toujours certain de la fermeté de ces convictions!

Il semblerait que l'histoire, si elle ne se répète pas, du moins bégaie. Les plus anciens se souviendront du courage de Monsieur Churchill, en mai 1940, lorsqu'il décida de résister au nazisme précisément pour défendre les valeurs pré-citées. Lorsqu'il s'en expliqua,  Premier Ministre fraîchement nommé par le Roi Georges VI, dans un discours radiodiffusé où il déclara à ses concitoyens n'avoir à promettre que "du sang et des larmes" pour veiller à cette sauvegarde. Lui et quelques autres (comme De Gaulle, bien sûr) ont contribué au salut et à la paix de notre Europe. Suivrons-nous leurs traces?

Tout cela m'inquiète beaucoup, pas pour moi qui ai largement ma vie derrière moi, mais pour les jeunes générations, dont je suis de plus en plus persuadé qu'elles devront se battre pour défendre non seulement un territoire, mais un certain art de vivre. Ce sera, encore une fois, une bataille militaire, sans doute, mais d'abord et avant tout, une bataille morale et spirituelle. Si vis pacem, para bellum, disaient avec sagesse les Romains : "Si tu veux la paix, prépare la guerre!" Nous voulons la paix, de toutes nos forces. Alors...

mardi 27 février 2024

Ah! Les amourettes des jeunes...

 Reçu aujourd'hui un jeune de seize ans, musulman de culture et d'origine, qui souhaite se convertir à la foi chrétienne et qui demandait pour cela la procédure à suivre. Son histoire : fasciné par Jésus, il l'a prié et lui a demandé son aide, "alors que cela ne se passait pas bien avec sa copine"... Et il a été exaucé! La seule église dans laquelle il soit jamais entré étant la Cathédrale, c'est tout naturellement qu'il y est revenu pour dire son désir de devenir un disciple de ce Jésus qui semble l'attirer à lui.

Comme quoi les amourettes de jeunes, hein, c'est plus sérieux qu'il n'y paraît! Et le Bon Dieu y est présent, sans aucun doute!

lundi 19 février 2024

Nos catéchumènes

En ce premier dimanche de Carême, dans diverses églises du Pays - dont la cathédrale de Bruxelles -  des centaines de catéchumènes adultes  ont répondu à l' "appel décisif" que leur évêque leur adressait au nom de l'Eglise : oui ou non, veulent-ils devenir chrétiens et suivre le Christ durant toute leur vie, et veulent-ils commencer par le rejoindre dans tous les déserts de nos existences, au début de ce temps qui les prépare à leur baptême? Il est émouvant de voir que beaucoup de jeunes gens se sont préparés depuis quelques années à cette décision magnifique.

Le christianisme n'est plus, et ne sera plus - heureusement - une "chrétienté" dans nos pays : il est fini, le temps de cette domination sociale qui, bien qu'ayant porté de beaux fruits, était aussi très largement artificielle et a probablement contribué à occasionner toutes sorte d'abus désormais dénoncés. Plus modeste, la "Voie" chrétienne n'en demeure pas moins pertinente pour de nombreuses personnes, qui voient en elle une source d'épanouissement personnel et de bonheur individuel et collectif.

Les voir assemblées, ces personnes, en divers lieux éminents de notre Pays, est une source d'espérance au début de ce Carême.

dimanche 11 février 2024

Entrée en Carême et... Saint Valentin

 Vous l'avez repéré : cette année, le début du Carême - mercredi des Cendres, soit mercredi prochain 14 février - correspond à la très populaire fête de Saint Valentin, la "fête des amoureux"... Ce rapprochement n'est pas si étrange. Après tout, le Carême n'est-il pas un temps durant lequel Dieu veut renouveler son alliance avec son Peuple, et avec chaque membre de son Peuple? N'est-il pas un temps de séduction, comme le prophète Osée l'avait souhaité, lui qui attendait de Dieu qu'il "séduise son épouse infidèle, l'entraînant jusqu'au désert pour lui parler coeur à coeur" (Os 2, 16)? Ah! Si, comme les amoureux, nous pouvions retrouver en Carême les premiers empressements de notre alliance avec Dieu! N'est-elle pas là, la vraie conversion, n'est-elle pas plus importante que je ne sais quelle éphémère privation de chocolat ou d'autre chose?

J'ai resongé, tiens, au drôle de roman d'Alexandre Jardin, sorti il y a déjà longtemps chez Gallimard, intitulé Le Zèbre : le héros, Gaspard, trouve que son couple est fatigué, ronronne dans la monotonie après quinze ans de mariage, et il entreprend de "reconquérir" Camille, son épouse, inventant pour cela des tas de stratagèmes plus désopilants les uns que les autres (A. JARDIN, Le Zèbre, Gallimard, 1988). Et si nous vivions ce Carême, nous aussi, comme ce moment créatif où l'on consent à se laisser une nouvelle fois séduire par Celui qui ne cesse de nous vouloir et de nous attendre, parce que, tout simplement, il nous aime? 

Déjà donc, bon Carême, bon mercredi des Cendres - et bonne Saint Valentin, les amoureux!

samedi 13 janvier 2024

Voeux et nouvelles

 Comme certains le savent, 2024 a commencé pour moi (et même déjà la fête de Noël) par une longue hospitalisation qui ne s'est achevée qu'hier : il s'agissait de traiter une septicémie qui a bien failli m'emporter. Apparemment, ce n'était pas mon heure : me voilà rentré chez moi, avec la perspective de quelques semaines de convalescence, mais en bonne forme - et même bénéficiant d'un bilan de santé complet, qui pour mon âge est excellent!

Durant cette période de soins hospitaliers, j'ai lu... entre autres les quelques romans magnifiques de l'entre deux guerres, chez Mauriac : Genitrix, La chair et le sang, Le baiser au lépreux, etc. Quelle vision remarquable de la foi chrétienne, qui n'ignore rien des bassesses de la condition humaine, mais les rejoint et les transfigure de l'intérieur, modestement, durablement. Et la langue! La musique de Mauriac est une merveille!

Nous voilà bien loin des discussions souvent stupides qui accablent les décisions pastorales du Saint Père, et notamment le récent document Fiducia supplicans, de la Doctrine de la Foi, ratifié par lui. Comment, se récrient les pharisiens d'aujourd'hui, on va se mettre à bénir les couples "irréguliers" (divorcés-remariés, homos, etc.)! Scandale! On nous change la doctrine! Le pape est hérétique! On lit ces âneries effarouchées sous des plumes qui prétendent sauvegarder la "vérité de l'Evangile et de sa doctrine"! Sauf qu'il s'agit là non de doctrine, mais de discipline morale de l'Eglise, et que si celle-ci s'infléchit dans le sens d'un accueil chaleureux (enfin!), on ne peut qu'applaudir. Les fossoyeurs de l'Eglise, ce sont les modernes inquisiteurs dont on se demande s'ils ont quelquefois été frôlés par la grâce... Qu'ils lisent Mauriac, tiens, cela leur fera une cure d'Evangile!

Allez! Bonne année à chacune et chacun, restons joyeux de la joie de Dieu!

samedi 16 décembre 2023

"C'est loin, Chicago?"

 Hier soir, allongé dans la salle des urgences de l'Hôpital Universitaire Saint-Luc pour y passer une partie de nuit, suite à une douloureuse infection bactérienne du pied, j'étais le voisin d'une dame âgée et charmante qui, elle, avait échoué là pour des problèmes post-opératoires. L'une de ses filles était gentiment à ses côtés, et donc, mère et fille papotaient. Evidemment, j'ai tendu l'oreille d'une façon très indiscrète.

La maman : "Tu as prévenu Jules?" (j'invente le prénom, le prénom d'un de ses fils)

La fille: Oui, il va essayer de venir.

La maman :"Et Arthur? (Autre invention, évidemment...) Tu as prévenu Arthur? J'aimerais beaucoup qu'il vienne..."

La fille : "Ca m'étonnerait, maman, Arthur habite trop loin!"

La maman : "Trop Loin? Où ça, trop loin?"

La fille : "A Chicago, maman, aux Etats-Unis!"

La maman : "Et c'est loin, ça, Chicago?"


Magnifique amour maternel, qui veut ignorer les distances!

samedi 9 décembre 2023

Le beau témoignage d'Edward

 Hier, les permanents et les bénévoles de BAPO ("Bruxelles-Accueil-Portes-Ouvertes"), notre antenne sociale que j'admire tant pour son dévouement et son professionnalisme, se réunissaient chez moi pour un petit lunch à l'occasion de la Saint-Nicolas. Beau moment, très convivial, très enjoué, autour de quelques sandwiches, et occasion aussi de se partager des choses profondes liées à notre foi. Je retiens le témoignage spontané d'Edward, notre Directeur. Dans sa jeunesse, disait-il, il avait logé chez les Soeurs de Mère Teresa en Albanie, dans la sacristie - et là, outre qu'il devait libérer le lieu pour la messe de sept heures du matin, il ne pouvait guère amonceler des biens! Il a compris pour toujours, expliquait-il, qu'on peut parfaitement vivre sans posséder beaucoup de choses. Et même que cette non-possession est un gage de liberté extérieure et intérieure. Maintenant, marié et père de famille, il est évidemment heureux d'avoir un toit sur la tête et tout ce qu'il faut pour le bien-être des siens. Mais il garde de cette lointaine expérience la certitude de ce que Bernanos (là, c'est moi qui cite) appelait "la liberté imprenable".

Magnifique récit qui nous renvoie tous (et moi en premier) aux liens que nous entretenons si souvent  avec les possessions matérielles et qui  sont autant d'entraves!