jeudi 30 octobre 2014

Jean-Pierre, Rosette : funérailles de deux "saints"

En moins d'une semaine, funérailles de deux "saints" d'Enghien. J'entends déjà les protestations : les funérailles ne sont pas une canonisation, il est excessif de mettre ainsi sur des autels des personnes dont sans doute vous ne connaissez pas tout, etc., etc.

Je maintiens, cependant. Parce que les "saints", dans le vocabulaire du Nouveau Testament, et particulièrement dans les Lettres de Paul, ce sont les baptisés qui, souvent anonymes, tentent vaille que vaille de mettre en œuvre(s) leur baptême... et deviennent dès lors des témoins de ce qu'est concrètement la vie avec le Christ.

Or Jean-Pierre et Rosette, chacun dans leur genre, ont été de ces témoins : humbles, attachés à leurs tâches, proches des petits, infiniment soucieux de vie spirituelle, infiniment épris de l'Evangile, désireux de transmettre leur foi, qui était pour eux un "art de vivre", à leurs proches et à tout le monde, mais sans la moindre volonté prosélyte.

Nous allons célébrer la Toussaint, la fête solennelle de "tous les saints" : Jean-Pierre et Rosette sont sans conteste du nombre, et la célébration de leurs funérailles, samedi dernier ou ce matin, a été quelque chose qui déjà anticipait le Paradis. Nous y avons accueilli et recueilli les fruits de deux vies exemplaires...

mercredi 22 octobre 2014

Le Synode romain portera ses fruits

Le Synode extraordinaire sur la famille, qui s'est conclu à Rome dimanche dernier, portera ses fruits dans un an. Un an donné pour méditer la portée des échanges laissés complètement libres par le pape, et qui ont permis de constater que, toujours, la majorité des Pères (pas toujours une majorité des deux tiers, mais toujours une majorité) approuvait et demandait de considérer d'abord dans l'accueil et l'estime la situation quelquefois complexe de tous les couples, absolument tous.
Le discours final de François est un modèle d'équilibre et de fermeté - "à la jésuite" : tout ayant pu être dit, toutes les objections ayant été faites, le sentiment de chacun ayant été recueilli, le Peuple de Dieu ayant été écouté, il faudra travailler encore dans la prière et dans la foi pour, après le prochain Synode - "ordinaire", celui-là - proposer des orientations pastorales neuves. Et neuves, elles le seront, comme l'Evangile est neuf, toujours, et audacieux. Et elles s'imposeront à tous, car le Synode se tient cum Petro et sub Petro ("avec Pierre et sous son autorité"), comme l'a rappelé le pape, qui écoute beaucoup mais n'a pas sa langue en poche quand il faut rappeler que Pierre, aujourd'hui, c'est lui. Et il veut très certainement que les choses changent. Il y met, et y mettra, toutes les formes de la concertation, certes, et cela prendra donc le temps nécessaire. Mais les réformes à venir seront d'autant plus incontestables...

Saint Jean-Paul II

Joie simple d'avoir célébré pour la première fois, ce matin, à Enghien, la messe à la mémoire de Saint Jean-Paul II. Pour la première fois - puisque, pour rappel, avant il n'était pas canonisé! Le 22 octobre est désormais dans l'Eglise Catholique le jour de sa fête - la date est celle de son élection au Souverain Pontificat, le 22 octobre 1978. Je me souviens, comme si c'était hier, de la première apparition à la loggia de Saint-Pierre, regardée avec des amis à la télévision au Focolare de Bruxelles - j'avais vingt et un ans -,  je me souviens de l'enthousiasme d'accueillir pour la première fois un pape "venu de l'Est", je me souviens des réflexions à n'en plus finir sur ce que cela allait changer dans "l'ordre du monde" (et des années après, eh bien, nos rêves n'ont pas été déçus). Jean-Paul II a été le pape "sous" lequel j'ai laissé mûrir ma vocation à la prêtrise, "sous" lequel j'ai été ordonné, que j'ai vu pour la première fois lors d'un déplacement  à Rome en 1979, précisément pour une réunion des jeunes Focolarini.  Le moment qui m'a le plus ému a sans conteste été la rencontre avec le Grand Rabbin de Rome, à la Synagogue : "Vous êtes nos frères dans la foi, lui dit-il, nos frères aînés!" Quand on connaît le sort réservé aux Juifs - et  à ceux de Rome en particulier - dans l'Eglise Catholique, quelle repentance, quelle révérence!
Tout n'a pas été parfait dans ce pontificat, certes, et en particulier la maladie de ce pape a-t-elle été trop médiatisée. Mais, s'il vous plaît, quel homme, quel don de Dieu à l'Eglise!

dimanche 19 octobre 2014

Intellectuellement... malhonnête

Dans une interview accordée à une télévision néerlandophone, Monsieur De Wever a donc confirmé son soutien aux propos discutables des deux ministres NVA du Gouvernement, sur  la collaboration.
J'en retiens deux choses :
- l'histoire est remplie de collabos qui ont "eu leurs raisons", dit-il, et de citer, pêle-mêle, Ratzinger, Mitterrand et "le roi de Belgique qui a pris le café avec Hitler". Pour rappel : Ratzinger a été forcé, comme tous les Allemands de son âge, et à la fin de la guerre, d'entrer dans  les Jeunesses Hitlériennes; Mitterrand a certes été pétainiste au début de la guerre, mais il est ensuite devenu un grand résistant; le roi des Belges (et non "de Belgique", titre qui n'existe pas constitutionnellement pour des motifs précis) Léopold III a souhaité une rencontre avec Hitler pour traiter du sort des prisonniers de guerre. Je ne sache pas que tout cela ait grand chose en commun avec des personnes, flamandes ou wallonnes du reste - peu importe- qui ont décidé, par idéologie et profit personnel, de pactiser avec le nazisme. Le raccourci, de la part d'un historien comme Monsieur De Wever, laisse planer des doutes sur l'honnêteté intellectuelle de celui qui en est l'auteur...
- il faudrait, ajoute le même, oublier tout cela pour se consacrer aux tâches du présent. Là encore, on s'étonne de ce qu'un historien néglige volontairement la fonction de l'Histoire qui, pour reprendre une expression latine (elles sont chères, semble-t-il, au Bourgmestre d'Anvers qui en fait collection), est magistra vitae, "maîtresse de vie". Impossible, pour bien vivre le présent, d'ignorer le passé et de ne pas en dénoncer les errements!

     Mais voilà, inutile probablement  d'argumenter plus loin : le cynisme semble devoir l'emporter sur l'honneur, et les remarques, sans doute excessives dans leur tonalité,  de l'opposition, n'auront pour résultat que d'en rajouter une couche. Tant il est vrai, Monsieur De Wever, que  quidquid recipitur ad modum recipientis recipitur... Hélas!

jeudi 16 octobre 2014

L'admiration de soi-même...

En voilà, un sujet!
On pense que la morale et la spiritualité chrétiennes nous ont appris à nous détester nous-mêmes, voire à nous haïr, mais en aucun cas à nous admirer et, encore moins, à le dire. Or, cela n'est pas tout à fait vrai : dans la foi chrétienne, on sait qu'il ne faut pas mentir, et qu'il ne faut même pas se mentir à soi-même sur soi-même.  Or, une certaine dose, sinon d'admiration (!), du moins d'acceptation de soi, est nécessaire à la vie. On ne saurait vivre en se méprisant - c'est une réalité psychologique et spirituelle que rappelait souvent Bernanos, et notamment dans les Dialogues des Carmélites ("Le vrai malheur, ma fille, n'est pas d'être méprisée, mais de se mépriser soi-même", etc.)
Or donc, faut-il s'admirer? Le mot est fort, évidemment - et c'est pourquoi il est amusant. La vérité est qu'il faut apprendre à se connaître sans complaisance, et que cette connaissance de soi vient de la vie de  l'Esprit Saint en nous, de la vie spirituelle (au sens chrétien du mot).
Il faudra ici encore citer saint Augustin, décidément inépuisable :

"Que t'avouer, Seigneur? Que j'aime être admiré? Mais j'aime encore mieux la vérité. Entre être admiré par tous, en étant complètement fou et errant, ou critiqué par tous, tout en étant ferme et fidèle à la vérité, je sais très bien quel serait mon choix. Et je ne voudrais même pas de l'admiration d'un inconnu pour renforcer ma satisfaction d'avoir accompli quelque chose de bien. (...) Or, la moindre critique me touche. Et comme cela me rend malheureux, je trouve en moi une excuse. Tu sais ce qu'elle vaut! Je ne suis pas objectif." (Confessions, X, 61) Tout le passage est à (re)lire. Une leçon!

mercredi 15 octobre 2014

Les "foutaises" de Monsieur de Wever

Je suis rentré tard ce soir, et n'ai capté qu'une rediffusion des JT. Mais, si j'ai bien compris, Monsieur De Wever, parlant depuis la Chine où ils se trouve des propos et attitudes de "ses" ministres à l'égard de la collaboration, aurait déclaré que c'étaient là des "foutaises" n'intéressant que les Francophones, et pour lesquelles on ne saurait avoir, depuis la Chine, aucune considération.
Que la complaisance (pour ne pas dire plus) pour la collaboration avec un régime génocidaire, raciste et qui a causé le plus grand cataclysme mondial au XXème siècle, soit qualifiée de "foutaise", voilà qui laisse pantois.
Il faudra bien sûr vérifier demain dans la presse écrite, et lire les inévitables démentis que "ces gens-là", prodigues en contradictions, ne cessent d'apporter à leurs propres propos.
Mais jusqu'à quelle lie devrons-nous boire la honte?

"La Madre"

Nous avons célébré aujourd'hui la mémoire de sainte Thérèse d'Avila, née en 1515 - commence donc aussi l'année jubilaire du cinq-centième anniversaire de sa naissance.
Espagnole jusqu'au bout des ongles, femme comme on n'en fait plus - vraie tigresse si nécessaire! - Thérèse est une immense figure de la foi catholique. Son autobiographie spirituelle est l'un des monuments de la littérature mystique mondiale, qui dépasse de loin les frontières de la "religion" catholique. En 2008, l'excellente psychanalyste Julia Kristeva - athée ou, comme elle dit, "post-chrétienne", mais avec une grande empathie et une belle connaissance de la foi au Christ - lui a consacré une somme de 750 pages, que je trouve être une remarquable étude  : Thérèse, mon amour! (Fayard, 2008).  Lors d'une conversation privée que j'avais eue alors  avec Julia Kristeva, à la sortie de son livre, je lui avais demandé si - c'était ce que je comprenais de son texte, écrit avec érudition et révérence - se rendre capable de suivre Thérèse et ses enseignements aujourd'hui équivalait à une bonne psychanalyse. "Mais ça vaudrait beaucoup mieux!",  fut la réponse!
Alors, pour conclure cette journée - qui n'a pas manqué de tristes nouvelles, et en particulier l'annonce du décès, après une brève maladie, de Christine Cambier, qui fut si dévouée à la vie de nos paroisses, et surtout à celle de Bassilly -, pour s'endormir dans la paix du Christ et faire l' "examen de conscience" qui doit nécessairement présider à tout sommeil, pour aider, avant de sombrer dans l'oubli de la nuit, à la remise critique de soi-même entre les mains d'un Dieu aimant, voici quelques mots de la Madre :

      "Connaissons notre misère et souhaitons d'aller là où 'personne ne nous méprise', comme je me rappelle l'avoir quelquefois entendu dire à l'Epouse dans les Cantiques; et en vérité je ne trouve rien dans toute la vie qui se puisse dire à plus juste raison, parce qu'aucune des avanies et des souffrances qu'il peut y avoir dans la vie n'approche, selon moi, de ces batailles intérieures. On peut supporter n'importe quelle angoisse, n'importe quelle guerre, si on trouve la paix là où l'on vit, comme je l'ai déjà dit, mais que nous voulions venir nous reposer des mille fatigues que nous cause le monde, que le Seigneur veuille bien nous ménager ce repos, et que l'obstacle soit en nous-mêmes, voilà qui ne peut manquer d'être fort douloureux, et quasiment insoutenable!" (Le Château intérieur., IVes Demeures, I, Gallimard, Pléiade, 2012,  p. 559).

     J'ajoute que, au nom de nos communautés paroissiales, j'adresse mes vœux aux Sœurs Carmélites que nous connaissons et qui prient pour nous, et, en particulier, aux Sœurs de Floreffe, ces filles de Sainte Thérèse auxquelles nous attachent des liens si étroits de fraternité et d'affection!

mardi 14 octobre 2014

Nouvelles du Synode des évêques

Un premier rapport intermédiaire du Synode des évêques vient d'être publié. Il est encourageant : une majorité d'intervenants semble, pour l'heure, privilégier la charité dans le binôme traditionnel - "charité/vérité" qui préside si souvent aux considérations éthiques de l'Eglise catholique. Non que la vérité soit ignorée, certes, mais ce que l'on connaît en morale depuis des décennies sous le terme de "gradualité" semble faire sa réapparition : il faut accompagner les personnes telles qu'elles sont, apprécier leur vie (y compris de couple) telle qu'elle est, et y discerner tout ce qu'elle possède de positif, avant d'y porter le fer de la critique. Cela vaut pour toutes les situations de conjugalité, dans et hors mariage civil et religieux, hétéro ou homosexuelle.
Il semblerait aussi, quant à la "méthode" cette fois, que ce soit l'attitude du pape François qui ait permis cette expression plus généreuse, et hors clivages attendus (conservateurs versus progressistes).
Ce n'est qu'une première semaine. Interrogé, le Cardinal Danneels disait qu'il ne savait pas comment, concrètement, ce Synode aboutirait, mais qu'il était persuadé, vu son déroulement actuel, qu'il "se terminerait bien".
De l'espoir, enfin, de l'air!

"Nazis durant les guerres..."

La Belgique connaît  plusieurs clivages, qui tantôt se superposent, tantôt non. Il y a la fracture politique, certes (gauche, droite, et un centre qui se cherche, à droite en Flandre - pour l'instant -, à gauche en Wallonie - pour l'instant.) Il y a le clivage culturel et linguistique, certes. Il y a aussi le clivage idéologique - que l'on retrouve dans d'autres démocraties, comme la Suède par exemple - entre ceux qui seraient enclins à revisiter l'histoire pour lui pardonner les excès collaborationnistes de certains et ceux qui restent là-dessus intransigeants : les premiers, quand même plutôt à droite, sont aussi bien en Flandre qu'en Wallonie. (On en voit, pour rappel, aussi en France : se souvenir du propos de Monsieur Le Pen, il y a vingt ans, sur le "détail de l'histoire" que furent d'après lui les chambres à gaz et les camps de concentration...)
Je suis, pour ma part, du côté des intransigeants : pas de compromis avec la crasse, et pas de pardon pour ceux qui ne le demandent pas dans la repentance. C'est une question d'éthique, qui je crois doit guider la démocratie : celle-ci n'est pas simplement le fait d'une majorité arithmétique, mais la préservation d'un certain nombre de "valeurs" (comme on dit), et donc aussi de détestations, qui transcendent les différences plus haut rappelées. Hitler aurait  été élu "démocratiquement" - si l'on s'en tenait  à la simple addition des suffrages qui l'ont porté au pouvoir, mais c'est bien la preuve que cette simple addition ne fait pas une démocratie.

Il y a trente-cinq ans, Jacques Brel fustigeait les "Flamingants" (à ne pas confondre, évidemment, avec les Flamands - lui-même se disait Flamand de cœur, et précisément les Flamingants étaient pour lui ceux des Flamands qui refusaient un sain examen de conscience à propos de leur passé collaborationniste) : "Nazis durant les guerres et catholiques entre elles, vous oscillez sans cesse du fusil au missel..."

Les catholiques complaisants, comme vous le voyez, n'étaient pas non plus épargnés, dans cette chanson qui ne voulait pas stigmatiser un peuple, mais une attitude. Notez que Brel avait en partie tort : aujourd'hui, ceux qu'il tançait  hier de la sorte  ne sont même plus catholiques entre les guerres...

En voyant les scènes pathétiques du Parlement belge cet après-midi, allez savoir pourquoi ces paroles d'indignation et de bon sens (moral) me sont revenues en mémoire....

jeudi 9 octobre 2014

Mort et funérailles de Mathieu

Mathieu, 25 ans...
Parti d'un effondrement cardiaque, le 30 septembre.
Enfant d'Enghien, fils de policier, et lui-même inspecteur de police à Bruxelles dans la Zone Montgomery.
Je ne le connaissais pas, mais j'ai appris à le connaître par tout ce qu'on m'a dit de lui : sa générosité, son amour de la musique, son enthousiasme pour son travail - un vrai service.
Ce matin, l'église d'Enghien était comble : 800 personnes, sans doute un peu plus, ses compagnons de travail, ses copains. Un vrai silence. Une vraie émotion.
Comment accompagner une famille, des amis, une compagne, qui perdent subitement quelqu'un de si jeune? C'est toujours en moi le même désarroi, je n'ai pas de paroles toutes faites - sauf celles du rituel, bien sûr, qui endigue admirablement nos émotions et les dirige comme il faut.
Mais que dire de particulier, face à pareille détresse?
J'ai essayé de parler de l'épisode de la vocation de Matthieu, dans l'évangile du même auteur. Sa surprise, que décrit le tableau du Caravage, à Rome. "Pourquoi moi? Pourquoi maintenant?" La mort est aussi un appel, elle n'est pas seulement une fin, une conclusion.
Je ne connaissais pas Mathieu. Mais maintenant que nous avons célébré son départ, il me semble le connaître et je lui demande de prier pour les siens. Et pour les jeunes d'Enghien. Et pour moi, aussi... Il est devenu un protecteur...

samedi 4 octobre 2014

Le Synode sur la famille

Demain, à Rome, le pape ouvrira le Synode des évêques sur la famille. C'est une intention et une préoccupation qu'il faut confier à tous. J'ai été frappé - et relativement déçu - de ce que les médias, et quelquefois les médias catholiques, se soient focalisés sur des problématiques somme toute accessoires : faut-il donner ou non la communion eucharistique aux divorcés remariés civilement?, ce genre de chose, des questions de discipline, donc, et non de société.
Or l'enjeu est vraiment ailleurs : nous savons bien que la famille a une place centrale dans la société des hommes - il suffit d'imaginer ce qui se passerait si la vie de famille n'existait pas, ou était empêchée, les conséquences que cela comporterait pour les parents mais surtout pour les enfants. La question n'est pas tant de savoir quel type de famille est "légitime" (classique, monoparentale, homoparentale, etc.) mais comment la société soutient la vie familiale, favorise les contacts intergénérationnels, aménage le temps de travail des adultes pour que ceux-ci puissent développer de véritables contacts éducationnels avec leurs enfants. Et, pour ce qui concerne l'Eglise, comment celle-ci est et devient sans cesse toujours plus un lieu d'accueil pour toutes les familles - non pas que toutes, évidemment, soient sacramentelles ou puissent revendiquer de l'être, cela c'est autre chose - , comment elle les écoute et les accompagne, comment elle les soutient dans les épreuves et les moments difficiles. En lisant ce matin les lettres de motivation des jeunes de Frasnes que je vais aller confirmer demain après-midi, j'étais frappé de voir que chez beaucoup - plus de la moitié - lorsqu'ils expriment leurs rêves d'avenir, la vie de famille tient une place première, désirée.
La société, trop souvent, pèche par légèreté vis-à-vis des familles : les séparations sont beaucoup trop rapides, souvent peu ou mal motivées, et sans grande considération pour les conséquences sur tous les membres de la famille (car les enfants en souffrent, mais les grands-parents aussi), elle encourage trop peu les médiations et la patience lorsque surgissent les crises inévitables.
Mais l'Eglise, trop souvent, pèche par un rigorisme excessif qui lui fait seulement rappeler de grands principes sans écouter toujours la diversité des situations. Et c'est aussi une source de souffrance.
En outre, la question se pose de la sacramentalité du mariage, qui ne saurait être liée qu'à la foi, une foi souvent peu ou mal partagée par les baptisés qui réclament de se marier à l'Eglise.
Bref, les questions de fond me semblent infiniment plus importantes et complexes que les questions de discipline, et touchant à ce qui constitue la cellule première de nos sociétés. Et, sur ces questions de fond, j'espère que le Synode des évêques puisse apporter beaucoup.