mardi 14 octobre 2014

"Nazis durant les guerres..."

La Belgique connaît  plusieurs clivages, qui tantôt se superposent, tantôt non. Il y a la fracture politique, certes (gauche, droite, et un centre qui se cherche, à droite en Flandre - pour l'instant -, à gauche en Wallonie - pour l'instant.) Il y a le clivage culturel et linguistique, certes. Il y a aussi le clivage idéologique - que l'on retrouve dans d'autres démocraties, comme la Suède par exemple - entre ceux qui seraient enclins à revisiter l'histoire pour lui pardonner les excès collaborationnistes de certains et ceux qui restent là-dessus intransigeants : les premiers, quand même plutôt à droite, sont aussi bien en Flandre qu'en Wallonie. (On en voit, pour rappel, aussi en France : se souvenir du propos de Monsieur Le Pen, il y a vingt ans, sur le "détail de l'histoire" que furent d'après lui les chambres à gaz et les camps de concentration...)
Je suis, pour ma part, du côté des intransigeants : pas de compromis avec la crasse, et pas de pardon pour ceux qui ne le demandent pas dans la repentance. C'est une question d'éthique, qui je crois doit guider la démocratie : celle-ci n'est pas simplement le fait d'une majorité arithmétique, mais la préservation d'un certain nombre de "valeurs" (comme on dit), et donc aussi de détestations, qui transcendent les différences plus haut rappelées. Hitler aurait  été élu "démocratiquement" - si l'on s'en tenait  à la simple addition des suffrages qui l'ont porté au pouvoir, mais c'est bien la preuve que cette simple addition ne fait pas une démocratie.

Il y a trente-cinq ans, Jacques Brel fustigeait les "Flamingants" (à ne pas confondre, évidemment, avec les Flamands - lui-même se disait Flamand de cœur, et précisément les Flamingants étaient pour lui ceux des Flamands qui refusaient un sain examen de conscience à propos de leur passé collaborationniste) : "Nazis durant les guerres et catholiques entre elles, vous oscillez sans cesse du fusil au missel..."

Les catholiques complaisants, comme vous le voyez, n'étaient pas non plus épargnés, dans cette chanson qui ne voulait pas stigmatiser un peuple, mais une attitude. Notez que Brel avait en partie tort : aujourd'hui, ceux qu'il tançait  hier de la sorte  ne sont même plus catholiques entre les guerres...

En voyant les scènes pathétiques du Parlement belge cet après-midi, allez savoir pourquoi ces paroles d'indignation et de bon sens (moral) me sont revenues en mémoire....

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