jeudi 16 octobre 2014

L'admiration de soi-même...

En voilà, un sujet!
On pense que la morale et la spiritualité chrétiennes nous ont appris à nous détester nous-mêmes, voire à nous haïr, mais en aucun cas à nous admirer et, encore moins, à le dire. Or, cela n'est pas tout à fait vrai : dans la foi chrétienne, on sait qu'il ne faut pas mentir, et qu'il ne faut même pas se mentir à soi-même sur soi-même.  Or, une certaine dose, sinon d'admiration (!), du moins d'acceptation de soi, est nécessaire à la vie. On ne saurait vivre en se méprisant - c'est une réalité psychologique et spirituelle que rappelait souvent Bernanos, et notamment dans les Dialogues des Carmélites ("Le vrai malheur, ma fille, n'est pas d'être méprisée, mais de se mépriser soi-même", etc.)
Or donc, faut-il s'admirer? Le mot est fort, évidemment - et c'est pourquoi il est amusant. La vérité est qu'il faut apprendre à se connaître sans complaisance, et que cette connaissance de soi vient de la vie de  l'Esprit Saint en nous, de la vie spirituelle (au sens chrétien du mot).
Il faudra ici encore citer saint Augustin, décidément inépuisable :

"Que t'avouer, Seigneur? Que j'aime être admiré? Mais j'aime encore mieux la vérité. Entre être admiré par tous, en étant complètement fou et errant, ou critiqué par tous, tout en étant ferme et fidèle à la vérité, je sais très bien quel serait mon choix. Et je ne voudrais même pas de l'admiration d'un inconnu pour renforcer ma satisfaction d'avoir accompli quelque chose de bien. (...) Or, la moindre critique me touche. Et comme cela me rend malheureux, je trouve en moi une excuse. Tu sais ce qu'elle vaut! Je ne suis pas objectif." (Confessions, X, 61) Tout le passage est à (re)lire. Une leçon!

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