samedi 27 juillet 2013

Bravo aux Mouvements de Jeunesse!

J'ai visité, ces derniers jours, quelques camps de Mouvements - scouts et patros. Et vraiment, cela m'a rendu très heureux. Il y a là une générosité, une fraîcheur magnifiques dans le service que de grands jeunes rendent à de plus jeunes, pour, à travers les jeux et les animations, les sensibiliser à des valeurs fondamentales de la vie - du moins telle que nous la concevons tous ici, chers lecteurs! Donner de son temps pour l'autre, vivre dans une proximité un peu rugueuse, sans les conforts et les soins-soins du chez-soi, apprendre à faire les choses ensemble, la cuisine, le ménage, la découverte de la nature : quelle école! Je remercie les dirigeants et les chefs, de tout cœur, je veux leur dire qu'ils m'épatent dans le choix qu'ils font de consacrer des jours de vacances à cette animation.
Avec les patros d'Enghien, filles et garçons (c'était possible de leur part et de la mienne), j'ai eu en outre la joie de célébrer la messe, et c'était chaque fois un beau moment, et je crois ressenti comme tel par tout le monde. Je les remercie de leur accueil, qui fut chaleureux et parfait.
Je remercie aussi Gauthier et Simon, qui constituent avec moi cette "petite équipe"  faisant le lien entre les Mouvements d'Enghien et de Silly et le doyenné. Je sais qu'ils ont fait beaucoup de visites, spécialement auprès des Scouts, mais aussi auprès des Patros de Silly. Simon m'a dit ce matin (il était à Florennes, auprès du Patro d'Enghien) qu'ils avaient été contents de leurs rencontres, eux aussi.
Quelle richesse, que tout cela! Quelle richesse humaine et spirituelle!
Et qu'on arrête de dire que "les jeunes" sont désespérants! Ils sont formidables, et ils ont toute ma confiance!
Et ce soir , grâce à eux, je suis un doyen heureux!

lundi 22 juillet 2013

Le Pape à Rio

Le Pape François vient d'arriver à Rio, au Brésil, où il a été accueilli par la Présidente Dilma Roussef : beau moment d'échanges et de complicités entres ces grandes et belles personnalités de l'Amérique du Sud, qui savent l'une et l'autre que l'avenir de la Planète se joue, dans ce Continent (ou quasi-Continent) et qui, à des titres divers mais bien réels, en sont responsables. Le Pape va donc à la rencontre d'une Jeunesse venue de partout (parmi laquelle, le rappellerons-nous jamais assez, nos Enghiennois Sébastien et Valentin). La question est, à mon sens, pour nous : qu'est-ce que cela veut dire?
Et j'ose esquisser ici quelques réponses.
En négatif, d'abord : contrairement à ce que prétendent les commentaires de certains médias télévisés, il ne s'agit pas de récupérer des jeunes pour la foi catholique contre l'engouement grandissant des évangélistes au Brésil. Pareille analyse pèche par étroitesse d'esprit et méconnaissance de la foi chrétienne, pour laquelle l'esprit missionnaire (bien présent) ne cherche pas à faire des adeptes supplémentaires (à faire du chiffre, à faire du nombre ou, pire, comme dans un parti, à récupérer des voix perdues grâce à de nouveaux slogans et à de nouvelles prestations), mais invite simplement à parler de la joie du Christ Ressuscité, et si certaines formes parlent mieux, pourvu qu'elles ne soient pas sectaires, so what?
En positif, surtout, il s'agit d'accueillir la Jeunesse du monde. Il faut avouer que, dans notre vieux continent européen, nous en sommes devenus bien incapables. Même dans le cadre de l'Union Européenne, nous privilégions encore des différences entre pays riches et pauvres, et nous nous fichons comme d'une guigne de ce que peut vivre et attendre la Jeunesse de zones moins favorisées. Pire : dans notre Belgique fédérale, les égoïsmes nationalistes, pour ne pas dire tribaux, sont là, qui guettent, et veulent à tout prix préserver des privilèges non plus aristocratiques ou royaux (oh que non!) mais stupidement, vulgairement, intéressés et égoïstes. Quelle saleté! Le raisonnement est toujours le même : nous d'abord - et les autres, qu'ils se débrouillent. (On sait ce que cela donne, le Roi Albert l'avait redit très justement dans l'un de ses récents discours : voyez les années trente. Pendant les quelques jours de vacances que j'ai eu la chance de pouvoir prendre, j'ai relu le témoignage admirable, publié dans les années septante, du grand Primo Levi, Si c'est un homme, témoignage sur la mécanique des camps de concentration des Nazis, à laquelle conduit inévitablement la mise à l'écart de l'autre. La démonstration de ce Juif Italien est implacable, elle devrait résonner comme une leçon dans nos démocraties menacées par le repli sur soi et la tentation du bouc émissaire. Je voudrais que ce livre devînt une lecture obligatoire dans toutes les écoles du pays!)
Ce que l'on peut constater chez nous, ou à l'échelle de l'Union Européenne, voilà ce qui est le défi de la Jeunesse du monde  : vivre autrement. Le christianisme - et l'une de ses formes mondiales les plus marquantes, le catholicisme - ne sera jamais d'accord avec l'égoïsme mondial, continental, national ou régional, et cela quelles que soient ses propres faiblesses, qu'il reconnaît volontiers, à toutes les époques, dans une demande de pénitence sans cesse réitérée, pour ses compromissions avec "le Monde", avec "ce Monde-là".
En positif, donc, le Pape va à la rencontre d'une Jeunesse mondiale qui veut autre chose, qui en assez de ces répartitions et de ces a priori injustes et inhumains. Ce qui me semble remarquable, c'est que cette Jeunesse, spontanément, continue de faire confiance à l'Eglise pour cela, qui n'est pas un rêve, mais un but. Et l'Eglise, toute faible qu'elle ait été, toute pauvresse et dolente de ses insupportables maladies de grandeur, continue à comprendre cet appel et cette confiance des jeunes, et continue à se convertir elle-même en premier, avec une espèce de surprise, à la jeunesse sans cesse nouvelle de l'Evangile, qui dépasse tellement ses indécrottables vieilleries! C'est la même chose à tous les niveaux : je le vois ici à Enghien, où notre Eglise locale est misérable à tant d'égards (moi en premier!) et où elle est pourtant si attendue! (Ainsi dimanche matin, ce petit "Patroné" qui, au moment de partir au camp, a couru me demander :"Tu viendras nous voir, dis?" J'en avais les larmes aux yeux, moi qui dois tant apprendre de ces jeunes! Bien  sûr, que je vais venir, mon gamin!) Oui, c'est la même chose à tous les niveaux, comme le disait déjà saint Paul, dans sa deuxième Lettre aux Corinthiens, les vases sont d'argile (c'est nous!), mais le trésor qu'ils portent est indispensable pour aérer ce monde et lui donner de quoi vivre.
La rencontre du Pape et des Jeunes du Monde est à lire à ce niveau-là.
Sébastien et Valentin, vous nous raconterez - nous en avons besoin!

samedi 20 juillet 2013

Vive le Roi!

Pas très original, ce titre, évidemment, et pourtant c'est bien ce que je ressens depuis l'annonce de l'abdication d'Albert II et de l'avènement de son fils Philippe. Contrairement à certaines idées qui courent ici et là dans les médias, je trouve que, dans l'Europe Occidentale, la monarchie constitutionnelle reste un exemple achevé de démocratie - même si le paradoxe est que le Chef de l'Etat n'est pas élu. Mais la démocratie ne suppose pas l'élection de tous par tous et à tous les niveaux de pouvoir...
Si nous regardons l'Union Européenne, nous constatons que, même dans les Républiques, il est assez rare que les Chefs de l'Etat soient élus directement au suffrage universel - l'exemple le plus éminent, mais aussi le plus difficile, étant celui de la France.  La réduction plus récente du septennat au quinquennat, alignant les élections présidentielles et parlementaires, et ainsi concentrant les pouvoirs aux mains d'un seul personnage de l'Etat (qui a le pouvoir de dissoudre les Chambres), voilà qui fait du Président de la République Française un monarque élu, certes, mais terriblement puissant. Sur lui se concentrent aussi bien les espérances et les inévitables ressentiments du Peuple - on le voit aujourd'hui chez nos voisins. En France, le Président, roi élu, non seulement règne, mais gouverne. Est-ce un gain pour la démocratie?
Dans les pays européens de monarchie constitutionnelle, le Benelux, les pays scandinaves, le Royaume-Uni, l'Espagne, le Roi règne mais ne gouverne pas. Il exerce bien une autorité, mais qui n'est pas d'ordre politique, qui est d'ordre moral. Il assure la continuité historique de son pays et exerce un pouvoir d'influence qui n'est pas rien - c'est du reste pour cela que certains le lui contestent!
Je rends grâce de tout cœur pour le règne d'Albert II et remercie le nouveau Roi d'avoir accepté sa charge et d'assumer sa destinée (imaginez un instant qu'il ait dit "non", préférant une vie mieux réglée, moins exposée, plus intime, après tout il en aurait le droit comme n'importe lequel d'entre nous!) C'est un don de soi que de régner, c'est s'offrir et s'exposer sans l'avoir choisi. Car les hommes politiques ont choisi de se présenter aux suffrages, de comparer leurs mérites, de faire valoir leurs titres. Pas le Roi, qui n'a rien choisi du tout, mais accueille une destinée : pur service rendu, et vraiment don de sa personne, et de sa famille.
De quoi rendre grâce, oui, vraiment.
Avec vous, Sire, et de tout cœur!