lundi 30 août 2010

Vive la rentrée!

Il y a un bonheur des vacances.
Et il y a aussi un vrai bonheur de la rentrée.
Un bonheur de feuilles d'automne et de cartables remis à neuf.
Un bonheur d'enfant qui retrouve des bancs d'école.
Un bonheur de la vie.
Tout le monde rentre : le monde politique (il doit s'y faire, ça n'a pas l'air simple de se remettre sérieusement au boulot!), ecclésial (il y a des plaies à soigner), paroissial (chez nous, en tous les cas, des chantiers en vue), ...
Et je songe à ceux qui ne rentrent pas : les retraités, qui, s'ils sont grands-parents, rentrent par petits-enfants interposés.
Les isolés.
Les malades.
Les personnes âgées, chez elles ou dans les hospices.
Donner à tous, à chacun, la joie du recommencement : tâche de septembre, tâche de grand-parent, de visiteur de malade, tâche de prêtre.

samedi 21 août 2010

La dernière place

Préparant l'homélie des messes de ce 21ème dimanche, durant lequel on lit un passage de l'évangile de Luc (Lc 13, 22-30), je trouve ce commentaire de Dom André Louf (qui vient de nous quitter en juillet), le grand Abbé cistercien. Il s'attache à la finale du passage ("Il y a des derniers qui seront premiers et des premiers qui seront derniers") : "Il n'y a pas de doute possible, écrit-il : la place où attendre Jésus pour être rencontré par Lui, c'est la dernière place. Comme toutes les autres portes sont fermées, sauf la porte étroite, toutes les autres places sont illusoires, sauf la dernière, celle qui est sans éclat et sans apparence. Ce ne sera pas l'une des moindres surprises lors de la révélation du Royaume de Jésus, que de voir tous nos rangs et nos hiérarchies terrestres retournés de fond en comble, pour que ne subsiste devant la gloire de Dieu que ce qui est faible et fou aux yeux du monde, ce qui est sans naissance, ce que l'on méprise, ce qui n'est pas, pour réduire à rien ce qui est (1Co 1, 21à 28). Cette dernière place qui se renverse en première, ce fut la place de Jésus et son aventure parmi nous sur la terre." (A. LOUF, Seul l'amour suffirait, DDB, 1982, pp. 170-171)
On ne saurait mieux dire le paradoxe et la nouveauté du christianisme, et l'incroyable retournement qu'il attend...

vendredi 20 août 2010

Aux Cisterciens, mes frères...

Nous avons ce vendredi 20 août célébré la mémoire de Saint Bernard. C'est sans aucun doute l'un des plus grands auteurs spirituels de l'Occident, moine, écrivain, réformateur, homme d'action et de sagesse... Je songe avec gratitude à mes frères et soeurs cisterciens, qui m'ont tant appris, et de tant de façons, et en tant de domaines : l'équilibre de la vie quotidienne, entre travail (manuel, intellectuel), prière et repos; l'importance de l'oraison et de son coeur à coeur quotidien avec Dieu; la vie fraternelle, le silence et la communion; la pauvreté et le partage; la simplicité et le témoignage. J'en passe! Je ne méconnais pas les difficultés des Ordres cisterciens (commune ou stricte observance), difficultés ni plus ni moins grandes que partout ailleurs dans l'Eglise lorsqu'on veut prendre au sérieux la vie évangélique. Mais quelle leçon!
Merci, mes frères et mes soeurs, et heureusement que vous êtes là!

lundi 16 août 2010

L'attachement des chrétiens à Marie

Hier à Bassilly, j'ai pu mesurer encore combien est vif l'attachement des chrétiens à la Sainte Vierge. Dans cette paroisse précisément dédiée à "l'Assomption", la messe de 10h00 était suivie d' une procession mariale. Celle-ci, malgré les menaces de pluie, est sortie à la grande joie de celles et ceux, nombreux, qui avaient préparé l'événement et l'attendaient. Petits et grands retrouvent alors comme naturellement des attitudes d'enfant - non pas infantiles, mais des attitudes d'enfant telles que Jésus les préconise pour entrer dans le Royaume. Et c'est bien ainsi qu'il convient d'envisager le rapport des baptisés à Marie : non pas sur le mode pieusard, mais dans un lien de maternité spirituelle. Si la grande affaire de la vie chrétienne est l'engendrement en chaque baptisé d'un homme nouveau, porteur d'une vie qui aille non seulement vers la mort mais vers la Vie, alors Marie est en chacun de ces baptisés la Mère de cet homme nouveau. Les mystiques rhéno-flamands (Maître Eckhart, par exemple), comme du reste aussi beaucoup d'auteurs cisterciens, disent souvent cela : de même que la Vierge Marie a, une fois dans le temps, engendré Dieu dans la chair humaine, de même continue-t-elle a être en chaque "re-né" la Mère de cette renaissance, de l'homme nouveau. Dans les frémissements du 15 août, tandis que déjà s'annoncent les signes de l'automne et de la caducité de l'été, cette maternité-là, qui enfante pour la Vie, est célébrée par des paroissiens qui ne s'y trompent pas! Je les en remercie.

vendredi 13 août 2010

Une excursion, avant la fin des vacances...

Avec quelques amis, une journée d'excursion, vers le Sud - pour les Belges que nous sommes, vers la France. Premier arrêt :Laon, et sa "montagne couronnée", c'est-à-dire ornée de sa cathédrale. Comme autrefois les voyageurs fatigués par la poussière des routes, nous apercevons de loin la masse élégante, un refuge. Et, de fait, une fois gravi le plateau, l'église est là, grande ouverte, qui s'offre - et un audio-guide épatant précise aux visiteurs les notions d'architecture ou d'histoire qui lui permettent de s'y retrouver dans le dédale des siècles et des pierres. Lieu d'accueil, la cathédrale fut et reste aussi une représentation architecturale de la foi, et qui la parcourt dans le bon sens aujourd'hui revit en quelque sorte son initiation chrétienne : de l'Ouest à l'Est, des ténèbres du porche à la lumière du choeur, du baptême à la vie bienheureuse en passant sous le portail du Jugement Dernier. Nos prédécesseurs apprenaient à croire avec leurs pieds plus qu'avec leurs têtes. Et pour nous qui mettons aujourd'hui nos pas dans les leurs, la visite culturelle, de distrayante, devient contemplative.
En face de la cathédrale, un bistrot accueillant et son plat du jour : comment visiter la France sans la goûter? Les produits locaux sont mis à l'honneur, ici, la quiche au maroilles et les fruits du pays... La première façon par laquelle une région vous dit qu'elle vous aime, c'est en vous offrant à manger et à boire le meilleur de ce qu'elle produit. J'ai toujours pensé qu'il n'y avait pas de culture plus noble qu'une autre, et que la gastronomie est à ranger au nombre des beaux-arts, autant que la musique, la peinture ou l'architecture. Et que le bien manger, s'il devient occasion d'action de grâce pour les dons de Dieu, peut être aussi le début de la prière. Le christianisme, même s'il propose de temps en temps et de lieu en lieu des ascèses nécessaires, est et reste une religion de l'incarnation : Dieu, oui, mais dans la chair, et à travers elle! Le repos contemplatif n'est pas anorexique...
Quelques centaines de kilomètres plus bas, voici Fontainebleau. Le château est encore ouvert : la guide est ici une belle grande dame, passionnée par son métier et par l'histoire du lieu. Occasion de se replonger dans ces siècles qui ont fait la France et marqué l'Europe. François Ier, le pauvre pape Pie VII tellement malmené par Napoléon Ier, lui-même ensuite malmené par l'histoire (la cour est celle "des adieux"!), Napoléon III et son admirable théâtre. La représentation du pouvoir est là, devant nos yeux, avec son faste, son luxe, ses excès, sa vanité aussi. Le plaisir de s'instruire conduit à prendre du recul, à méditer sur la gloriole humaine et sur ce besoin récurrent qu'elle a d'exalter les mises en scène de la puissance. Il me semble qu'il faudrait marcher pieds nus dans ces couloirs élégants, qu'il faudrait sans cesse placer, au centre de ces palais, de petits enfants désobéissants, comme Jésus le fit avec ses disciples lorsqu'il leur parla du pouvoir dans son Royaume à lui : avec leurs jeux et leurs gaudrioles, sans rien dire, ces gosses rediraient à tous la grandeur de la simplicité et le besoin du service.

lundi 9 août 2010

Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix

C'est une joie récurrente, depuis quelques années, de pouvoir célébrer le 9 août la fête liturgique de saint Thérèse Bénédicte de la Croix. Cette femme, née Edith Stein en 1891 dans une famille juive, fut d'abord une grande intellectuelle, assistante et disciple de Husserl, le père de la "phénoménologie", c'est-à-dire d'une appréhension du monde plus attentive à l'objectivité de ce qui se livre à notre perception. Ecartée de l'enseignement supérieur d'abord parce qu'elle était une femme, puis par les lois anti-juives des nazis, Edith se convertit progressivement à la foi chrétienne, y retrouvant le Dieu de l'Alliance qu'elle avait abandonné depuis son adolescence. Dans la foulée, elle entre au Carmel de Cologne, puis dans un Carmel des Pays-Bas (dans l'espoir hélas vain d'échapper aux rafles allemandes). En 1942, elle est embarquée, avec d'autres religieux chrétiens d'origine juive, à Auschwitz, où elle est gazée dès son arrivée.
Cette figure séduit par son parcours : elle ne renie rien de sa foi juive, mais l'assume dans le christianisme découvert. C'est une intellectuelle engagée dans son temps (on lui doit de nombreuses conférences sur la condition féminine et le féminisme) mais aussi une contemplative. C'est un témoin exceptionnel de la foi chrétienne, mais aussi et d'abord une martyre du judaïsme du XXème siècle. Elle concentre en quelque sorte en sa personne les grandes tensions qui ont traversé l'Europe dans ces années tragiques, pas si lointaines. On comprend que le pape Jean-Paul II ait voulu faire d'elle une "co-patronne de l'Europe".

Pour ceux et celles que cette figure intéresserait, je recommande le bel album du Père Didier-Marie GOLAY, o.c.d., Edith Stein. Devant Dieu pour tous, Cerf, 2009, 311p., avec quantité de photographies, de citations, de témoignages.

samedi 7 août 2010

Le message de Simone Weil

J'ai repris en mains hier soir ce livre étonnant que je relis de loin en loin, La Pesanteur et la Grâce de la philosophe Simone Weil. Cette femme juive morte en 1943 (il ne s'agit pas de la ministre française...), d'abord militante gauchiste, s'était fortement approchée de la foi chrétienne lors d'une expérience mystique fondamentale. Parmi les textes qu'elle a laissés après sa disparition prématurée, La Pesanteur et la Grâce reste un chef-d'oeuvre absolu. Sous le titre "Celui qu'il faut aimer est absent", elle rassemble dans un chapitre quelques pensées remarquables sur la présence/absence de Dieu. Je retranscris ceci, qui m'a aidé ces dernier jours à accompagner dans nos paroisses des deuils difficiles (décès de jeunes, de personnes ayant été très diminuées par la maladie) :
"Le caractère irréductible de la souffrance qui fait qu'on ne peut pas ne pas en avoir horreur au moment où on la subit a pour destination d'arrêter la volonté, comme l'absurdité arrête l'intelligence, comme l'absence arrête l'amour, afin qu'arrivé au bout des facultés humaines l'homme tende les bras, s'arrête, regarde et attende." (S. WEIL, La Pesanteur et la Grâce, Plon, 5e éd., 1948, p. 130)

Comme cela nous aide à ne pas manipuler Dieu à toutes sortes de fins...

Par ailleurs - dans un registre bien différent - je suis heureux de communiquer aux lecteurs de ce blog l'adresse du nouveau site web du doyenné d'Enghien :

http://www.doyennedenghien.be/

Bonne promenade sur ces pages toutes neuves!

mardi 3 août 2010

Le seul héritage

Revenons sur l'évangile de dimanche dernier (Lc 12, 13-21), pour l'essentiel composé de la parabole du propriétaire "imbécile" qui accumule et fait des plans de développement sans se souvenir qu'il est fragile et que la vie est éphémère... La parabole est précédée par la requête d'un homme qui est en bisbille avec son frère à propos de leur héritage (scénario hélas fréquent à toutes les époques et dans les "meilleures familles", comme on dit!) Jésus refuse de lui faire justice, ce qui peut d'abord paraître étrange, sauf à penser qu'il n'est pas venu régler des problèmes d'héritages humains, mais tourner notre attention vers le seul héritage qui vaille : celui de l'Alliance, celui du Royaume, celui de la foi.
Un de mes oncles, aujourd'hui décédé, un paysan qui avait eu dix enfants, aimait à répéter que le plus bel héritage par lui reçu et, espérait-il, par lui transmis, c'était précisément la foi.
Le seul héritage, le plus précieux...