vendredi 31 mai 2013

Jean-Pierre Delville, évêque de Liège

On apprend aujourd'hui l'élection par le pape François de l'abbé Jean-Pierre Delville comme évêque de Liège. Jean-Pierre est un collègue très estimé de la Faculté de Théologie de l'UCL - et un ami. Je suis extrêmement heureux de ce choix pour le Diocèse de Liège, tant j'apprécie ses capacités intellectuelles (c'est un historien de l'Eglise partout reconnu) et aussi empathiques.
Bravo, Monseigneur, nous prions pour vous!

mercredi 29 mai 2013

Sur la chasteté

Je voudrais retranscrire ce soir un petit texte d'Erri De Luca, cet écrivain napolitain dont il faut absolument approcher l'œuvre, un jour ou l'autre. Je me contenterai de citer ces quelques lignes, qui me semblent un modèle de respect - surtout de la part de quelqu'un de "non chrétien" (comme on dit, définissant souvent les personnes par rapport à soi ou à son propre monde).
Voici donc :

"Nous parlons souvent du vœu de chasteté avec un respect sournois, en pensant aux cas retentissants de violation manifeste. Mais il n'en demeure pas moins vrai qu'une forte proportion de femmes et d'hommes sont fidèles à cet engagement, renforçant ainsi leur vocation. Ils approfondissent leur sacerdoce en renonçant, bien plus qu'à la joie des étreintes, au lien de la descendance. Je ne suis pas un homme de foi, mais celle des autres me donne du courage; ne parvenant pas à embrasser leurs certitudes, je crois pourtant à leurs vies, à ce peu auquel ils ont donné de la valeur en sachant s'en contenter."
(E. DE LUCCA, Rez-de-chaussée, trad. D. Valin, Rivages poche, pp.54-55.)

Ayant passé mon après-midi dans une abbaye cistercienne, je désirais retrouver ce passage écrit par De Lucca en 1995 déjà, et dont je savais qu'il m'aiderait à mettre des mots sur la merveille, sans cesse redécouverte auprès de moniales ou de moines, de la chasteté comme "vœu" ou plutôt comme "don". Et, en effet, j'ai repêché ce texte lu il y a bien longtemps.

Il m'a semblé utile de le publier, ce soir, parce qu'il évoque, de "l'extérieur" donc et avec une infinie pudeur, un choix que les prêtres catholiques partagent eux aussi avec les moines et les moniales, mais qui - c'est le moins qu'on puisse dire! - n'est guère "compris". La sensibilité magnifique de De Lucca met des mots sur ce qui restera toujours difficile à exprimer...

samedi 25 mai 2013

Les textes du Synode diocésain

Je voudrais seulement signaler que les textes des "motions pastorales" (des orientations pastorales) votées en synode lors des deux dernières assemblées synodales, sont disponibles sur le site :

www.synode-tournai.be

Il n'y a pas le texte des décisions (elles doivent encore être votées, pour mettre en application ces orientations). Mais ceux et celles que le synode diocésain intéresse, notamment ceux et celles qui ont participé aux équipes synodales, vont pouvoir lire comment leurs débats et leurs opinions ont été ressaisis dans les travaux des sous-groupes, puis dans les votes pléniers des assemblées.
Mon avis est qu'il y a là des textes généreux, des orientations pastorales pertinentes pour notre Eglise catholique en Hainaut, une manière de porter respectueusement l'Evangile dans une culture plurielle, qui peut devenir la source d'une vraie joie et d'un grand enthousiasme.

vendredi 24 mai 2013

Identité de l'institution catholique : la pastorale

Je viens d'entendre (sur KTO, cette excellente chaîne française) un débat sur l'identité de l'enseignement catholique. L'un de ses  (nouveaux) responsables disait : "La pastorale est porteuse de cette identité." Et je suis d'accord. A condition de ne pas voir la "pastorale" comme un secteur particulier de la vie scolaire, qui fait plus ou moins nombre avec les autres,  mais - ainsi  du reste le disait l'intervenant - à condition de la considérer comme ce qui irrigue tout l'enseignement.
Et qu'est-ce qu'on entend par "pastorale"?
Ce n'est pas - Dieu nous en préserve! - un endoctrinement.
Ce n'est pas - Dieu nous en surpréserve! - une morale.
Ce n'est pas - Dieu nous en sursurpréserve! - un enrôlement dans un clan, un parti, une idéologie.
C'est une manière de faire qui non pas "s'inspire de" l'Evangile, mais qui est l'Evangile. Car l'Evangile est une manière de faire. De faire des cours. De parler à des élèves, à des enseignants, à des parents, à du personnel. De "traiter" avec eux.
Et quelle manière de faire, direz-vous?
Eh bien, justement, voyez l'Evangile : en commençant par le plus bas. En mettant au centre ce qui est au loin. En considérant la marge non par condescendance, mais comme la norme, ce qui pourrait se formuler comme suit :  "Nous aurons d'abord souci de ceux qui ne comptent pas."
Cela  veut dire : nous veillerons d'abord aux plus faibles. A ceux que les situations familiales, financières, ou de santé, fragilisent. A ceux qui ne peuvent pas suivre.
Oh,  ce n'est pas une nouveauté : l'Eglise l'a toujours fait, en matière d'éducation, comme en d'autres domaines, quand elle s'est ressouvenue de l'Evangile dont elle est porteuse, par lequel et pour lequel elle existe, exclusivement :  voyez les Frères des Ecoles Chrétiennes, voyez Don Bosco, voyez tout ça...
Mais "l'élite", direz-vous, nous devons former l'élite, dans nos Collèges catholiques!  Ce n'est pas faux : voyez l'excellence de l'enseignement des Jésuites, voyez nos remarquables Collèges diocésains, voyez nos Universités. Oui, oui... Mais qu'est-ce que l'élite pour les chrétiens, sinon celle qui a compris qu'elle doit son excellence à sa capacité de mettre au centre les gens de la marge, cités plus haut sans exhaustivité?
Former une élite financière qui ferait des sous de façon performante pour le plaisir de faire des sous, par exemple, ou une élite politique qui ferait carrière pour le plaisir de faire carrière - autre exemple -, ce serait un dévoiement grave, une perversité majeure de l'institution.
Alors oui, mettez "cela" d'abord - et c'est bien "cela" la "pastorale", et vous avez tout : la doctrine et la morale des chrétiens. Et la vie de l'Eglise, en son cœur.
C'est bien autre chose que de maintenir une messe de temps en temps pour s'assurer que l'institution est encore catholique - comme si là était sa principale spécificité -, histoire de se donner bonne conscience au risque de brader la liturgie.
Pensons nos institutions dans le bon ordre, s'il vous plaît! Oui, d'abord l'Evangile, et le reste s'ensuit!

jeudi 16 mai 2013

Sur les positions et convictions des catholiques français

Le Père Abbé du Mont-des-Cats, dom Jacques, qui est un vieil ami, me demande de préparer pour ses moines une double intervention, pour septembre prochain, à l'occasion d'une récollection que j'animerai à l'Abbaye pour des journalistes catholiques français. Il me demande plus précisément de dire mon point de vue sur les "événements" (en ce compris dans les rues) qui animent la catholicité française ces derniers mois...
Et donc, j'essaie de me préparer.
Mon premier constat est celui d'une grande diversité culturelle entre la France et la Belgique, du point de vue de l'insertion sociale de la foi chrétienne.  Je crois que nous ne sommes pas marqués de la même façon que la France par les ruptures de la Révolution de 1789 (ruptures qui sont arrivées chez nous "amorties", en quelque sorte par ricochet) et donc, ce qui sans doute est une conséquence appréciable, le catholicisme chez nous n'a-t-il aucune velléité anti-démocratique (comme il en a eu en France durant presque tout le XIXème siècle), sans doute est-il spontanément allié de la démocratie qui a porté sur les "fonts baptismaux" (avec les Francs-Maçons libéraux, du reste, et en connivence avec eux) la Belgique moderne de 1831. C'est une différence fondatrice extrêmement importante : en France, un certain catholicisme s'est toujours assimilé à la "droite" anti-révolutionnaire, réactionnaire, antisémite (à de certaines époques : voir l'affaire Dreyfus, voir même Bernanos avant la guerre), monarchiste (re-voir Bernanos), maurassienne, etc., etc. Anti-parlementariste, donc, réussissant avec de Gaulle à faire accepter le principe d'une "monarchie républicaine" (la Vème République) où le Président est finalement un monarque élu - habits de droite faits pour des hommes de droite (Mitterrand compris, qui était foncièrement un homme "de droite", même si socialiste).
Chez nous, la droite et la gauche gouvernent ensemble dans un régime parlementaire où le Chef de l'Etat n'est pas élu. On mesure le fossé... Chez nous, il y a bien un Roi, mais qui ne gouverne pas. En France, le Roi n'est pas un vrai Roi, mais il gouverne... C'est du reste l'un des seuls cas dans les pays européens : presque partout ailleurs, le Chef de l'Etat a peu de pouvoirs.
Je crois que ceci est la toile de fond sur laquelle on peut apprécier les manifestations "catholiques" des "anti-mariage-gay" en France, beaucoup plus que les questions de "fondements éthiques" revendiquées.
Les Belges ne sont pas plus immoraux que les Français, mais ils sont plus parlementaristes : la majorité ayant voté, il y a plus de dix ans, une loi analogue, c'est la loi et basta. Même si les catholiques, évidemment, gardent leur conscience pour eux, en pensent ce qu'ils veulent, ne pratiquent pas éventuellement cette loi s'ils sont eux -mêmes homos et qu'elle leur déplaît, etc., - et il en va de même pour d'autres lois, comme l'euthanasie active, ou l'avortement, qui font partie de la panoplie législative possible : les catholiques peuvent n'être pas d'accord avec la majorité qui les a votées, penser que cela n'est pas un "progrès" de la société, mais respecter néanmoins, tant qu'on ne les  oblige pas à agir en ces domaines contre leur conscience, les décisions parlementaires.

Nous n'avons pas encore parlé du "fond" de la question, qui est une autre chose.
Ici aussi, deux conceptions s'affrontent, deux conceptions de la loi civile : pour la première, aujourd'hui hautement revendiquée chez les catholiques français, la loi civile est la traduction dans les textes de la "loi  naturelle", de cet horizon universel de l'éthique et de ses valeurs immuables (il ne faut jamais tuer, jamais mentir, etc. : la vie vaut mieux que la mort, la vérité vaut mieux que le mensonge, etc.) Dans cette conception l'avortement n'est pas acceptable (c'est un meurtre), l'euthanasie non plus, ni le mariage homo (le mariage, c'est depuis toujours la mise en œuvre sociétale de la différence sexuelle, qui est, quoi qu'en disent les partisans de la théorie des genres, une différence d'abord physiologique : les hommes et les femmes, physiologiquement, ne sont pas fabriqués pareils, et la négation de cette différence pourrait conduire à des dysfonctionnements importants de la société). C'est une conception thomiste de la loi civile (lex ordinatio rationis, "la loi, mise en œuvre de la raison, c'est-à-dire de la loi naturelle", dit saint Thomas).  C'est une conception que les législateurs doivent tenir en perspective : s'ils s'en éloignent trop, en effet, quid de la société? Quid d'une société, par exemple, où l'interdit du meurtre n'existerait plus? Elle serait évidemment livrée à la violence...
En face, si j'ose dire, une conception plus utilitariste de la loi, plus anglo-saxonne, et donc plus proche de nous, plus fréquemment acceptée chez nous qu'en France : des situations existent et il faut les accompagner, tel est le rôle du législateur civil. Il y a des couples homos, avec des enfants : il faut leur assurer des droits. Et dira-t-on aux enfants (pardon ici de fustiger certains discours épiscopaux français) qu'ils ont vécu dans une "aberration anthropologique"? Ce serait sérieux, et évangélique, d'aller proférer de telles âneries? Pour l'avortement, c'est pareil : des détresses existent, des pratiques clandestines, il faut les accompagner. Pareil aussi pour l'euthanasie active. Cette conception de la loi civile n'est pas fausse, elle est même nécessaire.

La question, la tension, reste : comment s'écarter de la "loi naturelle" sans léser le bien social, le bien commun? Comment tenir ensemble les deux conceptions, qui ont toutes deux leur légitimité, mais expriment deux traditions morales différentes?
Dans des manifestations que les Belges, majoritairement, ne comprennent pas car, comme dit plus haut, ce n'est pas leur "culture", voilà peut-être bien ce que des catholique français essaient de poser comme question. Sur le fond, ils n'ont pas tort. Sur la forme, ils sont à mes yeux incompréhensibles, des espèces d'ovnis profitant d'une faiblesse bien réelle du pouvoir présentiel français - peut-être même d'une crise de régime. Ce n'est pas dans les rues que ces questions-là se posent, mais dans des confrontations  d'idées, loin des récupérations droitières et des Frigide Barjot (!), dans des enceintes parlementaires et des débats argumentés.

Les catholiques français en sont-ils (encore) capables? Ne  sont-ils pas déjà trop récupérés par les enjeux politiciens?

Les Belges sont balourds, certes, un peu rustauds, peu rompus aux conflits d'idées. Mais ils ont compris que les incidences politiques de leur foi - incidences bien réelles - devaient, dans une société séculière, laïque et plurielle, être risquées dans le seul débat social et démocratique. En ce sens, ils ont peut-être quelque chose à dire à leurs chers voisins français... qu'ils aiment, et qu'ils estiment toujours comme de "grands frères", avec la part de révérence et de sourire que cela comporte.

Faire cours

J'ai, pour cette année académique, terminé ce jeudi mes cours à Louvain-La-Neuve. Chaque année, depuis que je suis doyen d'Enghien, je me repose la même question : cela ne devient-il pas trop lourd? Les cours, à moins d'être répétitifs, cela se prépare, du point de vue du contenu et aussi de l'exposition, l'enseignant est là, me semble-t-il, pour susciter l'intérêt qui est le sien et le partager. Je dois avouer que j'ai toujours aimé "ça" : le contact avec un auditoire, intriguer des étudiants, les provoquer, les conduire à chercher eux-mêmes, bref j'ai toujours pensé que j'étais "fait pour ça".
Mais "curé", j'aime aussi. Et tout ce cumul devient de plus en plus lourd. Et comme je le répète régulièrement à mes nièces qui se fichent de moi quand je le leur dis, "je vieillis" - je leur dis même, pour reprendre avec elles le langage du XIXème siècle qui, je le sais, les fait sourire, quand elles me demandent au téléphone comment je vais : "Je baisse!" (Attention, âmes sensibles, j'y mets bien deux "s" dans la prononciation.)
J'étais songeur dans ces tergiversations, quand mes étudiants, aujourd'hui, m'ont fait le beau cadeau de "l'applaudissement debout", et longuement. Et j'avoue que j'en ai été ému.
Alors, sans doute, on continue, hein!

dimanche 12 mai 2013

Les attaques ad hominem contre le Prince Philippe

La semaine dernière, un certain nombre de présidents de parti flamands (sauf la Spa) ont cru bon de publier une lettre au Prince Philippe, dans laquelle ils le mettent en garde ou lui font des observations sur ses capacités à régner...
Je trouve cela non seulement indécent, mais terriblement contraire à la démocratie, et au devoir des hommes politiques.
Je m'explique.
Le Prince Philippe, comme les autres membres de la Famille Royale du reste (mais lui en particulier), n'est pas seulement une personne privée. C'est une institution - l'institution monarchique, qui est inscrite dans la Constitution de notre pays depuis 1831.
Si l'on est parlementaire, d'une part, et, d'autre part, que l'on n'est pas d'accord avec l'institution monarchique (on en a le droit), alors il faut rassembler au Parlement et au Sénat une majorité des 2/3 susceptible de changer la Constitution sur ce point. Ca, ce serait le respect de la démocratie.
S'en prendre à une personne qui incarne - temporairement - le système monarchique, c'est une faute morale d'autant plus grande qu'elle émane d'un parlementaire.
Et, si vous me permettez de dire le "fond" de ma pensée, c'est de la lâcheté, puisqu'on sait très bien que, dans sa position, et précisément, parce qu'il est une institution, le Prince Philippe ne peut pas se défendre.
C'est de la saloperie.

jeudi 9 mai 2013

"Nos" jmjistes

Sébastien et Valentin, "nos" jmjistes, se sont mis en campagne dès ce matin. Ces deux jeunes - dix-huit ans l'un et l'autre - qui, à ma suggestion, vont passer leur mois de juillet au Brésil, à Rio, aux "Journées mondiales de la Jeunesse", ont commencé à venir montrer leur bouille - qu'ils sont sympathique! - à nos communautés et à nos paroissiens.
Ce qu'ils vont vivre ne les concerne pas seulement, eux, mais nous concerne tous : dans quelques semaines, ils auront rejoint quelque cinq millions de jeunes venus du monde entier, qui vont former l'un des plus grands rassemblements mondiaux jamais tenus. Non seulement  ils vont découvrir un peu les réalités du pays qui les accueille - voir, entre autres, un niveau de vie sensiblement différent du nôtre! - mais ils vont avoir l'occasion de multiplier les échanges et les partages avec des jeunes de leur âge venus de partout. Richesse pour eux, évidemment - ils s'en souviendront, j'imagine, durant leur vie entière. Mais richesse pour nous : car ils y vont en notre nom, envoyés par nous tous, et priés, bien entendu,  de nous donner toujours des nouvelles de leur participation à ces "Jmj", pendant et après! C'est du reste ainsi qu'ils envisagent leur séjour, et non pas, évidemment, comme de simples vacances outre-Atlantique.
Ils vont nous apprendre comment le christianisme, dans le monde, a un avenir. Ils vont nous l'apprendre en risquant leur foi - bien profonde, bien ancrée - et en la confrontant aux soucis du monde.
Ils sont chargés d'ouvrir nos portes sur la jeunesse innombrable de la planète, d'oxygéner nos sacristies, de nous faire respirer l'Esprit en nous montrant comment il souffle, ailleurs, avec quelquefois tellement plus de vigueur que chez nous, dans nos vieux pays fatigués.
Hier soir, nous avons partagé, avec d'autres jeunes, le repas organisé par le Comité de la Procession - un repas où tant de paroissiens se retrouvent que c'en est un vrai bonheur! Puis nous avons passé chez moi un long temps durant lequel ils ont dit leur enthousiasme. Ce matin, ils étaient à Silly, et, cet après-midi,  à Thoricourt, pour partager cet enthousiasme au plus grand nombre. Ils ont préparé un petit texte bref et incisif - parfait - qu'ils vont  propager un peu partout d'ici leur départ.
Nous sommes en effet tous avec eux, heureux pour eux, heureux de les compter parmi nous!

lundi 6 mai 2013

La mort de Christian de Duve

Depuis longtemps je n'étais plus d'accord avec les opinions du Professeur de Duve, du moins lorsqu'il s'exprimait sur des questions anthropologiques majeures, comme le peuplement de la Planète ou la liberté de disposer de soi. Je n'étais pas d'accord pour un motif simple : raisonnements de riche, d'homme gâté par la vie, qui  renoue au fond avec la philosophie stoïcienne de l'Antiquité, avec sa part de noblesse, certes, mais aussi sa part d'enfermement solitaire. Après tout, la seule richesse des pauvres - auxquels on refuse le partage des biens nécessaires à la (sur)vie - n'est-elle pas de faire des enfants, et en grand nombre, et de quel droit supérieur leur refuserions-nous cela aussi?
Non, je n'étais plus d'accord avec cet homme pourtant brillant, grand scientifique, etc. Et le "suicide assisté", l'euthanasie, grâce auquel il a quitté la vie, ne me semble  décidément pas la meilleure manière de s'endormir en paix. Et je ne trouve pas opportun qu'à cette occasion, il en soit félicité, même de façon posthume : il y a une manière de mettre en scène son suicide (fût-il assisté), qui est plus pénible encore que le suicide lui-même, et qui n'a vraiment n'a rien de grand, à mon point de vue.
Mais quelles que soient ces divergences, je respecte l'homme, je l'admire, même. Son érudition était - ce qui arrive bien des fois - plus grande que son discernement philosophique.
J'ai, à cette occasion,  un souvenir ému pour son neveu Pascal, mort de façon si prématurée, écrivain étrangement prometteur, sorte de bête d'érudition lui aussi, que j'ai un peu croisé autrefois chez les éditeurs parisiens (après tout, nous étions deux Belges, et grosso modo du même âge). Gloires éphémères : qui en garde mémoire aujourd'hui?
Tout cela ne se ressaisit que dans la prière.

samedi 4 mai 2013

Dernières nouvelles du Synode

Le Comité de Pilotage du Synode diocésain s'est réuni hier à Mesvin pour finaliser les deux assemblées synodales à venir et la célébration de clôture. Le 18 mai prochain, à Bonne-Espérance, l'assemblée refera d'abord un vote sur les propositions pastorales, pour consolider, asseoir et affiner quelquefois le vote précédent. Puis, dans l'après-midi, par groupes de travail, un premier discernement aura lieu sur les décisions à prendre. Ces décisions seront votées lors de l'assemblée du 12 octobre, toujours à Bonne-Espérance  : vote sans doute plus difficile, puisque, si tout le monde est assez rapidement d'accord sur les orientations pastorales, tout ne monde sans doute ne l'est pas sur ce qu'il faut "garder" et "abandonner" (par exemple), c'est-à-dire sur les moyens concrets à prendre ou à laisser pour mettre en œuvre ces orientations.
C'est à partir de là que l'évêque rédigera les décrets synodaux qui seront promulgués à Mons, à la Collégiale Sainte-Waudru, le samedi 30 novembre 2013, lors d'une assemblée festive de clôture à laquelle, dès à présent, tous les diocésains sont largement invités.
Je dois dire que ce travail aura été lourd, mais aussi joyeux, révélant les attentes et les enthousiasmes des chrétiens du Hainaut, et leur désir de vivre à la suite du Christ leur aventure humaine, de former des communautés signifiantes, de ne pas craindre de porter témoignage.
Pour le concret, je suis... curieux des assemblées à venir et de leurs décisions!

jeudi 2 mai 2013

Ce que je pense du pape François...

Très souvent, évidemment, on me demande "ce que je pense du pape François".
"Evidemment" : c'est sans doute, si j'ose dire avec un peu d'humour, à cause de mon "métier".
Mais, précisément, mon "métier" m'impose de ne pas dire d'emblée mon avis, qu'il soit du reste positif ou non.
(Bon, je vais vous dire, et évitons le suspense : il est positif, mon avis, très positif, même).
Mais je réponds d'abord avec des faits, deux faits que j'aligne - j'aimerais simplement qu'on réfléchisse à leurs conséquences, qui sont innombrables :

1° c'est la première fois que les cardinaux choisissent un jésuite pour pape. Quand on connaît l'histoire des jésuites, c'est énorme. Quand on connaît, au moins un peu, la spiritualité de saint Ignace de Loyola, le fondateur des jésuites, c'est encore plus grand : une spiritualité fondée sur le discernement, sur une longue maturation pour que les choix soient aussi libres que possible de toute pression intérieure ou extérieure... Ca donne à penser!
2° c'est la première fois que les cardinaux choisissent un sud-américain. Quand on connaît la prévalence de la foi catholique en ces pays, et en même temps la pauvreté endémique, matérielle et  morale, qui y sévit, on comprend que le choix n'est pas anodin.

Bon.
Ce que je pense du choix du pape François, donc? Mettez ensemble le 1° et le 2°, vous avez la réponse.
Un homme de discernement, imperméable aux pressions, pour lequel la vérité première du christianisme se trouve auprès des pauvres.
Le reste (et voyez comme il est vaste, ce "reste", alors qu'on voudrait nous faire croire - par exemple en France - que c'est l'essentiel du catholicisme), le reste, donc : secondaire.
Pigé?