Je viens d'entendre (sur KTO, cette excellente chaîne française) un débat sur l'identité de l'enseignement catholique. L'un de ses (nouveaux) responsables disait : "La pastorale est porteuse de cette identité." Et je suis d'accord. A condition de ne pas voir la "pastorale" comme un secteur particulier de la vie scolaire, qui fait plus ou moins nombre avec les autres, mais - ainsi du reste le disait l'intervenant - à condition de la considérer comme ce qui irrigue tout l'enseignement.
Et qu'est-ce qu'on entend par "pastorale"?
Ce n'est pas - Dieu nous en préserve! - un endoctrinement.
Ce n'est pas - Dieu nous en surpréserve! - une morale.
Ce n'est pas - Dieu nous en sursurpréserve! - un enrôlement dans un clan, un parti, une idéologie.
C'est une manière de faire qui non pas "s'inspire de" l'Evangile, mais qui est l'Evangile. Car l'Evangile est une manière de faire. De faire des cours. De parler à des élèves, à des enseignants, à des parents, à du personnel. De "traiter" avec eux.
Et quelle manière de faire, direz-vous?
Eh bien, justement, voyez l'Evangile : en commençant par le plus bas. En mettant au centre ce qui est au loin. En considérant la marge non par condescendance, mais comme la norme, ce qui pourrait se formuler comme suit : "Nous aurons d'abord souci de ceux qui ne comptent pas."
Cela veut dire : nous veillerons d'abord aux plus faibles. A ceux que les situations familiales, financières, ou de santé, fragilisent. A ceux qui ne peuvent pas suivre.
Oh, ce n'est pas une nouveauté : l'Eglise l'a toujours fait, en matière d'éducation, comme en d'autres domaines, quand elle s'est ressouvenue de l'Evangile dont elle est porteuse, par lequel et pour lequel elle existe, exclusivement : voyez les Frères des Ecoles Chrétiennes, voyez Don Bosco, voyez tout ça...
Mais "l'élite", direz-vous, nous devons former l'élite, dans nos Collèges catholiques! Ce n'est pas faux : voyez l'excellence de l'enseignement des Jésuites, voyez nos remarquables Collèges diocésains, voyez nos Universités. Oui, oui... Mais qu'est-ce que l'élite pour les chrétiens, sinon celle qui a compris qu'elle doit son excellence à sa capacité de mettre au centre les gens de la marge, cités plus haut sans exhaustivité?
Former une élite financière qui ferait des sous de façon performante pour le plaisir de faire des sous, par exemple, ou une élite politique qui ferait carrière pour le plaisir de faire carrière - autre exemple -, ce serait un dévoiement grave, une perversité majeure de l'institution.
Alors oui, mettez "cela" d'abord - et c'est bien "cela" la "pastorale", et vous avez tout : la doctrine et la morale des chrétiens. Et la vie de l'Eglise, en son cœur.
C'est bien autre chose que de maintenir une messe de temps en temps pour s'assurer que l'institution est encore catholique - comme si là était sa principale spécificité -, histoire de se donner bonne conscience au risque de brader la liturgie.
Pensons nos institutions dans le bon ordre, s'il vous plaît! Oui, d'abord l'Evangile, et le reste s'ensuit!
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