dimanche 27 mai 2012

Hildegarde de Bingen, docteur de l'Eglise

Ce midi à Rome, le pape a annoncé qu'en octobre prochain il proclamerait "docteur de l'Eglise" sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179). Après Catherine de Sienne, Thérèse d'Avila et Thérèse de Lisieux, Hildegarde rejoindra ainsi le club fermé des femmes docteurs de l'Eglise en Occident. Et cela, d'abord, me réjouit : cette femme, moniale bénédictine allemande, est admirable par son caractère indépendant (souvent en querelle avec des hommes d'Eglise de son époque) et sa science dont elle fit un art dans divers domaines qu'elle a conjoints, la théologie, la musique et... ce qu'on appellerait aujourd'hui, mais oui mes chers amis écolos, la phytothérapie!
Plus profondément, je me réjouis toujours de ce qu'une femme soit proclamée "docteur de l'Eglise", c'est-à-dire de ce que le Magistère romain (des hommes, donc...) annoncent qu'eux-mêmes et l'Eglise Universelle doivent désormais lire, écouter et entendre comme un "maître" celle dont les écrits constituent un patrimoine hors lequel une bonne intelligence de la foi n'est pas possible.
Cela n'a l'air de rien.
C'est assez énorme, c'est bien plus que d'accorder aux femmes l'accès au ministère presbytéral, c'est reconnaître à certaines d'entre elles (et à notre chère Hildegarde, aujourd'hui) une excellence dans la compréhension du mystère chrétien, que bien des évêques et des prêtres n'ont pas! Je dis ceci pour ceux et celles qui estiment toujours que l'Eglise est "misogyne" : ce n'est tout de même pas si mal, pour des misogynes, de s'en remettre à l'enseignement d'une femme...
Et cela nous invite à lire, relire et méditer les textes d'Hildegarde. J'imagine du reste qu'ils vont devenir bientôt plus accessibles, y compris en langue française...

jeudi 24 mai 2012

La joie des jeunes, la "lumière dans l'humanité"

Il y a une vraie joie de la jeunesse. Ce midi, je l'ai vue en préparant avec les rhétos du Collège Saint-Augustin la célébration de leur promotion. Certes, ils sont très perturbés par la proximité de leurs examens (en effet importants), mais quelle vitalité dans leurs choix, dans le thème qu'ils veulent aborder (et qui tourne autour, à la fois, de la gratitude pour le passé, de leur confiance en l'avenir et de la nécessité de savourer le présent). Il me revenait de rire un peu avec eux (ce qui fut fait) et de choisir en concertation une page d'Evangile qui rencontre leurs préoccupations. Nous sommes tombés d'accord sur Lc 12, la parabole étrange de ce propriétaire qui tire des plans sur la comète, qui échafaude des projets de reconversion, et que Dieu traite, dit Jésus, d' "imbécile", parce que cette nuit-là  même, il doit mourir. Les jeunes ont voulu qu'on lise aussi la suite du texte, où ils ont compris que Jésus ne racontait pas cette histoire pour les effrayer par la mort, mais pour leur rappeler que, morts ou vifs, projets rencontrés ou déçus, c'est Dieu qui veille sur eux et qu'ils sont "le petit troupeau aimé". J'ai été sensible à la remarque de l'un d'eux, qui vaut celle de tous les exégètes : "Lisez le texte jusque là, sinon, on comprendra mal."
Ah! La sagesse des jeunes!
"Il y a encore un peu de lumière dans l'humanité. Qu'elle marche, qu'elle marche, de peur que la nuit ne s'empare d'elle." (St AUGUSTIN (oui, encore), Confessions, X, 33).

lundi 21 mai 2012

L'audace de la vérité

Je continue (et j'en ai encore pour un bout de temps...) ma lecture vespérale des Mémoires de Saint-Simon (je suis au milieu du tome 3 en Pléiade, et je crois que l'Oeuvre en comporte huit!), et il me paraît de plus en plus que cet homme, en racontant les vicissitudes de la cour de Louis XIV puis de la Régence, a délivré, par-delà l'anecdote, un message moral adapté à toutes les époques, y compris à la nôtre. (Ne voit-on pas partout, dans tous les milieux, entreprises, écoles, partis et... Eglise, des "cours" et des courtisans, des princes et des principautés?) Or donc, je lisais ces soirs-ci quelques belles et longues pages qui relatent un événement daté du début de 1710. Saint-Simon est un ami de Philippe d'Orléans, fils de Monsieur frère de Louis XIV, neveu par conséquent du grand Roi et marié par la volonté de ce dernier à l'une de ses filles adultérines. Philippe, duc d'Orléans, a alors 35 ans, il n'aime pas sa femme (la réciproque n'est pas vraie) et entretient à grands frais une maîtresse, la comtesse d'Argenton, à Paris, ce qui lui vaut - c'est en tous les cas le principal motif - la froideur (pour ne pas dire plus) du Roi et de Mme de Maintenon, qui a contribué en l'épousant à rendre sur ce point Louis XIV vertueux.
Saint-Simon se met en tête d'aller parler au duc d'Orléans, son ami, certes, mais aussi un aristocrate "fils de France" d'un rang bien plus élevé que le sien. Il veut lui faire entendre que sa relation adultérine est coupable, pour tout le monde : pour lui-même, pour sa maîtresse, pour son épouse, pour le Roi, pour sa famille. Et non seulement qu'elle est coupable, mais qu'elle est sotte : Philippe d'Orléans  pense que son état amoureux justifie cet enchaînement de conséquences pour bien des personnes, ce qui est évidemment, dit Saint-Simon, idiot, rien n'étant  plus fragile que l'état amoureux. Quand on a la position d'un homme comme le duc d'Orléans à Versailles et à Paris, on  ne s'y laisse pas aller...
Le brave Saint-Simon, flanqué d'un "complice", va employer des heures et des heures à persuader Philippe d'Orléans. Il va aller jusqu'à lui donner le mode d'emploi de la rupture : qu'il fasse dire à sa maîtresse (sans la voir lui-même, sans explication) que la relation entre eux est à jamais terminée (car, dit fort justement le mémorialiste, s'il tente avec elle une justification, son sentiment amoureux fera qu'elle le retournera en moins de deux : bien vu!) Saint-Simon a peur de ce qu'il entreprend là comme démarche : à tout moment, le duc d'Orléans peut lui rétorquer  que ce ne sont pas ses affaires, que c'est sa vie privée, etc., etc. Mais il tient bon et se fait un devoir à la fois moral et amical de dire jusqu'au bout ce qu'il pense, quelles qu'en soient pour lui les éventuelles conséquences.
Que pensez-vous qu'il arriva? Philippe d'Orléans suivit à la lettre les recommandations du duc de Saint-Simon, se réconcilia avec le Roi et Mme de Maintenon, puis avec sa femme (même si, bon, n'exagérons rien : sa conduite conjugale continua à s'accommoder dans la suite de bien des dérapages). Et, à la mort du Roi Louis XIV, il devint le Régent de France, jusqu'à l'avènement de Louis XV et vu la mort prématurée de tous les autres successeurs légitimes du grand Roi.
D'où je retiens : en particulier dans le cadre de relations amicales, il faut apprendre à dire la vérité, ou ce que l'on tient pour tel, même s'il en coûte (et il en coûte toujours) à celui qui la dit et à celui qui la reçoit.
Et quelle que soit la "cour" où l'on vit!

mercredi 16 mai 2012

"Notre victoire"

Non, non, rassurez-vous : je ne parle pas, sous ce titre, des dernières élections présidentielles françaises! (Il est d'ailleurs surprenant que j'aie reçu pas de mal de réactions à mes propos - du reste modérés - sur ce sujet, et pas pour d'autres : ah! politique, quand tu nous tiens! Du reste, je me demande quelquefois si, pour un certain nombre de catholiques, la foi n'est pas d'abord là-dedans, je veux dire dans ces appartenances bloc à bloc, plutôt que d'être d'abord dans un attachement de tous les instants au Christ. De tous les instants! Je me trompe?) Bon, laissons cela.
"Notre victoire" : celle du Christ. Je suis particulièrement sensible à  l'oraison de la messe de l'Ascension : "L'Ascension de ton Fils, disons-nous à Dieu le Père, est déjà notre victoire. Il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c'est là que nous vivons en espérance."
Mais de quoi donc sommes-nous ainsi vainqueurs avec le Christ?
De notre humanité.
Je suis frappé de ce qu'au fond aucune pensée humaine, aucune philosophie, ne soit complètement résignée, même le pessimisme (comme attitude et comme comportement, voyez Emile Cioran, par exemple : certes, désabusé, revenu de tout, comme on dit, mais son talent littéraire grandit ce pessimisme lui-même et le transfigure en une espèce d'espérance). Même complètement athée, même dans le refus du "ciel" et de la transcendance (Démocrite, Epicure, Lucrèce, Feuerbach, Marx, Freud,  Nietzsche, Comte-Sponville, Onfray, etc.), et quelquefois précisément parce qu'il y a ce refus, l'homme est grand, se veut grand, se rêve grand, entend sortir de son animalité, alors même que l'y ramènent le quotidien, les maladies, les misères de toutes sortes et finalement, sa finitude et la perspective de sa mort inévitable.
C'est que "l'homme passe infiniment l'homme" (Pascal).
Et ce rêve de l'homme, pour nous, le Christ l'accomplit, en nous divinisant, en nous faisant participer à sa victoire sur la mort, sur la finitude, sur la misère, sur la maladie, sur le quotidien. En nous transportant, en nous élevant avec lui dans l'éternité de l'amour de Dieu.
Et, de ce point de vue qui change tout, en nous renvoyant aussi, du même mouvement, au quotidien, à la maladie, à la misère, à la finitude, à la mort, pour y être sur cette terre de glorieux combattants avec lui, parce qu'habite en nous la puissance de Dieu. Nous ne nous laisserons plus jamais faire, aussi tristes et découragés puissions-nous êtres parfois : vainqueurs, nous sommes, vainqueurs nous resterons!
C'est une espérance folle qui brille dans nos quotidiens tourmentés - elle n'empêche pas que nos quotidiens soient tourmentés, sinon elle ne serait pas une espérance. Ce n'est pas une gloriole humaine et, pour revenir au début de ce "post", ce n'est certainement pas non plus - ou en tous les cas, pas d'abord! -  une prétention politique.
C'est une incroyable puissance de Vie, de Résurrection, d'Eternité, qui irrigue désormais nos pauvres membres humains, fragiles, éphémères et dérisoires, nos psychologies toquées, nos fêlures, nos blessures, nos pauvretés de toutes sortes, nos incapacités relationnelles, nos doutes, nos fatigues, nos paresses, notre malheur d'être au monde.
"L'Ascension de ton Fils est déjà notre victoire. Nous sommes les membres de son corps. Il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c'est là que nous vivons en espérance."

dimanche 13 mai 2012

"Mon coeur, là où je suis ce que je suis"

La formule est d'Augustin, du grand Augustin, dans ses Confessions, rebaptisées Les Aveux dans la traduction assez récente et souvent suggestive de Frédéric Boyer (P.O.L, 2008).
Ce soir, ce dimanche soir, après quelques joies (pastorales, ce matin : de touchantes "premières communions" à Thoricourt, une belle célébration à Enghien avec trois baptêmes magnifiques, un déjeuner avec des amis, d'autres rencontres amicales l'après-midi), mais avec tout de même le coeur lourd, alourdi par les peines confiées, quelquefois impartageables, dans l'un de ces moments où l'on se sent... usé, je relis, comme toujours pour me guérir de moi-même, les mots de saint Augustin.
Et donc, en voici quelques-uns, prélevés chez cet homme qui a réussi le tour de force littéraire et spirituel de n'être pas impudique en livrant le plus intime de lui-même (car le plus intime n'est pas le plus érotique, contrairement à ce que pensent les imbéciles ou les voyeurs - c'est la même chose, mais le plus intérieur).
Lisez, et puis fermez les yeux, mes amis. Et respirez, comme Augustin respire quand il parle à son Dieu :

"Tu es le médecin de mon intimité. Clarifie alors les choses pour moi. Quel bénéfice retirer de ce que je suis en train de faire? Les aveux de mes fautes passées, celles que tu as effacées et cachées pour me rendre heureux avec toi, mon âme transformée par la confiance et par ton sacrement, chacun peut les entendre ou les lire. Les coeurs sont réveillés et ne s'endormiront plus dans le désespoir en disant : je ne peux pas. Il sont éveillés à l'amour de ta pitié et à la douceur de ta faveur qui rend à tous les infirmes leurs capacités en même temps que la conscience de leurs infirmités. (...)  Qu'ils me connaissent personnellement ou pas, ils ont appris des choses sur moi directement ou indirectement. Mais ils n'ont pas une oreille branchée sur mon  coeur, là où je suis ce que je suis. (...) Ecoutez-moi. (...) J'avouerai ce que je sais de moi. J'avouerai aussi ce que je ne sais pas de moi. Ce que je sais de moi, je le sais quand tu m'éclaires. Et ce que je ne sais pas de moi, je n'en sais rien tant que ma nuit n'est pas midi sur ton visage." (St AUGUSTIN, Confessions, X, 4-7 = Les Aveux, trad. F. Boyer, POL, 2008, pp. 263-5, passim).

Vous avez lu?
Vous avec vu la grandeur de l'homme, et combien il est possible de se raconter sans se pavaner, quand on se raconte devant Dieu, quand on raconte devant Dieu son énigme et sa misère, c'est-à-dire, quand on prie?

jeudi 10 mai 2012

L'importance de "nos" écoles

"Nos" écoles... les écoles catholiques! Vaste programme! Je les connais par coeur, figurez-vous, "nos" écoles, parce que je les ai fréquentées (sauf pour la maternelle et le primaire : là, je suis un enfant de la communale), puis parce que j'y ai enseigné (dans le secondaire) ou que j'y enseigne aujourd'hui ( à l'Université encore qualifiée de "catholique", à Louvain), enfin parce que je, depuis que je suis doyen d'Enghien, je contribue (à titre plus symbolique qu'autre chose, mais tout de même) à les "administrer".
Eh bien je vais vous dire : de ce que j'en vois et de ce que j'en vis, je les aime, ces écoles, parce qu'il me semble qu'à tous les niveaux d'étude, elles ont perdu leur arrogance passée ("Nous sommes les meilleurs, nous valons mieux que ceux d'en face", etc., etc., bref, des bêtises) et tentent de correspondre de plus en plus, de mieux en mieux, à leur mission : être signe de l'espérance chrétienne à travers la rigueur de leur enseignement. Je suis frappé par la qualité de leur accueil, par leur souci, souvent exprimé et vérifié, de s'inquiéter des petites gens, des élèves, des parents, des professeurs aussi, fragiles dans leur santé ou leurs capacités. Je suis frappé par leur droiture dans le jugement, lorsqu'il s'agit d'évaluer des élèves ou des enseignants, ou de traiter avec le personnel. Je suis frappé par la qualité bénévole de ceux et celles qui, comme administrateurs ou membres d'assemblées générales,  gèrent ces hauts lieux de savoir, de culture, d'éducation et d'intelligence. Je suis frappé par la volonté de ne pas rompre les liens originels de ces lieux avec l'Eglise qui les a engendrés - quels que soient les reproches, et légitimes souvent, que l'on puisse faire à cette Eglise d'hier et d'aujourd'hui. Il y a, dans le chef de bien des acteurs de ces établissements, une conscience plus ou moins vive, plus ou moins explicite, d'une identité et d'une spécificité chrétiennes qui ne se réduisent ni à de vagues "valeurs" morales, ni à des célébrations liturgiques ponctuelles, mais qui aspirent à donner à ceux et celles qui les fréquentent quelque chose de la foi, non pas d'un endoctrinement (Dieu merci, si j'ose dire!), mais de ce que la foi porte en elle d'élévation de l'être humain, de grandeur de l'homme. ("L'homme passe infiniment l'homme", disait Pascal).
Tous ces  élèves, directeurs, enseignants, parents, etc., ne vont pas à la messe? C'est entendu. Mais nos assemblées sont quelquefois tellement pénibles qu'on ne leur en veut pas une seconde : à nous, les "pratiquants" de pratiquer en effet en sorte que la "pratique" se donne pour ce qu'elle est, la respiration inévitable de nos vie spirituelles. Quelquefois je me dis que "nous y sommes", quelquefois... que nous en sommes loin! Et vraiment, c'est notre tâche à tous (et pas seulement au curé, hein, arrêtez de lui faire porter tout le poids de tout : il est trop bavard, ou pas assez, beau ou moche, chantant bien ou mal, intéressant ou pas à écouter, il devrait être plus ceci, et moins cela, et ne pas trop s'occuper de ceci mais plutôt de ça, et ainsi de suite... Et vous, vous vous êtes regardés?) Donc, pas tous "pratiquants", bon, mais tous de bonne volonté, et je crois, beaucoup "aimants".
Evangile de Jean, chapître 15, évangile lu dimanche prochain : "Pas de plus grand amour que de donner sa vie". J'ai le privilège de voir, dans "nos" écoles, et à tous niveaux, des gens qui donnent leur vie au quotidien. J'en ai vu ce soir, lors d'une assemblée générale de l'école paroissiale de Silly, de ces gens admirables qui ne comptent pas leurs heures et leurs fatigues pour faire pousser droit des gamins auxquels ils veulent donner le meilleur d'eux-mêmes, Evangile compris. Auxquels ils veulent donner leur vie, le meilleur de leur vie.
C'est pas beau, ça, c'est pas magnifique?
De tout coeur, de tout mon coeur de prêtre, je les embrasse!


lundi 7 mai 2012

Inquiétudes de démocrate...

Que le vote grec d'hier ait pu envoyer au Parlement d'Athènes 21 députés ouvertement néo-nazis, voilà qui fait frémir, au moins autant que l'incapacité probable des partis représentés dans ce même Parlement à former avant longtemps un gouvernement d'Union Nationale. J'aime la Grèce, je la connais depuis longtemps, j'y ai souvent voyagé,  je parle (un peu...) sa langue, j'ai étudié son histoire, sa mythologie, sa littérature, ses beaux-arts. Je suis consterné devant ce naufrage, qui risque d'engloutir précisément le berceau de la démocratie. Et peut-être avec lui l'Europe entière, du moins l'idée que depuis la guerre on s'est faite de l'Europe : espace ouvert, d'échanges non seulement économiques mais culturels, exemple de respect de l'humain et de ses droits, bref, tout ce qui va avec la démocratie et qui, au départ, est né grec (et plus précisément athénien). Europe, princesse enlevée par Zeus pour la conduire aux cieux, qui de lui conçut Minos, le sage législateur... Où va l'Europe? De plus en plus, partout, des replis, la peste brune qui resurgit, l'égoïsme brandi comme un nationalisme (on se souvient de la formule choc - et terriblement vraie - de Mitterrand : "Le nationalisme, c'est la guerre!"), la peur de l'autre, la crispation sur "l'identité", la franchouillardise (voir les manifs d'extrême-droite en France intitulées "saucisson-pinard", ah, on va loin avec ça en guise de projet!) Depuis soixante-cinq ans, la construction patiente de l'Union Européenne a réussi à éviter les guerres fratricides : cette époque bénie sera-t-elle bientôt révolue? Tout cela fait peur, terriblement peur.
Je suis chrétien, je suis un homme d'espérance, je crois que rien n'est jamais perdu.
Je veux voir des signes d'espérance : peut-être le changement survenu hier en France sera-t-il positif, peut-être contribuera-t-il à redonner au débat budgétaire en Europe des paramètres plus humains, plus sociaux?
En attendant, restons vigilants, ne baissons pas la garde.  Aucune concession, jamais, aux idées (même répétées à l'oreille, en catimini) qui excluent les autres, qui pèchent  - j'emploie le terme à dessein - par ces rejets  mutuels qui ont conduit l'Europe, tant de fois dans son histoire, à s'entre-déchirer!

jeudi 3 mai 2012

Les célébrations de la foi

Le mois de mai, dans nos paroisses, est riche en célébrations de la foi pour les enfants et les jeunes : outre les baptêmes de petits enfants (sensiblement plus nombreux que durant le reste de l'année), ce sont les premières des communions, les professions de foi, les confirmations.
Ces moments ont leur part évidente de "rituels sociologiques", voire de rituels de passage (de l'enfance à l'adolescence, par exemple, entre autres pour les professions de foi généralement célébrées à la fin de la dernière année du primaire). Mais c'est peut-être cette caractéristique, cet ancrage dans la tradition de nos cités, qui leur a permis de se maintenir jusqu'à nous et qui nous invitent, chaque année, à les revisiter pour en faire de fraîches et vraies célébrations de la foi.
J'admire toujours l'enthousiasme, la compétence et le don de soi des catéchistes qui prennent un soin infini à s'occuper de la préparation et de la conduite de ces moments importants. Je suis aussi sensible au fait que, pour beaucoup d'enfants et de jeunes eux-mêmes, c'est un événement de premier plan dans leur intériorité et leur sensibilité spirituelle.
Il nous revient à tous, prêtres et communautés concernés, d'être présents à ces fêtes pour qu'elles soient des moments simples, familiaux, sincères, profonds, emplis de silence intérieur et extérieur, de vérité et finalement de joie.
Comme dit quelque part Marie Noël, si on nous enlevait cela, que resterait-il aux chrétiens pour fêter leur allégresse et les grands tournants de leur vie? "Des chevaux de bois, répond-elle, ou des discours de ministres!" Des kermesses tonitruantes ou des débats électoraux! La perspective - surtout en ce moment! - fait frissonner, en effet...