jeudi 28 septembre 2017

Lessines et ses merveilles

Chaque année, en "Région pastorale" - territoire plus vaste que les paroisses dont je suis directement responsable - nous organisons une excursion, à la scolaire, entre potes, confrères, diacres, animateurs en pastorale. Journée de détente, de découverte. Oh, cette année, nous ne sommes pas allés loin : à Lessines, voisine, patrie de René Magritte et des Pénitents du Vendredi-Saint, qui héberge entre autres "Notre-Dame-à-la-Rose". Hospice fondé par des religieuses dès le XIème siècle sur les bords de la Dendre, tenu à  bouts de bras par elles pendant neuf siècles, joyau d'humanité et de charité chrétienne, heureusement restauré et devenu espace patrimonial majeur depuis quelques décennies. On y peut entreprendre - c'est bien utile aujourd'hui - une méditation sur le soin, sur sa complexité (pas seulement un médicament donné, mais une prise en charge globale), sur son prix (il était offert aux plus pauvres), sur sa dimension à la fois spirituelle et respectueuse de tous et de chacun. Bel exemple de ce que l'Eglise a pu, localement, faire de mieux - accueillir, nourrir, soigner, aider, et finalement aimer. Des femmes - des religieuses - pendant des siècles, y vouèrent leur vie et leurs biens. Elles y furent admirables.
L'après-midi, visite aux "Cayoteux" de Lessines : avec mille précautions, descendre dans l'antre des carrières, casqués et protégés, voir les machines énormes qui extraient le porphyre, admirer le travail incroyable des ouvriers qui bossent là, fiers de leur boulot difficile, toujours à perfectionner pour qu'il demeure concurrentiel. Heureux de les connaître, de voir leur quotidien, leur patience, leur rage, aussi.
Et puis, vers 17h00, les vêpres chantées ensemble à l'église Saint-Pierre de Lessines, où samedi prochain se tiendra là aussi l'annonce des paroisses "refondées" et leur envoi en mission... Une joie plane sur tout cela, celle de la rencontre entre doyens, entre prêtres, entre diacres, entre responsables de toutes sortes, devenus conscients, peu à peu, d'une mission commune, urgente, qui décidera de la vie chrétienne dans l'avenir, ici, en cette partie occidentale du Hainaut.

jeudi 21 septembre 2017

Des nouvelles de l'abbé Honoré

Notre cher Vicaire, l'abbé Honoré Kabuanga, a été opéré ce matin à Bruxelles - une opération délicate et douloureuse. J'ai pu en fin d'après-midi avoir de sa part les premières nouvelles, qui sont bonnes et rassurantes. L'intervention s'est bien passée, et il est tranquillement dans sa chambre où il reçoit, j'en suis certain, d'excellents soins.
Nous prions tous pour lui - je le lui ai promis! Il sait combien nous lui sommes tous attachés et combien nous l'estimons!

Refondation, fondations, théologie, Marie Noël

Retour de Paris, ce jeudi.
Et voilà une semaine déjà bien remplie.
Dimanche, notre célébration d'envoi de l'Unité Pastorale "refondée", a été, je crois, un beau moment, apprécié par tous - en ce compris les autorités communales présentes, à ma grande joie. On voit, ou plutôt, on "sent" l'enthousiasme, la "multiculturalité", comme on aime à dire - quel bonheur, notre "chorale africaine" venant chanter en alternance avec la chorale formée des divers clochers du Doyenné, quel bonheur de les voir faire ensemble vibrer une assemblée qui ne demandait pas mieux. Belle présidence, belle homélie de notre évêque, aussi : j'en retiens qu'il ne faut pas "ajouter du mal au mal" et que notre Eglise est là pour concourir au bien, au bien commun. Horizon pacifiant - nous ne sommes pas là comme un bastion d'idées toutes faites, ou, pire encore, d'idéologie, mais comme un réservoir de bonté, la bonté même de Dieu, au service du plus grand nombre. Naturellement, maintenant, il faut se retrousser les manches, bien sûr, tout ça, c'est du boulot, mais l'ardeur y est, et nous y allons ensemble!
Le lendemain lundi, départ pour Paris et, mardi, participation au Colloque de rentrée du "Theologicum",  la Faculté de Théologie de l'Institut Catholique de Paris - mon ancienne école, si j'ose dire (j'y ai passée deux belles années, il y a bien longtemps, entre 1984 et 1986.) Journée de travail consacrée, comme je l'ai déjà signalé, à Marie Noël, à la pertinence, à l'actualité de son Œuvre, cinquante ans après sa mort - une journée riche d'interventions remarquables, sociologique, psychologique, pastorale, théologique, liturgique, littéraire, etc. C'est Arnaud Montoux, magnifique jeune théologien (auteur d'une récente et imposante thèse sur la théologie clunisienne) qui présidait aux débats; et la présence, si simple, si fraternelle, et les propos,  de l'archevêque-évêque de Sens-Auxerre, Monseigneur Giraud, donnaient à l'ensemble une tonalité ecclésiale que notre poétesse n'aurait pas désavouée.
J'en ai parlé le soir même en dînant comme prévu avec Angelo Rinaldi, et ce fut une belle soirée, où nous avons évoqué la condition enviée et pourtant difficile de ceux qui se vouent à la littérature, ceux qu'on nomme - il y en a au fond peu par siècle - des "écrivains" et qui ne sont pas seulement des "auteurs".
Et mercredi, journée des amis plus proches, des parents de l'un de mes grands filleuls - nous nous voyons si peu et avons tant à nous dire, quand nous nous voyons!
Comme tout cela passe vite, comme la vie nous entraîne dans sa danse, comme elle file.
Mais celle qui domine tous ces jours, et encore une fois, et pour toujours, c'est Marie Noël, la Dame d'Auxerre - dès lundi soir, Francis mon ami prêtre et moi avions déniché, furetant dans une librairie du Boulevard Saint-Germain, le volume récemment publié de sa Correspondance avec l'Abbé Mugnier, dont on fit si grand cas, et à juste titre, le lendemain lors du Colloque que j'ai évoqué. Volume intitulé, d'un mot qui est d'elle évidemment, J'ai bien souvent de la peine avec Dieu (Correspondance établie par X. Galmiche, Cerf, 406pp.)  Un inédit ponctue ce volume : Ténèbres, pièce magnifique, qui dit le tourment si contemporain, si nécessaire, de celle qui décidément croit en Dieu, mais doute de lui en même temps. J'en cite un vers, qui m'éblouit, m'émeut, me plonge dans un abîme d'affection et de pensée tout ensemble :
"O Dieu qui n'êtes pas comme si Vous étiez..."
Ah, vraiment, je ne sais pas si elle sera un jour "Bienheureuse" ou "Sainte", mais comme Marie Noël nous aura aidés, tous et tant, à croire et aussi à aimer. Voilà les vraies fondations et refondations de nos vies, de nos paroisses, de nos cœurs - tout cela va ensemble. Heureusement!

vendredi 1 septembre 2017

Marie Noël, littérature...

Cette année 2017, jusqu'en 2018, sera marquée par la commémoration du cinquantième anniversaire de la mort de Marie Noël, la poétesse française à propos de laquelle j'ai autrefois publié un essai qui fut, je pense, lu - puisque republié à plusieurs reprises. L'archevêque de Sens-Auxerre a demandé, avec l'accord de ses confrères évêques - je l'ai déjà signalé - que soit ouvert le procès de béatification de Marie Noël, parce que la qualité de son Œuvre littéraire a encouragé beaucoup de personnes dans la vie spirituelle chrétienne. Je me réjouis de cette décision, et je participerai, en y faisant une intervention, au Colloque que l'Institut Catholique de Paris consacre à cette grande dame le mardi 19 septembre prochain. J'y évoquerai un poème décisif de l'Auteur - "Jugement", qui se trouve en finale des "Chants et Psaumes d'automne" - pour dire sa perspicacité et sa justesse théologiques.
Je profiterai de ce court séjour pour revoir ou essayer de revoir des amis de longue date, parler avec eux, surtout, de littérature, et donner aussi une interview sur "Radio Notre-Dame", la radio catholique de Paris, le 20. Entre autres ai-je convenu de dîner, le soir du 19, avec Angelo Rinaldi, académicien français, et exécuteur littéraire de Hector Bianciotti. Avec lui, nous évoquerons l'idée de faire, pourquoi pas, entrer Hector dans la Pléiade, la prestigieuse collection de Gallimard. Immortel, Hector l'est déjà dans nos cœurs autant qu'auprès de Dieu, par l'amitié si précieuse qu'il a bien voulu nous donner. Il l'est, bien sûr, par tradition, puisqu'il était un magnifique académicien, et donc en effet un "Immortel". Peut-être est-il souhaitable qu'il le devienne encore un peu plus par son Œuvre...
A chacun sa gloire, posthume - pour Marie Noël, espérons-le, celle des autels; pour Hector, celle du papier-bible! Eux que j'imagine désormais complices doivent en sourire en se disant que ces reconnaissances ne sont plus vraiment leur affaire...

Rentrée nouvelle, nouveaux défis

Le 1er septembre est toujours une date-charnière : même si l'on ne va plus à l'école depuis longtemps, c'est la date de la rentrée, et aussi de la rentrée pastorale. Chez nous, dans le doyenné d'Enghien-Silly et plus largement dans la Région Pastorale d'Ath, cette rentrée est marquée par l'envoi des "Unités Pastorales refondées" - nom un peu barbare pour désigner une relance de nos énergies et de nos enthousiasmes aux fins de mieux exercer notre vocation chrétienne dans le monde tel qu'il est et tel qu'il va.
A Enghien, le 17 septembre prochain, notre évêque présidera une Eucharistie à 11h00 - la seule du week-end, du reste, pour les deux entités d'Enghien et de Silly - durant laquelle il enverra en mission une Equipe d'Animation Pastorale légèrement renouvelée, et un tout nouveau Conseil Pastoral représentatif des divers clochers paroissiaux et des divers services que nous voulons rendre à tous (jeunesse, initiation chrétienne et catéchèse, liturgie, patrimoine, etc.) Il fera transmettre à chacun un "carnet de route" : les choix et priorités dont nous avons convenu avec lui pour les trois années à venir.
Tout cela pourrait n'être qu'un organigramme un peu plat: il est facile de remplir des cases sur des feuilles et de dire que tout va bien lorsqu'elles sont pleines - l'Union Soviétique le faisait dans les années cinquante, en prétendant que tout allait pour le mieux quand le peuple russe mourait de faim. Notre fondation et notre refondation ne sont pas dans les chiffres et la multiplication des conseils, mais dans le Christ : c'est lui le vrai fondement. Et si nous ne sommes pas, chacune et chacun de nous, greffés aux Christ, alors tout ce remue-ménage est vide de sens.
Ainsi donc cette rentrée s'accomplit non comme une formalité administrative, mais comme un renouveau spirituel : que chacune et chacun renouvelle son attachement au Christ, compagnon de nos vies, Celui qui les éclaire et les accompagne, Celui qui les "sauve" et permet entre nous la fraternité souriante hors laquelle il n'est pas de témoignage en son nom.
Alors, les réformes engagées et les présences promises dans les écoles, auprès des jeunes, auprès des personnes plus fragiles économiquement ou psychologiquement, dans les homes et auprès des personnes âgées ou malades, dans l'accompagnement catéchétique et spirituel des grandes étapes de la vie chrétienne, dans le soin apporté à nos célébrations liturgiques, etc., alors, oui, tout cela portera du fruit, j'en suis certain.


Bonne rentrée à tous, donc, et dans l'enthousiasme!