dimanche 28 avril 2013

Richesse de la maladie

J'ai visité ce soir un ami de longue date, qui s'en va doucement, atteint par un cancer au stade terminal. Il est chez lui, admirablement soigné par une équipe de soins palliatifs, par notre ami commun, médecin, par son épouse. Je suis édifié - au sens premier de ce mot, "construit" - par sa sérénité, alors que je ne le crois pas particulièrement "croyant" (mais ceux qui lisent ce blog savent que je ne fais plus guère confiance à ces catégories malcommodes). Nous avons papoté un peu, en grande vérité et transparence, de ses symptômes, de ce qu'il ressent, aussi - une espèce de douce fatalité, mais dans laquelle n'entre pas de résignation. "Je me sens prêt", dit-il. Il voudrait, en gastronome qu'il est, pouvoir encore une fois partager avec moi un repas dans un restaurant que nous aimons lui et moi, mais les déplacements lui coûtent. Au risque de choquer, je dirais que ma prière dans la voiture, au retour, consistait à demander que nous puissions exaucer ce vœu, ce serait comme une espèce de cadeau du ciel, une heureuse surprise.
Si quelque chose passe, dont il a besoin peut-être, de ma ferme espérance en la vie éternelle, de l'amour que Dieu ne cesse de lui porter, de la tendresse du Christ pour lui en ce moment de riche vérité, ce sera au travers d'un repas.
La Bible n'en est-elle pas pleine, de ces repas décisifs dans lesquels Dieu s'invite à nos tables?

dimanche 21 avril 2013

Tâches et joies d'un week-end

Ce week-end aura donc commencé dans le débat d'idées : vendredi soir, j'étais convié par le "Lion's" de la Région à une conférence à deux voix avec le Prof. Hervé Hasquin, ancien Ministre, ancien Recteur de l'ULB, actuel Secrétaire Perpétuel de l'Académie Royale  de Belgique, sur les rapports entre catholicisme, franc-maçonnerie et islam. Débat serein, me semble-t-il, plein de compréhension mutuelle, de désir de rencontre à travers les différences affichées et assumées, dans le bel auditorium du Musée de "L'Hôpital à la Rose" de Lessines. J'espère  que les quelque 220 personnes présentes  y auront trouvé de quoi progresser dans leur conviction et dans leur liberté de croire et de penser...
Le lendemain, samedi, funérailles à Enghien, d'une dame âgée et aimée de tous. Et puis rencontre avec un couple de fiancés. Et puis déjeuner avec Simon, "notre"séminariste, que je pense de plus en plus  attaché à la découverte de la vie paroissiale. Et, avec lui, rencontre douloureuse, ensuite, avec une famille déchirée par le deuil le plus cruel - quelqu'un qui a "voulu" partir. Pas facile de trouver les mots, d'être là sans être indiscret, d'essayer de comprendre et de réconforter... Messe paroissiale ensuite, à Marcq, messe du dimanche, belle assemblée et bien chantante pour célébrer le Christ Pasteur en ce 4ème dimanche de Pâques.
Puis, à Cambron-Casteau, en compagnie, entre autres, du Gouverneur de la Province et de notre Evêque, vernissage d'une exposition dans l'église médiévale : des œuvres (lithographies, surtout) de Dali autour de son "mysticisme". Une initiative remarquable, qui mêle le culturel et le cultuel, qui allie l'art contemporain et l'insère dans notre patrimoine architectural. Moments de découverte - événement à voir et à recommander, jusqu'en octobre.
Au retour, avec Simon, nous avons trouvé indispensable  de passer déguster une crêpe (je mens : deux!) au Collège Saint-Augustin, dont c'était la "fancy-fair", ce week-end, et de saluer des gens qui s'y dévouent et que j'admire de tout mon cœur, Principal en tête : tout ce qu'ils font, sans compter leur temps ni ménager leurs forces, pour les jeunes, pour l'éducation, pour l'enseignement! Formidable!
Et ce dimanche matin, joie, vraie joie, de présider les Premières Communions à Graty (avec le baptême du petit frère d'une communiante) : les enfants, vraiment, dans leur simplicité, sont peut-être ceux qui comprennent le mieux la grandeur de l'eucharistie, du don de Dieu; ils y vont tout simplement, tout droitement, en confiance. C'est nous, les adultes, qui "chipotons". Les enfants, dans la vie spirituelle, sont nos maîtres : Jésus le dit dans l'évangile, les grands mystiques l'ont répété (voir, évidemment, Thérèse de Lisieux), mais nous n'y croyons pas, parce que nous prenons cela pour de l'infantilisme ou de la bondieuserie, alors que rien n'est plus sérieux que l'enfant.
Messe à Silly, ensuite, bien animée  aussi par une chorale dont j'apprécie de plus en plus l'enthousiasme.
Et, à 15h00, direction Dinant, pour l'ordination presbytérale de Tanguy Rivière, originaire de Silly, moine prémontré de Leffe. Beauté de la collégiale, adossée à ses rochers, éclatante de fleurs; maestria des chants des "Petits chanteurs de Belgique"; simplicité, humour, profondeur dans le "ton" et l'homélie de Monseigneur Kocherols, évêque auxiliaire de Bruxelles, qui présidait; joie de voir Tanguy reçu dans l'ordre des prêtres, comme il l'avait depuis si longtemps désiré, joie de voir ce qui est à la fois un aboutissement et un commencement. Quelques paroissiens de Silly et d'Hellebecq étaient là, faisant le "raccord" : on ne vient pas de nulle part, et Tanguy a grandi chez nous, y a vécu ses épreuves et son mûrissement, épreuves et mûrissement nécessaires  à la vocation de tout prêtre.
J'ai reconduit "notre" Simon à Namur, où il passe son Séminaire, et là nous avons dîné ensemble et partagé encore sur ce qui fait notre choix, à vingt-cinq  années de distance (et plus!), ce choix finalement toujours étrange, toujours déroutant, que les intéressés eux-mêmes au fond comprennent mal et auquel ils ne peuvent pas résister : devenir prêtre. Alors que la charge, quelquefois, est lourde, les contradictions, nombreuses, les contraintes, difficiles.
Monseigneur Kocherols, dans son homélie, reprenant une parole du pape François, disait : "Que les pasteurs soient proches de leurs brebis, qu'ils en reniflent l'odeur." Et il ajoutait : "Quelquefois, ça sent l'étable, pas la rose." (Ceci, je pense, à destination de ceux qui croiraient que la vie pastorale est un jardin fleuri d'honneurs et de reconnaissances.)
Mais les pasteurs sont eux-mêmes d'abord des brebis, qui ne respirent pas  toujours la rose. Qu'ils ne l'oublient pas : ils ne valent pas mieux que les autres. Et pourtant, ils ont été choisis pour dire l'amour du Christ Pasteur, "qui donne sa vie".
Comprenne qui pourra!
Riche week-end, vraiment. Riche en émotions
Et fatigant, à mon âge!

dimanche 14 avril 2013

Confirmer des jeunes dans la foi

Cet après-midi, j'ai eu, pour la deuxième fois, la joie de confirmer sacramentellement des jeunes dans la foi, au nom de l'évêque. Et vraiment, c'est une joie - c'était à Wodecq, dix-huit ados de l'entité d'Ellezelles.
C'est une joie de pousser ces jeunes vers le Christ, de leur donner une tape sur l'épaule, de leur dire :"Allez! La vie avec le Ressuscité est belle et heureuse, vraiment elle vaut le coup, et l'Esprit de Dieu, de liberté, de force, de sagesse, tant que je peux, tant qu'il est en mon pauvre pouvoir de prêtre, de tout cœur, je te le donne!"

Quem tu imples, subleuas eum.
"Celui que toi, tu combles, tu l'allèges."(St AUGUSTIN - encore, oui, je sais, Confessions, X, 39)

Manifs en France : pas n'importe quoi!

Chacun pense ce qu'il veut de la proposition de loi française sur "le mariage pour tous". Comme la France n'est pas mon pays, je me garderai bien d'émettre ici une opinion sur le fond de l'affaire. Et  je comprends que des personnes, et en grand nombre, manifestent contre ce projet dans les rues de Paris : c'est la liberté d'expression heureusement offerte à chacun dans nos démocraties.
Mais :
lorsque des Catholiques sont associés, comme participants ou organisateurs, à des dérives injurieuses et violentes dans  ces manifestations, alors, je me permets de leur dire  : ça, non! Jamais.
Jamais de violence au nom du Christ!
C'est le plus grand blasphème qui se puisse faire.
Amis Catholiques de France, vous qui si volontiers vous prétendez "fils aînés de l'Eglise", ne faites pas honte à notre foi!
Par pitié, arrêtez ça!

jeudi 11 avril 2013

La mort la plus mortelle; la Vie la plus vivante

La mort la plus mortelle n'est pas la mort physique, inévitable, liée à l'espèce - et, du reste, nécessaire : où mettre tout le monde, si on ne mourait pas? La mort physique n'est que le signe d'une mort plus décisive, plus sournoise, plus quotidienne : la mort du cœur, au sens spirituel de ce terme. N'avoir plus de cœur pour aimer, vivre renfermé, replié, racrapoté, méfiant de tout et de tout le monde, hostile a priori aux changements, incapable de voir l'autre : ça, c'est "la" mort. Et elle est bien plus terrible que l'autre...
La Vie la plus vivante n'est pas non plus celle qu'on croit. On admire la vie du bébé, la pétulance de l'adolescent, la fougue du trentenaire... pourtant, on sait tout cela fragile, comme l'est la beauté physique. C'est, comme dit Augustin (encore lui...), "le charme d'un temps". Pas plus! Il ne faut pas s'accrocher à cela - rêves idiots de la plastique américaine, de l'exaltation communiste du corps athlétique et vigoureux, rêves idiots, oui, parce que rêves, et parce que méprisants pour ceux qui n'entrent pas dans les canons ridicules ainsi imposés, les moches, les handicapés, les vieux, etc. Tristesse de voir certaines personnes passer leur vie à essayer de rester "jeunes" physiquement, alors qu'elles feraient bien mieux de vieillir tranquillement loin des crèmes de beauté et des bistouris inutiles!
La vraie Vie est plus vivante que cela : la vraie Vie, c'est la vie de Pâques. Ce n'est pas le prolongement indéfini (et problématique!) de la vie physique, c'est l'irruption de Dieu dans nos vies d'hommes. La jeunesse de Dieu, perpétuelle. La beauté de Dieu, ineffaçable!
Ce que nous offre le Ressuscité, cette "relevaille", ce relèvement de tout nous-même!

mercredi 3 avril 2013

La démocratie en danger

La France a été, reste et, j'espère, demeurera, le berceau de nos libertés démocratiques.
C'est pourquoi la récente et double  "mise en examen" (en Belgique, on dirait : inculpation) de l'ancien Président de la République (de droite) et d'un actuel Ministre (de gauche), celui-là pour abus de faiblesse sur une vieille dame, celui-ci pour fraude, est une très mauvaise nouvelle.
Bénéficiaires : les mouvements et partis d'extrême-droite.
Perdant : le peuple.
Relire Platon, relire La République de Platon : lorsqu'on se moque des gens, lorsqu'on leur ment, on passe "immédiatement" de la démocratie à la dictature.
Platon pensait, évidemment, à Athènes.
Nous pouvons penser à l'Allemagne des années '30 - ce que, pour mémoire, disait notre Roi dans son discours de Noël.
Quel que soit leur niveau de pouvoir, je suis rempli d'admiration pour les hommes et femmes politiques qui, malgré les tentations récurrentes, tiennent droit le cap du bien commun. Renoncent aux idéologies, aux pressions, au goût du pouvoir. Et agissent selon leur conscience, une fois élus, sans avoir d'abord en tête le souci de leur réélection. Je crois qu'on ne mesure pas assez le courage qu'il faut pour vouer sa vie à pareille tâche.