J'ai visité ce soir un ami de longue date, qui s'en va doucement, atteint par un cancer au stade terminal. Il est chez lui, admirablement soigné par une équipe de soins palliatifs, par notre ami commun, médecin, par son épouse. Je suis édifié - au sens premier de ce mot, "construit" - par sa sérénité, alors que je ne le crois pas particulièrement "croyant" (mais ceux qui lisent ce blog savent que je ne fais plus guère confiance à ces catégories malcommodes). Nous avons papoté un peu, en grande vérité et transparence, de ses symptômes, de ce qu'il ressent, aussi - une espèce de douce fatalité, mais dans laquelle n'entre pas de résignation. "Je me sens prêt", dit-il. Il voudrait, en gastronome qu'il est, pouvoir encore une fois partager avec moi un repas dans un restaurant que nous aimons lui et moi, mais les déplacements lui coûtent. Au risque de choquer, je dirais que ma prière dans la voiture, au retour, consistait à demander que nous puissions exaucer ce vœu, ce serait comme une espèce de cadeau du ciel, une heureuse surprise.
Si quelque chose passe, dont il a besoin peut-être, de ma ferme espérance en la vie éternelle, de l'amour que Dieu ne cesse de lui porter, de la tendresse du Christ pour lui en ce moment de riche vérité, ce sera au travers d'un repas.
La Bible n'en est-elle pas pleine, de ces repas décisifs dans lesquels Dieu s'invite à nos tables?
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