mercredi 16 décembre 2009

Une lettre de Jacques Sojcher

Je reçois ce matin une lettre de mon ami Jacques Sojcher, professeur émérite à l'ULB, juif, athée, qui répond à une autre lettre, celle-là répondant elle aussi à la sienne, etc., etc., bref, voici un extrait de notre correspondance. Je le cite non pour l'exhibition, mais parce que je crois que, comme dans l'antiquité, certaines lettres méritent d'être rendues publiques. En l'occurrence, celle-ci manifeste le sens du dialogue entre "croyants" et "non croyants" (concepts flous, obsolètes, dépassés) qu'il me semble indispensable de cultiver dans notre société, dans notre Eglise et dans notre culture. Voici donc :

Bruxelles, 15 décembre 2009,

Cher Benoît,

Moi aussi, cher Benoît, je me sens plus proche de toi que de la plupart des athées ou agnostiques de mes connaissances. L'appartenance se décline au pluriel et dépasse toutes les identités figées et convenues.
Dieu est peut-être au-delà de Dieu. Pour un "incroyant" comme moi, il est dans la droiture d'un homme qui avance en doutant de tout, sauf de la vie et de la dignité des vivants.
Si la foi est une folie (une stultitia, dit Pascal), je partage, sans la foi, cette folie, qui est aussi une joie étrange devant le mystère de la vie et une force qui accompagne notre faiblesse. Cela fonde une amitié : celle de la rencontre de deux hommes qui partagent ce qui les dépasse.
Pour moi, Dieu est un "personnage" conceptuel et un catalyseur d'émotions - sans doute le plus important de l'histoire. Si je ne crois pas en sa "Personne", à l'Evangile et au Salut qu'Il apporte, je crois à son message d'amour... si éloigné de tous les mésusages théologico-politiques et des vulgates de la superstition.
Toi, tu rencontres aujourd'hui les souffrances et les espérances de tes paroissiens. Tu vis l'humanité de l'homme.
J'aimerais te revoir à Enghien, que j'ai connu comme professeur de français et de morale à l'Athénée Royal d'Enghien de 1963 à 1968. Je me souviens du très beau parc, d'un restaurant au nom d'arbre (à l'entrée du Parc?), d'un très beau couvent, du café des sports sur la Grand Place.
Retrouvons-nous donc sur les chemins de ta pastorale et sur ceux de l'amitié,
De tout coeur,

Jacques.


Merci, Jacques.

samedi 5 décembre 2009

Orval

Je suis rentré hier soir d'une semaine de retraite à l'abbaye cistercienne d'Orval. J'avais, il y a un peu plus d'un an, promis aux moines de leur prêcher leur retraite, comme je le fis souvent dans nombre d'abbayes de France, de Suisse, de Belgique, surtout dans des abbayes cisterciennes, durant ces vingt dernières années. Je ne savais pas alors que je changerais d'affectation - j'ai pris cela comme une chance, j'ai dit aux moines : je le fais, mais mettons-nous en retraite ensemble, j'en ai besoin aussi.

Ce sont de vrais frères. Des amis. Leur simplicité, la simplicité cistercienne, me touche toujours, m'émeut au plus profond. Il n'y a là rien d'apprêté, rien de surfait. Que de la vérité, dite clairement, posément, les yeux dans les yeux le souci de l'Eglise, de la vie évangélique.

Nous ne comptons pas assez sur les moines. Sur leur présence priante, fidèle, quotidienne, à la vie de l'Eglise - à notre vie. Quand nos forces défaillent, ils sont notre force. Quand notre coeur défaille, ils sont notre coeur. Quand notre foi défaille, ils sont notre foi.

Lode, l'Abbé, m'a dit : "Avec toi, à Enghien." Je sais qu'Enghien est dans leur coeur. Et aussi : "A ta prochaine fatigue, en clôture, avec nous, dans notre vie." Quel privilège! Tant de personnes ici, ont des fatigues plus grandes que les miennes, et aucun lieu pour les partager : si je pouvais être une aide, ne serait-ce qu'une petite aide, pour les plus isolés.

samedi 21 novembre 2009

les amis

Que ferions-nous sans les amis et sans les amitiés?
Il y a les amis de longtemps, de toujours : je viens d'appeler deux d'entre eux, des Français, au téléphone. L'un et l'autre me disent : "Viens, tu es chez toi". Et je sais que ce ne sont pas là des formules...
Il y a des amis locaux, tellement présents, tellement discrets, tellement efficaces. Une promenade, un repas partagé, un coup de fil : la vie, quelquefois rude, redevient joyeuse parce qu'on lui oppose ce rire effronté, ce rire de gamin, qui se moque de la mort.
Vive(nt) les amis.

mercredi 18 novembre 2009

De la fatigue pastorale...

Retour encore sur quelques semaines d'expérience pastorale nouvelle... Beaucoup de joie, beaucoup de fatigue.
Beaucoup de joie dans la rencontre des personnes, même des personnes en détresse, car la joie spirituelle n'est pas la jouissance béate, mais la communion. Ce soir encore, l'annonce d'une naissance qui se passe très mal, le bébé va mourir, il y a les perplexités éthiques, l'acharnement thérapeutique à éviter, l'euthanasie à éviter aussi, la souffrance, surtout, à contrer, et la peine infinie des parents déboussolés à gérer... Mais que des personnes à ce point touchées se confient à vous, en pleurant, ce balbutiement immérité, ce partage au-delà des mots, voilà qui donne la joie, oui.
Beaucoup de fatigue, aussi : les habitudes de la bien-pensance, les petits privilèges qu'on veut sauvegarder dans les organigrammes paroissiaux (si dérisoires, après tout), le nombrilisme toujours là (et moi? et moi! hé, moi...), la facilité avec laquelle on sacrifie le bien commun à l'intérêt particulier, le manque de vision à moyen terme, etc., etc.
A chaque jour, son lot.
A chaque jour suffit sa peine, comme dit le proverbe.
A chaque jour sa fleur de joie.

dimanche 11 octobre 2009

Nouvelles expériences

Ce blog a peu de lecteurs, mais je tiens tout de même à le mettre à jour.
J'y dirai d'abord les nouvelles expériences que je vis ici à Enghien (Edingen) depuis environ un mois.
Beaucoup de belles découvertes : que de personnalités attachantes, chacune à sa façon aimant l'Eglise, voulant que l'Evangile soit dit et proclamé sans arrogance, mais comme une aide à la société.
Beaucoup de bonne volonté, de richesse humaine.
Beaucoup de vie, de vie évangélique partout bouillonnante!
Beaucoup de personnes qui demandent "Comment puis-je aider?"
Vraiment, j'ai de la chance d'exercer ici le ministère que l'Evêque m'a confié. Je me sens déjà chez moi dans cette ville, dans cette maison, dans ce doyenné, dans ces paroisses dont je suis devenu le curé.
Bien sûr, quelques obstacles : des personnes ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre que les temps changent, des personnes "établies" comme propriétaires d'un domaine voient inévitablement leur influence bouleversée avec l'arrivée d'un nouveau responsable (un responsable, faut-il le dire, peu prêt à se laisser dicter sa conduite). Ils apprendront.
A chacun son cheminement, à chacun son rythme.
A moi, sans doute, le plus lent.
Je n'exigerai rien de personne, sauf ce qui me seItaliquemble strictement le bien commun et la condition minimale de l'annonce évangélique. Pour le reste, je me sens trop pauvre pour édicter je ne sais quelle norme.
Quelle belle mission, et comme elle me rend heureux!
Deux livres, à recommander : le beau texte de Patrick Kéchichian, Petit éloge du catholicisme, qu'il vient de faire paraître chez Gallimard (coll. Folio 2euros) : ce converti, ami de longue date, y clame son émerveillement toujours recommencé devant la beauté de la foi, de ses rites, de ses textes, de sa vie. Et puis, de Michel Cool, cet essai Pour un capitalisme au service de l'homme. Paroles de patrons chrétiens, Albin Michel, qui vient comme un ensemble d'exemples à la remarquable encyclique du pape Benoît XVI, trop vite passée inaperçue, L'amour dans la vérité, publiée en juillet de cette année. Des textes admirables, prophétiques, une provende.

mercredi 1 juillet 2009

REPOS

En sortant de l'église, ce matin-là, j'avais décidé de rédiger quelques papier en retard et de les expédier par courriel. Me voilà donc, tout radieux, devant l'écran du PC...qui "se plante", comme on dit aujourd'hui. Rien à faire pour réactiver mes connexions adsl! Immédiatement, panique à bord : téléphoner, vite, au réparateur, imaginer, vite, tout ce qu'on avait prévu comme échanges et qu'il faudra reporter...
Et pourquoi, "vite"? Voilà que, dans l'église, j'avais goûté au repos de Dieu et un rien, déjà - une contrariété informatique - m'en détournait. J'étais reparti dans l'inquiétude, dans le souci, dans la frénésie, parce que mon petit projet était perturbé. Qu'il est difficile d'être en repos! J'avais pourtant bien vu, dans l'aube de cette journée, que le vrai, le seul repos est en Dieu, comme l'écrit saint Augustin au début de ses Confessions : "Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre coeur est sans repos tant qu'il ne repose pas en toi!" Inquietum, dit le latin : privé, de quies, de repos, in-quiet. Tout nous convoque à l'inquiétude. Dieu seul nous reconduit au repos.
Je me suis donc mis à évaluer mon inquiétude, à en rire, et même à en avoir honte : qu'est-ce qu'un retard dans le courriel, par rapport à d'autres empêchements, chez tant de personnes, autrement plus graves : il fallait tourner mon coeur vers ceux qui commençaient eux aussi cette journée dans l'angoisse de la maladie, du handicap, d'un enfant souffrant, d'un déchirement conjugal, d'une agonie et d'un décès pour aujourd'hui, d'une dépression... La liste est longue, des malheurs humains que tant et tant traversent en même temps qu'une inquiétude légitime!
Dans les vacances qui commençaient, cette bienheureuse panne m'avait remis devant le vide que Dieu seul peut combler en l'homme, devant ce désir de repos qu'il met lui-même au creux d'Adam pour la traversée qu'Adam doit faire sur cette terre, et qui le fait marcher, exclu du Jardin trop clos et trop confortable, du Jardin sans souci, vers une espérance. Le repos est l'invers de l'inquiétude, c'est une inquiétude traversée. De ce repos-là, les moyens ne sont pas d'abord ceux que vantent la publicité et le "holiday marketing" : le gagnant d'euro-millions, sur les affiches, peut bien nous être présenté comme un pacha débonnaire voguant dans une piscine de luxe devant un château plus grand que celui de la Belle au Bois dormant - un pâle succédané d'Eden -, on se dit que le pauvre homme, une fois rhabillé, gardera ses angoisses. L'idée même de "vacances perpétuelles" n'est à l'évidence qu'une illusion de bonheur, un erstaz, comme l'idée d'un monde où tout fonctionnerait sans, jamais, aucune anicroche.
Je me suis rendu chez ma voisine, une femme âgée et impotente, qui garde en toutes circonstances aux lèvres un sourire et au coeur une bonté capables de rassurer toutes les tristesses. Elle m'a offert du café, et pour une fois je me suis longuement assis auprès de ce monument de sagesse qui a traversé la vie et ses misères (la guerre, la mort d'un enfant, les soûleries d'un autre) avec la provision de courage des gens simples de chez nous. Je n'ai pas osé lui raconter ma contrariété informatique à laquelle, du reste, elle n'aurait rien compris. Mais je suis sorti de chez elle avec ce surcroît d'âme que seule permet la fraternité.
Je me suis rassis devant le PC, pour voir ce qui fonctionnait encore. La panne, par je ne sais quel miracle, s'était résorbée toute seule. Bien entendu!

lundi 29 juin 2009

VACANCES

Revoici le temps béni des vacances. L'étymologie dit : de vacare, "être vide, manquer". Et je ressens d'abord ce creux : l'agenda s'est désempli, la surcharge est moindre, voici tout à coup la page blanche. Pour un peu, j'en serais désarçonné, moi qui cours tous les jours après le temps sans le rattraper. D'un côté, c'est l'oasis longtemps rêvée. D'un autre, la bascule : on passe du tout au (presque) rien, du plein au vide. Mais, pour parodier Bécaud, "et maintenant, que vais-je faire, de tout ce temps, que sera ma vie?"
Oh tout me convie à combler au plus vite cette béance offerte : ré-emplir mes journées, par tel voyage ou telle sortie, tels amis que je n'ai pas vus depuis trop de mois, et surtout il y a ce sommeil en souffrance, à récupérer. Comme si je devais, vite, vite, occuper le terrain déserté par de nouvelles tâches. En réalité, c'est que ce "rien" m'effraie, moi comme tout le monde. L'être humain a peur du vide, c'est bien connu, il ne se penche sur ses bords qu'avec la plus grande appréhension, le vertige d'emblée lui tourne la tête. Dès qu'un manque lui ronge le ventre, il se hâte de le remplir : la porte, sinon, ne serait-elle pas ouverte à la gamberge, à la déprime même? Ce que Pascal, le philosophe, appelait au XVIIème siècle le "divertissement" aura tôt fait de le rassurer...
Je suis entré ce matin dans l'église de mon village. Elle est trop souvent fermée mais, bien sûr, j'en possède la clé. Il était sept heures. Pas un bruit, sauf le roucoulement des pigeons qui suqattent le clocher. Les vitraux cu choeur, de qualité artistique contestable - ils sont XIXème - commençaient à recevoir et à diffracter la lumière de l'Est, l'aube de la résurrection. Malhabiles, ils représentent d'un côté du maître-autel la dernière Cène, de l'autre, les disciples d'Emmaüs : deux évocations de l'eucharistie. Je me suis assis dans la promesse de cette journée, avec au creux du coeur ce vide, cette vacance. Dieu s'y offrait à mon désir dans une bien plus grande béance, celle de son amour.
Au coeur de ce vide, une grande attente : celle de Dieu. "Je t'attends", voilà le mot qui résonnait à mes oreilles et, plus encore cet autre, prolongé dans le silence du petit matin : "Je te cherche". Avec l'aube venait à moi un Dieu lui-même vacant, vide, sans a priori sur ma personne, n'ayant qu'un désir : être assez dépouillé pour me combler. "Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même..." Ainsi parle Paul, lorsqu'il raconte aux Philippiens la geste du Christ et lorsque, ce faisant, il nous raconte qui est Dieu pour les hommes (cf. Ph 2, 6-7) : un abîme d'amour e quête du nôtre, une quête amoureuse de notre quête.
J'avais envie de dire les versets du psaume des Laudes, ce matin-là : "Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube, mon âme a soif de toi..." Et sans que j'eusse prononcé aucune parole, déjà le Verbe me précédait et sans rien dire s'appliquait à lui-même ces propos inauguraux : "Homme, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube, mon âme a soif de toi..."
Je suis sorti de l'église une bonne heure plus tard. Dans la cour de l'école communale, des enfants entraient pour recevoir, qui joyeux, qui anxieux, les résultats de leurs épreuves d'école primaire. Bientôt, ils courraient eux aussi vers les vacances : chacun irait cherchant son repos. J'avais trouvé le mien, et je crois bien que j'avais prié.

mardi 26 mai 2009

Devenir doyen...

J'ai accepté la proposition de mon évêque : à partir du 1er septembre 2009, je serai doyen d'Enghien et curé de douze paroisses, tout en gardant mon enseignement sur le site de Louvain-La-Neuve. Un grand changement pour moi qui, en vingt-cinq années de presbytérat, n'ai jamais été curé, c'est-à-dire responsable premier d'une paroisse. La perspective me plaît assez, je dois le dire : se recentrer sur un "territoire", approfondir au quotidien des relations humaines et ecclésiales, former des équipes et les coordonner, etc. Je m'illusionne peut-être, mais pour l'instant je suis encore dans la phase enthousiaste!

mardi 19 mai 2009

Un grand moment : réception de Mgr Dagens

J'ai eu le privilège de participer, le jeudi 14 mai dernier, à la réception de Mgr Claude Dagens "sous la Coupole" de l'Académie Française. Prononçant, comme c'est la coutume, l'éloge de son prédécesseur l'historien René Rémond, le nouvel académicien a redessiné le profil de la présence de l'Eglise et des chrétiens dans la société d'aujourd'hui. Un grand moment d'érudition, de subtilité, de finesse, capable de dire à la fois les bienfaits de la laïcité "à la française" et la nécessité d'une respiration spirituelle comme celle que propose le christianisme. La réponse de Florence Delay était pareillement intelligente. J'ai eu la joie de pouvoir dire à Mme Carrère d'Encausse, le Secrétaire perpétuel de l'Académie, combien un tel après-midi honorait la République française et la plus ancienne de ses institutions, et combien aussi la qualité de coeur de Mgr Dagens honorait l'Eglise et la foi chrétiennes. On espérerait de pareilles hauteurs de vue en Belgique, où les propos publics de ce type sont à peu près inexistants!
Il est possible de lire l'intégralité des deux discours (celui de Mgr Dagens et celui de Mme Delay) sur le site de l'Académie : www.academie-francaise.fr

dimanche 26 avril 2009

Un homme, la nuit

Les éditions Bayard publient ces jours-ci un petit livre que j'ai rédigé sur la spiritualité chrétienne, intitulé : Un homme, la nuit. Il s'agit d'une méditation à la suite de Nicodème, énigmatique personnage du IVème évangile. Mgr Jozef De Kesel, évêque auxiliaire de Malines-Bruxelles, a orné ce petit volume d'une amicale préface.

samedi 11 avril 2009

Samedi Saint

"Que se passe-t-il? Aujourd'hui grand silence sur la terre : grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s'est apaisée, parce que Dieu s'est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s'est mis à trembler. (...) C'est le premier homme qu'il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et l'ombre de la mort. Oui, c'est vers Adam captif, en même temps que vers Eve, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs. (...) Le Seigneur s'est avancé vers eux, muni de la croix, l'arme de sa victoire. Lorsqu'il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s'écria vers tous les autres : 'Mon Seigneur avec nous tous!' Et le Christ répondit à Adam : 'Et avec ton esprit.' Il le prend par la main et le relève en disant : 'Eveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts et le Christ t'illuminera.'

Homélie ancienne pour le Grand et Saint Samedi, attribuée à St Epiphane de Salamine (IVè S.)

vendredi 10 avril 2009

Vendredi Saint

Temps de silence au pied de la croix. Ou, du moins, aussi près que nous pouvons nous tenir du grand mystère de l'amour crucifié pour nous. Une nouvelle fois, nous voici face au vertigineux geste du Père donnant le Fils à notre monde. Ces heures nous enracinent à la source de la paix - si vitale pour nous, qui sans cesse sommes ballotés dansles cahots du monde en souffrance. "Par ses blessures nous sommes guéris" (Is 53, 5) : puissance de cette parole qui court la Bible, capable de former en nous, du creux même de nos manques, des coeurs libres, des coeurs fermes, des coeurs aimants. Que les fleuves d'eau jaillissant du Corps ouvert, offert à tous comme un fruit, nous rejoignent et nous assainissent.

jeudi 9 avril 2009

"Seigneur, mon coeur est impatient de toi, je cherche ton visage, je recherche ta face. Au nom de ce que tu es, ne la détourne pas de moi à jamais. Je le sais, en effet, j'en suis certain, ceux qui marchent à la lumière de ton visage ne trébuchent pas, ils marchent en toute sécurité, eux dont le jugement émane tout entier de la lumière de ton visage. Voilà les vrais vivants, parce qu'ils vivent selon ce qu'ils lisent et comprennent sur l'exemplaire de ton visage. Seigneur, je n'ose pas te regarder en face de crainte d'une plus grande stupeur. Je me tiens donc devant toi comme un pauvre, comme un mendiant, comme un aveugle : ainsi tu me vois et moi je ne te vois pas, moi qui ai le coeur tout gonflé du désir de toi, et je m'offre à toi tout entier, avec tout ce que je suis, tout ce que je peux, tout ce que je sais et même, ce fait de languir après toi et de défaillir, je te le donne!"
Bx Guillaume de Saint-Thierry, Oraisons méditatives, II, 3-4.

lundi 6 avril 2009

Semaine Sainte

Nous voici au début de la grande et sainte Semaine. Puisse chacun y trouver un intinéraire fécond de vie spirituelle, en vivant de l'intérieur son attachement au Christ souffrant et glorieux. Là est la Vie, "là sont les vrais Vivants", comme l'écrivait autrefois le Bienheureux Guillaume de Saint-Thierry...

vendredi 13 mars 2009

La philosophie pour tous...

Il faut bénir ceux qui vous donnent l'impression d'être intelligents - ils ne sont pas si nombreux. Parmi eux, on placera désormais le trio Luc de Brabandere, Stanislas Deprez et Bernard Querton alias Kanar (philosophe de métier, lui aussi, mais surtout désopilant illustrateur). En publiant dans un recueil leurs chroniques de La Libre Belgique, ils nous offrent l'occasion de nous découvrir philosophes, comme l'habile précepteur de Molière permit un jour à Monsieur Jourdain de se savoir prosateur. Ceux qui ont pensé qu'ils ne comprendraient jamais rien à Kant, Husserl ou Heidegger, voilà que ce recueil miraculeux déverrouille leur incompétence. Mieux : il donne envie d'aller y voir de plus près, d'aller plus loin aussi, de se remettre à lire de la philoosphie. Tel est le critère d'une bonne vulgarisation : elle ne clôt pas, elle ouvre. Elle invite, sur un chemin débroussaillé, à continuer la route, en l'occurrence, à lire les textes qu'on imaginait hermétiques ou du moins poussiéreux. De Thalès à Isabelle Stengers, cinquante-cinq philosophes sont ainsi présentés : en deux ou trois pages, suivies de questions de synthèse et d'une bibliographie ciblée, le ressort de leur intuition est décrit, dévoilé, la clé est livrée, souvent grâce à des exemples concrets, pour aider le lecteur à entrevoir une pensée, un système. Et les dessins et caricatures ne sont pas les moindres pédagogues de cette histoire : ainsi, p. 142, le raccourci désopilant de Jean-Jacques Rousseau et de sa formule : "L'homme est bon par nature, c'est la société qui le corrompt". Le dessinateur imagine deux ados qui illustrent la maxime du philosophe en l'adaptant à l'école : "Le jeune est bon par nature, c'est le système scolaire qui le corrompt." Et l'un des deux dit à l'autre, pour confirmer ce rousseauisme pubertaire : "C'est bizarre : plus je vais à l'école, moins j'ai envie d'apprendre!"
L'école, parlons-en, justement. Voilà, on l'aura compris, un livre qu'il faut recommander aux élèves et aux enseignants : ce recueil leur rendra d'immenses services, de même qu'à tous ceux qui souhaitent cultiver leur curiosité en s'amusant. On en remercie ce trio turbulent, facétieux, impertinent, décalé juste ce qu'il faut - tout ce qu'on aime!
. L. de BRABANDERE, S. DEPREZ, illustrations de KANAR, Balades dans le jardin des grands philosophes, éditions Mols, 2009, 235pp., 22 euros.

mardi 10 mars 2009

Sur la transmission de la foi

Le texte des conférences de la Sedes Sapientiae organisées l'an dernier en lien avec la Faculté de Théologie de l'UCL, vient de paraître. On y (re)trouvera une contribution d'Hélène Carrère d'Encausse, Secrétaire perpétuel de l'Académie Française, d'Isabelle Saint Martin, de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (Paris), de mon collègue et ami le Professeur Henri Derroitte (UCL) et de moi-même, sur les problématiques de la transmission de la foi (chrétienne) aujourd'hui.
Le tout est publié aux éditions "Lumen Vitae" (Bruxelles) sous le titre : Foi chrétienne : quelle transmission? et est dès maintenant disponible.

vendredi 20 février 2009

Encore sur les excommunications

Je conseille à tous ceux que la question intéresse d'aller voir dans "Le Monde" de vendredi prochain (27 février) l'interview que Josyane Savigneau a faite du Professeur Alphonse Borras (UCL), spécialiste du droit canonique et qui a précisément rédigé sa thèse sur la question de l'excommunication. Il y dit son étonnement (le mot est faible) devant la légèreté avec laquelle le pape actuel a levé ces sentences, sans avoir complètement pris connaissance de la volonté ferme des intéressés de revenir à la foi catholique (celle-ci incluant l'acceptation pleine et entière du Concile Vatican II) et sans avoir pris connaissance des positions antisémites de Williamson. Tout cela pose de vraies questions sur l'idéologie qui peut prévaloir sur la théologie, même - et surtout - dans les plus hautes sphères de l'Eglise catholique.

L'essentiel de la foi ne se joue pas là, mais dans sa capacité à ouvrir en l'homme un chemin spirituel. Certes. Mais on espérerait que le reste fût à l'unisson...

jeudi 12 février 2009

Stanislas Deprez docteur en philosophie

Notre ami Stanislas Deprez, animateur en pastorale au service du Diocèse de Tournai, enseignant à l'Institut Supérieur de Théologie du Diocèse de Tournai et à l'Institut Catholique de Lille, a hier présenté et soutenu publiquement sa dissertation doctorale à l'Institut Supérieur de Philosophie de l'Université Catholique de Louvain. Son travail porte sur l'actualité de Lucien Lévy Bruhl, anthropologue et philosophe français des XIXème et XXème siècle, un peu oublié pendant les années "structuralistes" et dont on redécouvre aujourd'hui la pertinence. La soutenance publique, chaleureuse et brillante, a séduit le jury et les nombreux participants venus applaudir Stanislas qui a été proclamé Docteur a la joie générale. Un beau moment qui récompense dix années de travail patient, intelligent et humble, au service de l'Eglise et de la pensée. L'Eglise, c'est aussi - et sans doute, c'est d'abord - cela. Merci, Stanislas!

mardi 3 février 2009

Je vous signale que mon livre sur Marie Noël, "Mon Dieu, je ne Vous aime pas!" Foi et spiritualité chez Marie Noël, vient d'être republié et est disponible aux éditions Nouvelle Cité.

samedi 31 janvier 2009

Fin des excommunications

Ce samedi 31 janvier 2009.



On s'agite beaucoup dans l'Eglise catholique et en dehors d'elle à propos de la levée des excommunications des évêques intégristes de Mgr Lefebvre. Indiquons seulement que, s'ils ne sont plus excommuniés, ils sont toujours "suspens a divinis" (interdits de célébration), sans diocèse attribué, schismatiques et hérétiques (tant qu'ils n'acceptent pas l'intégralité des documents du Concile Oecuménique Vatican II). La levée des excommunications n'est qu'une main tendue pour qu'ils manifestent maintenant, à leur tour, leur bonne volonté. Le souhaitent-ils?

vendredi 30 janvier 2009

Bonjour à tous, bienvenue sur le blog de Benoît Lobet!