mercredi 21 mars 2018

La science, la foi, la vérité...

Je voudrais revenir sur l'excellence de nos conférences de ce Carême 2018. Comme chaque année, nous avions choisi un thème de société : science et foi sont-elles rivales, ennemies, complémentaires, dans la recherche de la vérité? Vaste programme!
C'est que des scories traînent dans notre histoire intellectuelle : le scientisme du XIXème siècle, qui affirmait que seule est "vraie" la vérité scientifique, a encore certains partisans (âgés sans doute). Il n'y aurait donc de vrai, dans cette hypothèse, que le vrai de la science (de la science dite exacte, bien entendu, celle qui mesure, jauge et quantifie). Le reste, illusions, poésie, littérature, bêtises, mais en aucun cas vérité...
Il fallait donc réfléchir à ce qu'en pensent aujourd'hui les meilleurs spécialistes. Ce fut fait, ou disons, pour être modeste, ce fut initié. Benoît Bourgine nous a montré les attendus idéologiques, quelquefois non déclarés, de ceux qui prétendent que la science et d'autres modes de connaissance se livrent une guerre sans merci, une "guerre des mondes"... Faux, dit-il, cela ne fut jamais vraiment le cas sauf dans la tête de caricaturistes de la recherche, et cela l'est moins que jamais aujourd'hui.
Et s'il y a d'autres mondes? Et si notre terre, petite planète d'un système solaire navigant au milieu de milliards d'autres étoiles, n'était qu'un tout petit bout du réel? Probable, dit l'astrophysicien Jacques Arnould, et alors? Cela ne renvoie-t-il pas notre foi, si nous sommes croyants, à l'accueil d'une altérité bien plus grande que celle dont nous avons idée, à une générosité bien plus large?
Et lorsque la science multiplie ses techniques d'investigation et de soins, en particulier de soins médicaux, est-ce une raison pour lui alénier notre liberté de penser et de croire? Félicitons ses avancées, profitons-en, sans doute, mais sans jamais leur céder notre libre-arbitre, ni la qualité des prévenances  que nous nous devons les uns aux autres, et qui ne leur est pas subordonnée. Michel Dupuis, avec compétence, expérience, humour, aussi, nous l'a brillamment rappelé.


Maintenant, chacun est renvoyé à sa propre réflexion. C'est - encore pour quelques jours - le carême, temps de méditation et de formation, d'intériorité, aussi. Laissons mûrir en nous ce qui nous a été enseigné avec compétence et simplicité, laissons grandir notre soif de Pâques, non seulement du printemps - qui renouvelle tant de choses! -, mais de Pâques, qui ressuscite tout - et cela, c'est encore une autre affaire!


Prochain rendez-vous de Carême : les "Leçons des Ténèbres" de Couperin (XVIIème siècle), trois pièces de la musique la plus belle du monde pour nous introduire au Mystère des Jours saints, du Triduum, de la Croix et de la Vie. C'est le Mercredi-Saint 28 mars prochain, à 20h00, à l'église d'Enghien.