jeudi 26 avril 2018

Obéir, désobéir... à quoi obéit-on? Une bonne conférence du "CAL" Enghien-Silly

Je rentre d'une conférence organisée par le Centre d'Action Laïque Enghien-Silly, conférence donnée par Jean-Michel Longneaux (UNamur) sur le thème : "A quoi obéit celui qui désobéit?" Ma première impression est que l'orateur a vraiment joué son rôle de philosophe : questionnant les motivations de ceux qui obéissent ou désobéissent, ou qui prônent la désobéissance ou l'obéissance, qu'elle soit civile ou autre. Je veux dire par là qu'il a mis en cause nos idéologies, qui sont souvent le substrat de nos raisons exprimées dans nos débats et prises de position, pour dire que nos libertés sont beaucoup plus contraintes qu'on ne le croit. Et en particulier qu'elles sont contraintes par du "viscéral", par des raisons qui sont moins intellectuelles que des raisons de vivre, ce que les philosophes autrefois appelaient nos "passions". C'est évidemment dérangeant, car nous avons tous tendance à nous considérer comme parfaitement autonomes et responsables. Mais le rôle du philosophe n'est-il pas de "déconstruire" (Derrida) ou d'ôter les illusions (Marx), pour rappeler à lui "l'homme déçu, enfin devenu raisonnable" (Marx encore, dans La Philosophie du Droit de Hegel, je crois)? J'ai aimé cette soirée de "libre pensée", durant laquelle en effet la pensée a été libre...

samedi 14 avril 2018

Rome, le pape, résonances...

Après les magnifiques célébrations  de Pâques vécues ici en paroisse (des centaines de personnes à la Vigile et au Jour de la Résurrection, dans une ambiance de fête : des paroissiens, à l'issue du Samedi Saint, me disaient qu'ils partaient avec de la joie, rien que de la joie au cœur, et comme je veux remercier ces communautés vraiment chrétiennes!), après donc ces moments de bonheur, je me suis envolé pour Rome à l'invitation du pape, qui souhaitait rassembler et rencontrer les "missionnaires de la miséricorde" institués et créés à son initiative. Un colloque, entre Latran et Vatican, nous a permis de mieux cerner les désirs du Saint Père à notre égard et, au milieu de ce colloque de plusieurs jours, une longue rencontre avec lui, mardi dernier, dans la Sala Regia du Palais Apostolique, suivie de la messe concélébrée à la "Chaire de Pierre".
J'ai été bouleversé par les propos tenus - et j'ai eu l'occasion de le lui dire, et de le remercier. Quels propos? "Que personne ne reparte de chez vous, de chez nous, sans la certitude d'avoir été accueilli et écouté. Arrêtez de demander aux gens leurs 'papiers' , vous n'êtes pas des douaniers. Vous ne connaissez rien à la grâce de Dieu surabondamment offerte à tous, ne la méprisez pas, n'essayez jamais de la limiter." Les "pouvoirs" d'absolution que le pape nous donne - les siens propres - ne sont à ses yeux qu'un indice de cette miséricorde universelle qu'il veut rendre absolument absolue. Il y a trente-cinq ans et plus que j'attendais ce discours. J'en étais, en reste, et en resterai ému aux larmes. Il y a chez cet homme une intelligence du cœur qui vaut mieux que toutes les intelligences.
J'aurai vécu là de très grands moments de joie spirituelle profonde, authentique, et de partage inattendu avec le Successeur de Pierre. Je lui ai confié tout mon ministère, tous les paroissiens que je citais plus haut et qui me sont si chers, en particulier les malades et lui, comme un père aimant, les a accueillis et embrassés dans sa prière.