vendredi 30 novembre 2012

Saint Eloi au Collège

Joie de célébrer Saint Eloi, ce matin, avec des élèves du Collège qui se préparent à la vie professionnelle. Joie de voir comment il avaient imaginé  la fête de "leur" saint patron, joie de voir leur fierté d'exercer bientôt les métiers qu'ils ont choisis.
Je suis frappé par le sérieux de cette messe, de leurs intentions, par leur respect des convictions de chacun, par une certaine appréhension, aussi, devant la fragilité économique de notre société.
Ils vont devoir se battre pour conquérir et garder la chance d'exercer la profession qu'ils aiment, d'en vivre, d'en faire vivre une famille.
Je les admire.
Je les aime.
De tout coeur, je prie pour eux.

jeudi 22 novembre 2012

La Bible, pour rafraîchir notre foi

Je rentre d'une soirée - première de deux - passée avec les paroissiens sur "Marie des Ecritures", c'est-à-dire sur la place et la présentation de la Vierge dans les textes du Nouveau Testament qui parlent d'elle ou, du moins, qui l'évoquent. Il y a avait pas mal de monde, et que j'ai vu "content" de ce parcours biblique. Au retour, je me dis que l'on est toujours gagnant quand on replonge sa foi dans la fraîcheur des Ecritures. Et pourquoi? Parce que les Ecritures, ce n'est pas des dogmes, ce n'est pas des affirmations, ce n'est pas du catéchisme (au sens malheureusement étroit que ce mot a pu prendre dans l'Eglise catholique en particulier). Les Ecritures, ce sont des histoires d'hommes et de femmes pareils à nous, des histoires tragiques, scabreuses, compliquées, quelquefois drôles, tellement proches de nos vies. Mais des histoires, en même temps, à travers lesquelles Dieu, notre Dieu, se raconte, se décrit, se dévoile, se "révèle" (comme dit cette fois la théologie).
Plonger dans la Bible, oui, c'est plonger dans la fraîcheur de notre foi, qui est une histoire, et non pas un amoncellement d'affirmations intellectuelles ou péremptoires.
Et je suis heureux d'avoir pu constater ce soir comme cela fait du bien à tout le monde!

mardi 20 novembre 2012

La maladie et la santé

Retour de Paris? Me voici avec une jolie bronchite, crachotant à longueur de journée comme un vieux cheval (que je deviens, en vérité). Je suis obligé de renoncer à certains rendez-vous (dont le plus important, aujourd'hui : incapable de célébrer la messe! Cela m'arrive rarement, et c'est toujours chez moi une désolation), de me faire porter pâle dans certaines réunions. Je peste..
D'habitude, la machine du corps répond à peu près à mon vouloir, et quand elle rechigne, je me mets à compatir aux  malades, que je pressens ne pas vraiment comprendre autrement que par l'expérience. Je ne sais pas, hors ce que j'en ressens, ce que c'est qu'avoir en permanence le souffle plus court, je ne sais pas ce que c'est qu'être et se sentir diminué... Et moi, je ne le ressens, et de façon légère encore, que pour un moment (du moins espérons-le!), mais les malades sont cloués par la maladie.
La foi chrétienne pourtant s'occupe d'abord de cela : les premières personnes visitées par Jésus furent les malades et les handicapés, les diminués, ceux que les époques de performances ignorent ou rejettent.
Nous sommes loin de les mettre au centre de nos préoccupations!( Et ce sera sans doute un signal donné par notre synode diocésain, que de le faire, ou d'essayer de le faire.)
Que de chemin, mes frères, que de chemin!

vendredi 16 novembre 2012

Sur la littérature

Retour de trois jours passés à Paris, dans cette ville aimée, et par moi  tellement fréquentée depuis tant d'années qu'elle est beaucoup plus "ma" ville que Bruxelles (par exemple), je fais le bilan de certaines rencontres, toutes avec des écrivains ou des critiques.
Ainsi lundi soir étais-je  invité à l'hommage rendu à Catherine Lépront, un  écrivain qui vient de mourir et dont j'estime énormément l'oeuvre romanesque, trop peu connue. Cela se passait à "La Maison de l'Amérique Latine", Boulevard Saint-Germain, et c'est René de Ceccatty, dont on sait sur ce blog l'amitié qui nous unit, qui avait organisé la soirée. Je retiens surtout le discours de Sylvie Germain, parlant de Catherine et de son travail à partir du tableau de Vermeer, "La Lettre" et du rapport des deux femmes - une seule en vérité, dira Sylvie - que le peintre y reproduit, une seule, donc : la femme qui écrit, et ce qu'elle fait en écrivant.
La littérature n'est pas ce que l'on croit : de quoi gagner très vite beaucoup d'argent en se faisant publier et acheter. La littérature, comme tous les beaux-arts, est une tâche, ardue, quotidienne, à recommencer, à creuser, exactement semblable à toutes les autres tâches ingrates et nécessaires pourtant à la vie humaine. Si la reconnaissance du public s'ensuit, eh bien tant mieux! Mais cela n'est pas un critère : certains livres (et certains auteurs) très lus et très vendus sont aussi très mauvais, et inversement. Souvent, la tâche reste obscure, méconnue - et d'autant plus précieuse.
Confirmation de cela en partageant un  repas avec Josyane Savigneau, qui fut longtemps directrice du "Monde des Livres" (où j'ai collaboré tout un temps pour les livres religieux) et qui me demande de rédiger quelques notices dans un ouvrage à naître sur... des femmes mystiques. Et, le soir, en dînant avec Angelo Rinaldi, autre critique (et Académicien), avec lequel nous avons beaucoup ri des travers de notre époque. Je lui disais que,  avant de dormir, dans mon lit, je lisais Saint-Simon (qu'il connaît par coeur) : "En êtes-vous déjà, me dit-il, à ce passage du temps de la Régence où un duc demande une faveur au Cardinal de Fleury? 'Moi vivant, dit le Cardinal, jamais.' 'En ce cas, Monseigneur, j'attendrai', répondit le duc." Non, Angelo, je n'en suis pas encore là, j'y arrive... Mais j'en ris déjà, et, à certains, je la replacerai!
La littérature - celle-là - nous rejoint dans ce que nous portons en nous d'informulé, et qui ne pourrait pas advenir sans elle. Elle vaut la psychanalyse (cet art allemand, au fond, non pas français), et probablement va plus loin (mais il est vrai que les Allemands, eux, c'est la musique, qui au fond a peut-être le même objet). Le style, quand une oeuvre est "écrite" (et beaucoup ne le sont pas), c'est un miroir en lequel nous nous reconnaissons et nous voyons comme jamais nous n'aurions osé nous découvrir (et j'entends ce mot dans son sens premier). Ce en quoi, à mon avis, la littérature est une alliée nécessaire de la théologie et de la vie spirituelle.
Lisons, et choisissons nos lectures! La vie est trop courte!
Et puis, il y aussi autre chose : j'aime Paris, décidément, cet éblouissement de l' "esprit français", cette manière qu'on dirait en Belgique "rosse" de retourner les gens comme des crêpes.
Mais sans leur faire mal...
Est-ce un péché, mon Père?

vendredi 9 novembre 2012

Enghien, les jeunes et la paix

Je me réjouis particulièrement de l'activité que, à l'initiative de la paroisse, les jeunes des mouvements d'Enghien (patros et scouts) vont conduire ce dimanche midi 11 novembre. Après des moments de partage et de réflexion sur les enjeux et les fondements de la paix, ils vont, dans le parc d'Enghien, former le mot "PAIX" avec leurs corps pour que mot s'inscrive dans l'espace comme une volonté pour leur futur et leur avenir, et en même temps comme un engagement de leur part.
A l'avance, je les remercie de faire cela ensemble, et à l'avance je les félicite.
Et que les moins jeunes en prennent de la graine!

lundi 5 novembre 2012

Dieu, une histoire dépassée?

Régulièrement, certaines personnes réputées éclairées, intelligentes ou savantes, m'abordent avec une certaine condescendance : "Nous vous aimons beaucoup, mais inutile de vous dire qu'avec la formation que nous avons, pour nous, Dieu est une histoire terminée depuis longtemps, n'est-ce pas, on ne peut pas être sérieusement scientifique et continuer dans l'affirmation de ces niaiseries. Pardonnez-moi d'être sincère..." Etc., etc., vous voyez le genre.
J'accueille évidemment tout cela avec un large sourire compréhensif.
Mais je m'étonne tout de même intérieurement de leur - mettons, pour être gentil - minceur d'esprit...
Et je voudrais réajuster ici, en deux mots, mon habit de théologien, pour parler de l'hypothèse même de Dieu.
Un exemple, mais qui suffira  : les Droits de l'Homme, tout le monde en convient, c'est bien, cela assure la dignité de l'homme et on s'y réfère à qui mieux mieux dans les législations civiles.
Question : est-ce la déclaration des Droits de l'Homme (1948, pour rappel) qui assure la dignité de l'homme, ou est-ce la dignité de l'homme qui a produit la susdite Déclaration?
A cette question, c'est évidemment la seconde réponse qui est la bonne : la dignité de l'homme n'est pas fondée sur un consensus historiquement daté, et heureusement.
Nous dirons : la dignité précède la déclaration de la dignité.
Nous le dirons parce que nous l'espérons : sans quoi cette dignité pourrait être remise en cause par une déclaration consensuelle contraire.
Dès lors subsiste la question : comment et où se fonde cette dignité, spécifique à l'homme, et qui ne serait pas le produit d'un consensus momentané?
Réponse évidente, si l'on réfléchit un tout petit peu : dans une transcendance de l'être humain, quelque chose qui dépasse l'homme et qui le fonde.
Dont acte.
On argumente?

samedi 3 novembre 2012

Le plus malin?

Discussion, ce soir au téléphone, discussion assez vive, mais cordiale et franche, avec un ami français, passablement anticlérical, antipapiste, anticatholique, etc., mais un grand ami (bon, et heureusement qu'on a des amis comme ça, ça remet de temps en temps les idées en place).
Question de ma part : "Réfléchis bien, s'il te plaît, et réponds-moi honnêtement. Parmi tous les Chefs d'Etat actuellement en poste sur la planète, lequel est, objectivement, le plus intelligent, le plus pacifique, le plus raisonnable et le plus sage? Regarde bien, aux Etats-Unis, en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Asie, en Afrique..."

Je vous laisse à vous aussi une minute  pour répondre...

C'est fait?

Il n'y a pas grande contestation possible : c'est le pape.
Et je ne suis pas papolâtre, je suis simplement observateur.

vendredi 2 novembre 2012

Plaire à tout le monde?

Je me souviens d'une interpellation qu'on me fit il y a trois ans, lors de mon arrivée ici à Enghien, et alors que j'avais cru bon d'annoncer quelques changements (finalement mineurs) d'horaires ou de personnes : "Mais vous allez déplaire, Monsieur le Doyen, ça ne vous fait pas peur?"  J'avais répondu et, je crois, très sincèrement : "Je m'en fiche. Je ne suis pas ici pour plaire, ni pour faire la volonté de tout le monde, ce qui serait d'ailleurs impossible, contraire à mon devoir, et reviendrait à ne faire la volonté de personne. Je suis ici pour essayer d'assurer le bien commun, non pas l'addition des biens individuels, mais le bien de la communauté. Et le bien de la communauté ne plaît pas d'emblée à tout le monde."
Trois ans après, je persiste dans cette conviction, je ne crois pas que le Christ ait voulu plaire aux hommes - et d'ailleurs, il leur a déplu! Il a voulu proposer une voie de bonheur, souvent exigeante, mais tellement humaine, au fond, répondant tellement aux aspirations les plus profondes du coeur humain : et cela, il le disait en se donnant, en aimant, en guérissant, en ressuscitant, et en montrant ainsi ce qu'était Dieu, qui était Dieu.

Je resonge à tout cela en lisant, ce soir, et un peu par hasard, ayant repris avant d'aller dormir le volume dans la bibliothèque, cet aphorisme de La Bruyère : "Nous cherchons notre bonheur hors de nous-mêmes, et dans l'opinion des hommes, que nous connaissons flatteurs, peu sincères, sans équité, pleins d'envie, de caprices et de préventions. Quelle bizarrerie!" (Caractères, 76). Oh puis tiens, tant que je suis dans les Caractères, je vous livre cet autre point de vue, qui me fait resonger à tel mariage récent : "Il y a des femmes déjà flétries, qui par leur complexion ou leur mauvais caractère sont naturellement la ressource de jeunes gens qui n'ont pas assez de bien. Je ne sais qui est plus à plaindre, ou d'une femme avancée en âge qui a besoin d'un cavalier, ou d'un cavalier qui a besoin d'une vieille." (Caractères, 28)

Quand même, ce dix-septième siècle avait vu et compris bien des choses!