vendredi 2 novembre 2012

Plaire à tout le monde?

Je me souviens d'une interpellation qu'on me fit il y a trois ans, lors de mon arrivée ici à Enghien, et alors que j'avais cru bon d'annoncer quelques changements (finalement mineurs) d'horaires ou de personnes : "Mais vous allez déplaire, Monsieur le Doyen, ça ne vous fait pas peur?"  J'avais répondu et, je crois, très sincèrement : "Je m'en fiche. Je ne suis pas ici pour plaire, ni pour faire la volonté de tout le monde, ce qui serait d'ailleurs impossible, contraire à mon devoir, et reviendrait à ne faire la volonté de personne. Je suis ici pour essayer d'assurer le bien commun, non pas l'addition des biens individuels, mais le bien de la communauté. Et le bien de la communauté ne plaît pas d'emblée à tout le monde."
Trois ans après, je persiste dans cette conviction, je ne crois pas que le Christ ait voulu plaire aux hommes - et d'ailleurs, il leur a déplu! Il a voulu proposer une voie de bonheur, souvent exigeante, mais tellement humaine, au fond, répondant tellement aux aspirations les plus profondes du coeur humain : et cela, il le disait en se donnant, en aimant, en guérissant, en ressuscitant, et en montrant ainsi ce qu'était Dieu, qui était Dieu.

Je resonge à tout cela en lisant, ce soir, et un peu par hasard, ayant repris avant d'aller dormir le volume dans la bibliothèque, cet aphorisme de La Bruyère : "Nous cherchons notre bonheur hors de nous-mêmes, et dans l'opinion des hommes, que nous connaissons flatteurs, peu sincères, sans équité, pleins d'envie, de caprices et de préventions. Quelle bizarrerie!" (Caractères, 76). Oh puis tiens, tant que je suis dans les Caractères, je vous livre cet autre point de vue, qui me fait resonger à tel mariage récent : "Il y a des femmes déjà flétries, qui par leur complexion ou leur mauvais caractère sont naturellement la ressource de jeunes gens qui n'ont pas assez de bien. Je ne sais qui est plus à plaindre, ou d'une femme avancée en âge qui a besoin d'un cavalier, ou d'un cavalier qui a besoin d'une vieille." (Caractères, 28)

Quand même, ce dix-septième siècle avait vu et compris bien des choses!

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