dimanche 31 mars 2013

Joie et paix à tous

A ceux et celles qui viennent de temps à autre se promener sur ce blog, je tiens à souhaiter de belles, paisibles et heureuses solennités pascales. A l'image de la Vigile que nous avons célébrée ensemble hier soir à Enghien, nombreux, fervents et enthousiastes, que la fête de la Résurrection du Christ soit pour chacun une occasion d'espérance renouvelée.

vendredi 29 mars 2013

Stabat mater

"Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, et la sœur de sa mère Marie femme de Clopas, et Marie Madeleine. Quand il vit sa mère, et près d'elle le disciple qu'il aimait, Jésus dit à sa mère : 'Femme, voici ton fils'.  Puis il dit au disciple : 'Voici ta mère'.
Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui." (Jn 19, 25-27)

jeudi 28 mars 2013

"Comprenez-vous ce que je viens de faire?"

"Lorsqu'il eut achevé de leur laver les pieds, Jésus prit son manteau, se remit à table et leur dit : Comprenez-vous ce que je viens de faire? Vous m'appelez 'Maître' et 'Seigneur' - et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C'est un exemple que je vous ai donné, afin que vous fassiez vous-mêmes comme j'ai fait pour vous." (Jn 13, 12-15)

Un moment de grâce

Les talents conjugués de  Marie de Roy, Elise Gäbele et Michel Van den Bossche, nous ont permis de vivre  hier soir dans l'église d'Enghien un superbe moment de grâce -  les trois "Leçons des ténèbres" de François Couperin. La disposition des lieux, l'obscurité cherchant la lumière sous les voûtes, le mystère de la voix humaine, la densité redoutable du texte des Lamentations : tout pour rentrer en soi-même, dans sa noirceur intérieure, tout pour une  communion à la désolation du monde, tout pour attendre la parcimonieuse et décisive lueur du cierge pascal qui trouera nos ombres...

mardi 26 mars 2013

Messe chrismale à Tongre Notre-Dame

La messe chrismale, ce soir à Tongre Notre-Dame, dans notre Région Pastorale d'Ath, avait quelque chose de simple qui tenait aux personnes particulièrement mises en valeur cette année : enfants et jeunes élèves de l'enseignement spécialisé, et leurs enseignants. Tout ce qui, pour divers motifs, semble aux marges, et que notre foi porte au centre, inlassablement.
C'était aussi pour moi une joie de revoir des confrères rassemblés en cette circonstance, et que l'on voit peu : Bruno, par exemple, qui termine à Paris une maîtrise en théologie morale, sur la question - combien actuelle - de l'accompagnement  des homosexualités dans l'Eglise catholique. C'est un jeune prêtre dont j'admire l'intelligence, la finesse. Notre diocèse ne manque pas de talents, vraiment!
L'homélie de l'évêque exhortait à accueillir avec bienveillance les changements sociétaux qui vont aussi assigner à notre Eglise, en divers domaines, une place plus modeste (fabriques d'église, enseignement religieux, etc.) dans les années qui viennent, une place sans doute plus conforme à l'humilité évangélique.  Avec bienveillance, si j'ai bien compris, et non avec résignation : je crois que c'est en effet la bonne attitude, à partir du moment où les débats restent vraiment ouverts entre les diverses sensibilités qui traversent notre "belgitude". Notre  évêque a d'autre part  plaidé pour un nouveau recrutement de catéchistes - je ne peux que relayer ici aussi, à la mesure de ce doyenné et de cette Région pastorale, un appel pareillement nécessaire, urgent même.
Et puis, joie de revoir les personnes, des diocésains d'un peu partout (la Basilique de Tongre ND, loin d'être petite, était bondée), qui veulent vraiment, en cette occurrence, manifester leur désir d'une communauté de vie, de présence.
Les jours saint sont intenses!

dimanche 24 mars 2013

Une liturgie telle que je l'aime

Joie, hier soir, de vivre avec une centaine de jeunes et d'adultes, à Silly, une veillée de réconciliation à l'orée de la Semaine Sainte. Prières et chants dans le style de "Taizé", dont évidemment la richesse est surtout  dans la capacité qu'ils offrent d'intérioriser la prière, ambiance qui porte à se retourner vers le Christ présent en chacun. Moments de douceur et de grâce, où la confession sacramentelle a pu être vécue par ceux qui le voulaient, et à tous les âges, comme un temps  de vérité.
Joie, ce matin, de vivre, à Bassilly, une célébration des Rameaux et de la Passion dans une église remplie de jeunes, et surtout  de jeunes ménages, une liturgie préparée admirablement par les catéchistes et où tous se retrouvent, se sentent "rejoints" : les parents et jeunes adultes rencontrés par  après, dans une heure d'échange, disaient combien ces liturgies, ces rites souvent incompris, ils les sentaient quand même bien nécessaires à leurs vies d'hommes et de femmes "speedés".
Je remercie tous ceux qui aident - et ils sont nombreux, dans nos paroisses, ici - à ce ressourcement spirituel. Ensemble, nous faisons une œuvre magnifique, et qui nous dépasse infiniment : nous essayons de nous laisser porter par le Christ, qui reverse sur nous tout l'amour de Dieu, tout l'amour dont il aime l'humanité.
C'est cela aussi que veut dire le mot "Passion", pas seulement souffrance, mais à travers elle, surtout "amour infini", force comme est forte toute passion d'aimer...
Vivons cela cette semaine, dans et par les rites offerts, les "Leçons des ténèbres" chantées ce mercredi à Enghien, la messe chrismale célébrée mardi à Tongre-Notre-Dame, le Triduum et les Vigiles et messes de la Résurrection célébrés un peu partout dans notre doyenné!
Comme nous avons de la chance de recevoir, par cette liturgie, la vie qui vient de Dieu! Certes, nous la célébrons quelquefois avec des moyens modestes (quoique, hier, ils n'étaient pas modestes, mais éloquents), mais Dieu se moque de nos pauvretés, il ne voit et ne reçoit que nos enthousiasmes. La perfection liturgique, heureusement, n'existe pas - elle n'est qu'une névrose de plus, à mettre au compte de nos petitesses. J'aime, en particulier dans la liturgie, quelque chose qui "cloche", un faux pas, une fausse note, un raté dans ce qui devrait être bien huilé, car la perfection en cela comme en morale, du reste, a quelque chose de stérile et d'ennuyeux : elle ne raconte que notre arrogance, notre prétention à "en remontrer" à Dieu! En cela comme en toute chose, l'imperfection est un sommet. Nos liturgies de ce week-end n'ont, heureusement, pas été formellement parfaites : elles ont été parfaitement chrétiennes, et c'est bien mieux!

vendredi 22 mars 2013

Les fioretti du pape François

Comme François d'Assise, le pape du même nom a déjà ses "fioretti". Hier matin, paraît-il, sortant de sa chambre assez tôt (on sait qu'il se lève tôt) à la résidence "Sainte Marthe" (il n'occupe pas encore les appartements du Palais Pontifical, qui sont "rafraîchis"), le pape voit le garde suisse qui assure sa protection. "Tu as passé là toute la nuit?" lui demande-t-il. "Oui, Sainteté", répond le garde. Alors le pape rentre dans sa chambre, en ressort avec une boîte de biscuits et une chaise. "Voilà, dit-il au garde. Et si tu as besoin de quelque chose, tu n'as qu'à frapper à la porte."

Cours de religion ou de philosophie?

En Belgique, par une disposition constitutionnelle, les enseignements primaire et secondaire sont obligés de dispenser à raison de deux heures/semaine des cours dits philosophiques, soit :
- dans l'enseignement officiel (de la Communauté ou des Provinces et Communes), selon le choix des parents et/ou des élèves : religion catholique, protestante, orthodoxe, anglicane, juive, musulmane ou morale non-confessionnelle;
- dans l'enseignement catholique, des cours de religion catholique.

Régulièrement, des tentatives parlementaires et para-parlementaires visent à remplacer ces dispositions par un cours de philosophie (et non pas : un cours philosophique, nuance!) à tout le monde, indépendamment du choix des parents ou des élèves. On argue pour cela, pêle-mêle : que les cours de religion sont désuets dans une société comme la nôtre; que nous sommes les seuls à ne pas dispenser de cours de philosophie; qu'il s'agit d'un lieu d'endoctrinement incompatible avec ce qu'on souhaite comme enseignement aujourd'hui; que les décisions du Pacte Scolaire à cet égard ne sont pas scellées dans le "marbre constitutionnel" (argument récemment mis en avant par des représentants du MR et du PS, dont on soupçonne bien les accointances maçonniques, et qui ne supportent plus l'existence même d'un "cours de religion"), etc.

J'ai longtemps travaillé à la formation des professeurs de religion catholique dans le secondaire; j'ai été pendant sept ans inspecteur de cet enseignement dans le réseau Provincial et Communal du Hainaut; j'ai collaboré ou été à l'initiative de programmations. C'est à ce titre que je souhaite donner ici un petit point de vue.

S'il s'agit d'ajouter des cours de philosophie (histoire de la philosophie, métaphysique, épistémologie, philosophie des sciences, logique philosophique, etc.) dans les deux dernières années du secondaire, je trouve que c'est un plus, évidemment, un plus et un mieux.

S'il s'agit de remplacer, sur les douze années (six de primaire, six de secondaire), les cours philosophiques par des cours "de philosophie", là, je suis plus que réservé, je suis franchement contre! Voici quelques motifs :
. je ne vois pas pourquoi, d'un coup de baguette magique, la religion perdrait son statut de matière enseignée, alors qu'elle est un enjeu essentiel à la vie sociétale,  nationale et internationale;
. il me semble difficile d'enseigner la philosophie sérieusement à des enfants et des adolescents - on ne le fait d'ailleurs pratiquement nulle part en Europe, en général, on réserve cette matière importante aux deux dernières années du secondaire;
. la crainte de voir dans les cours de religion des cours d'endoctrinement n'est pas fondée, en tous les cas en ce qui concerne la religion catholique, qui a depuis près de cinquante ans proposé des programmes et des programmations ouverts, existentiels, permettant à des élèves de se situer librement par rapport à un point de vue donné et de grandir ainsi dans leur vie quelles  qu'en soient les orientations de foi;
. le financement public d'un cours de religion permet aussi son contrôle par l'autorité de tutelle, qui peut vérifier que rien n'est enseigné qui soit contraire à la Constitution et aux valeurs fondant notre être-ensemble;
. l'idée d'un "cours de philosophie" présentant toutes les religions de façon neutre, surtout, est un leurre et, si j'ose dire.... un leurre philosophique et une injure à la pensée. Aucune présentation de rien n'est "neutre", on le sait au moins depuis Kant, et sinon depuis Husserl, le père de la "phénoménologie" qui expliquait que toute perception du réel est le fait d'un individu situé, avec ses a priori, son éducation, etc. La grande illusion, et la grande bêtise philosophique, c'est vraiment l'idée de "neutralité" : elle consiste à faire croire que l'on peut, objectivement, tout étaler devant soi dans une présentation équivalente de tous les objets (par exemple, religieux), comme si on pouvait a priori être situé "hors-jeu", en un lieu dominant d'où l'on peut apercevoir la totalité de tout. Ce lieu chimérique, qu'est-il d'autre, précisément, qu'un lieu "totalitaire"? Je m'étonne que les pontes qui font ces propositions soient eux-mêmes si peu au fait de la philosophie...
. je passe sur les difficultés pratiques (mise au rencart des profs actuels, formation des nouveaux, etc., etc.);
. je passe sur le gâchis : des années et des années de formation - dont je témoigne, pour la religion catholique, qu'elle fut et reste ouverte à la théologie, certes, mais aussi aux sciences humaines en général, des années et des années d'expériences professionnelles dans tous les milieux et tous les types d'enseignements, soudain considérés comme bonnes à jeter;
. le cours de religion (catholique du moins pour ce que j'en sais) a aidé des milliers d'enfants et de jeunes à vivre et à traverser de nombreuses difficultés existentielles, sans pour autant vouloir  en faire des croyants ou moins encore des fanatiques. Veut-on renoncer à ce genre de service rendu à la société?
. je soupçonne enfin que les véritables motifs de ces propositions ne sont pas ceux qui sont avancés, mais un agacement de certains devant la fréquentation importante  des cours de religion et l'impact supposé sur la foi chrétienne que ceux-ci peuvent encore avoir dans une société que l'on veut laïciser, c'est-à-dire priver de l'apport des religions. Or, la laïcité (et je suis pour), c'est certes la séparation des Eglises et de l'Etat - au point de vue politique,  mais non pas la privatisation de la religion, tout simplement parce que ce n'est pas  possible : la religion, c'est une affaire visible, repérable socialement, et qui vit au cœur de la cité.

     On pourrait allonger la liste des objections.
     Sur ce point comme sur d'autres, j'espère un vrai débat parlementaire, et la fin de votes "blocs contre blocs" où l'intelligence des députés et leur capacité à la réflexion personnelle sont décidément par trop mises à mal... Et j'espère surtout, sur ce point comme sur d'autres, que si les "grands" médias belges s'emparent de cette question, ils le feront en évoquant au moins certains des enjeux  dont j'ai essayé de dresser ci-dessus une liste non exhaustive.

mercredi 20 mars 2013

L'éthique sociale au coeur des conférences de carême

Revenons aux conférences du carême 2013 à Enghien, qui se sont terminées hier par les deux témoignages de Thierry Noesen et Bruno Gilain, le premier directeur d'une entreprise dans le zoning de Ghislenghien (Belvas), le second responsable d'une grande ASBL (Convivial) qui s'occupe de l'insertion socio-professionnelle des immigrés.  Les conférences avaient pour thème général "Chrétiens dans la crise économique". Il s'agissait de s'interroger sur le mode de présence que les chrétiens peuvent avoir pour signifier leur foi dans les réalités socio-économiques de "crise" que nous traversons. Ils ont pour cela avec eux la sagesse d'une parole  aussi ancienne que l'Evangile, qui leur prescrit de mettre au centre ceux et celles que les systèmes d'enrichissement rejettent aux marges : l'enseignement  "social" de l'Eglise catholique, en particulier depuis Léon XIII, rappelle avec des précisions surprenantes ce qui leur vient de Jésus lui-même, de son enseignement et de sa résurrection, dont c'est aujourd'hui encore l'une des formes majeures d'attestation. Etre relevé de la mort avec le Christ, c'est en effet aussi être restitué dans sa dignité humaine à part entière, ce qui suppose un travail honorable, un salaire suffisant, la vie dans un monde où les biens et les richesses sont mieux répartis, etc. J'ai eu l'occasion de rappeler cela lors de la première conférence, avec l'impression que cet enseignement n'était guère explicite (ou même connu) chez nous.
La crise, cela dit, est profonde. Profondes, les injustices et les inégalités. Durables, les cassures qui nous séparent des "golden sixties" pour lesquelles la croissance semblait sans fin, l'enrichissement permanent, et l'Europe en construction, un Eldorado. Jean-Jacques Viseur, avec lucidité, a brossé les traits de notre planète à l'économie mondialisée, des traits qui ne sont pas roses : il va falloir se retrousser les manches pour restaurer partout la dignité humaine bafouée, et les chrétiens, disait-il, ont évidemment leur rôle à jouer, dans leurs communautés, un rôle de signe, de signal,  de rappel, de sensibilisation, d'aiguillon...  Finie, une vie chrétienne qui se résumerait  à des messes où l'on consomme du ron-ron!
Hier soir, donc, deux témoignages nous encourageaient ; le premier, venu du secteur marchand et le second, du non-marchand. L'un et l'autre, avec au fond beaucoup d'accointances entre les deux, montraient qu'il est possible, chez nous, dans cette région, de relever ces défis sociaux à partir de convictions communautaires et chrétiennes. Qu'il est possible de développer l'activité économique en respectant l'environnement, la santé des consommateurs et des producteurs, le commerce équitable, le niveau de salaire des employés et ouvriers, l'ambiance de l'entreprise. Qu'il est possible d'accueillir des réfugiés en nombre relativement élevé, du moment qu'ils sont légaux, en les rendant participants de leur propre insertion, pourvu qu'on y mette l'écoute, l'accueil, la persévérance, le suivi suffisants. Dans les deux cas, qu'il est possible de briser des tabous (genre : le patron n'est qu'un profiteur, en oubliant son rôle social, ou : les réfugiés sont d'autres profiteurs, en oubliant la détresse internationale qui les jette dans nos bras). Oui, il est possible, en ce temps de crise, de donner au monde des signes d'espoir et de fraternité.  C'est-à-dire, de faire son métier d'homme à la suite du Christ.
J'étais particulièrement heureux de ce que, le temps d'un cycle de conférences au moins, l'église d'Enghien redevienne ce qu'elle est aussi : un espace de débats, d'échanges, de formations et de convivialité où chacun, dans le respect de son cheminement, a sa place. Et où l'Eglise, avec un "E" cette fois, se construit comme une espérance concrète.
Comme me le faisait remarquer hier soir l'un des participants, la survenue, il y a une semaine, du pape François, les signaux par lui donnés jusqu'à présent du genre d'Eglise qu'il souhaite pour le monde, tout cela pouvait nous apparaître comme une confirmation romaine de ce que la direction prise chez nous est peut-être bien la bonne...
Merci à tous ceux, organisateurs, conférenciers, personnes assurant la technique et le service, qui ont contribué à ce moment intense dans notre itinéraire du carême.

dimanche 17 mars 2013

La joie du dimanche

Il y avait de la joie dans l'air, ce matin, lors des deux eucharisties que j'ai présidées à Labliau et à Silly. Des assemblées nombreuses, remplies de familles, de jeunes et d'enfants, une volonté palpable de fraternité, un petit-déjeuner servi à Labliau qui réconfortait bien les participants, bref déjà quelque chose de la douceur de Pâques dans ce cinquième dimanche du Carême. La beauté du texte de Jean y était pour beaucoup, cette rencontre entre "la misère et la miséricorde", comme dit Augustin en commentant le récit de la femme adultère. Cette conviction que nous n'avons rien d'autre à présenter au monde - mais que ça, oui, nous le lui devons.
Pour parler comme Claudel, "tout le reste, pfuit! on se mouche, et c'est fini!"

vendredi 15 mars 2013

Une leçon de journalisme : le Père Lombardi

A peine élu, les casseroles supposées du nouveau pape : Golias donne le ton, la RTBF suit, François aurait été pratiquement un inspirateur de la Junte argentine.
Reprenons donc les faits :
- il n'a jamais été inculpé;
- il a été une seule fois entendu comme témoin, ce qui est tout à fait normal;
- faut-il dire qu'il n'a, évidemment, jamais été condamné;
- l'Argentine n'a jamais fait d'objection à sa nomination comme évêque ni à son élévation au cardinalat;
- la Présidente de l'Argentine va venir à sa messe d' "inauguration" mardi prochain, ce qu'elle ne ferait probablement pas si elle le considérait comme un complice de causes criminelles dans le passé de son pays, d'autant qu'elle n'est pas particulièrement branchée sur l'Eglise catholique. Je note aussi, au passage, qu'elle a été l'une des premières à féliciter François de son élection, en disant tout le bien qu'elle pensait de lui, et qu'il pourrait maintenant multiplier partout dans le monde.

     Le P. Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a rappelé cela, qui devrait servir de leçon aux journalistes trop pressés d'annoncer, pour des raisons sans doute idéologiques plus qu'autre chose, de fausses nouvelles,  sans vérification de leurs sources - ce qui est une carence  professionnelle fréquente, en particulier chez nous. Et en particulier en ce qui concerne la foi catholique. Etrange, non?

(J'ajoute, en biais, à ce propos, que la photo fugitivement publiée puis retirée par "Le Soir", notre grand quotidien, montrant l'actuel pape qui donne la communion à Videla, s'est avérée un faux assez grossier : comme sérieux de l'info, ça se pose un peu là, non?)

mercredi 13 mars 2013

Une belle journée

Certaines journées sont belles, bénies de Dieu.
Alors il faut le dire, et en rendre grâce!
A la messe, ce matin, nous avons prié pour l'élection du pape, et je trouvais que la prière était fervente. J'avais revêtu la chasuble rouge, pour l'invocation à l'Esprit : oh, que Dieu donne au monde, à ce monde difficile, tel que décrit hier sans complaisance mais avec tellement d'esprit, et finalement, d'espérance, par l'ancien Ministre Viseur dans nos Conférences de Carême, qu'il donne au monde, oui, un élan, enfin! Nous sommes tellement désespérés, tellement tristes!
J'ai ensuite reçu longuement  un homme encore jeune, marié, père de famille, très préoccupé de sa vie spirituelle : et je trouvais que son approche, alors que c'est par ailleurs quelqu'un de très actif dans la vie professionnelle, était très juste, très droite, très intelligente - des années, me dit-il, qu'il n'arrive pas à trouver quelqu'un pour échanger avec lui à ce propos. En tous cas, nous, nous aurons parlé, et parlé vraiment de et sur  l'essentiel,  et nous nous sommes promis de nous revoir.
Le temps passait tellement vite avec lui que j'ai presque dû le mettre à la porte pour ne pas être trop en retard  au déjeuner - chez des amis, avec leurs petits-enfants, avec leurs querelles de vieux (c'est-à-dire, de jeunes) amoureux, avec leur délicatesse : quel délicieux (à tous égards) moment d'humanité, de simplicité, de gentillesse. Comme c'est "cela", la vie, la vraie vie, comme je les remercie d'être ce qu'ils sont!
Deux autres rendez-vous plus tard, la télé s'agite et il faut aller faire sonner les cloches à l'église : Habemus papam!
Je ne sais pas encore qui est l'élu lorsque je rejoins des confrères avec lesquels un dîner était prévu de longue date, ici à Enghien - mon confrère tant apprécié le curé de Herne, mon "voisin" en quelque sorte avec lequel nous avons tant à partager, et Mgr Cosijns, le secrétaire de la Conférence épiscopale, qui a ses racines ici à Enghien, et qui est toujours pour moi d'une grande amitié, d'une grande délicatesse.  La nouvelle tombe pendant le dîner : c'est Mgr Bergoglio qui est élu pape. Plutôt mal connu, on apprend vite (les réseaux, les i-phones,  et compagnie, secrétaire de la conf. épiscopale aidant, qui est tout de même très branché sur le Vatican) toutes les qualités de cet homme. Tout ce qu'on finit par savoir du futur "François Ier" nous indique que  c'est évidemment le meilleur choix : son passé et son présent d'archevêque des pauvres en Argentine, son prénom pontifical, son inclination profonde devant le peuple de Rome assemblé.
Certaines journées sont bénies.
Vraiment.
(PS. Je ne veux pas prétendre avoir été prophète. Mais : dimanche dernier, dînant avec mes confrères de cours d'ordination, au petit jeu de savoir quel prénom pontifical nous choisirions si nous devions être élus "papes", j'avais dit sans détour que le plus indiqué des prénoms serait "François". Mes confrères peuvent témoigner...  Hein? Bon, maintenant, je me rendors et ne voudrais pas en tirer gloriole...)

samedi 9 mars 2013

Les cardinaux et leur conscience

Certains me disent, après avoir lu le dernier message de mon blog : "Vous voilà bien sévère avec l'Institution." Ben oui, évidemment : pour rappel, les Cardinaux se préparent à désigner  ce que l'on nomme parfois "le Magistère suprême de l'Eglise", qui, au nom de la loi naturelle, entend bien rappeler aux gouvernements en place la suprématie de l'éthique universelle sur les législations parlementaires.
Le moins que l'on puisse demander, à ceux qui vont élire comme à celui qui sera élu, c'est d'être eux-mêmes  clean du point de vue de leur  conscience morale, non? Ou alors, de renoncer...
Il y a des évidences qui, à force d'être comme le nez au milieu du visage, ne se remarquent plus.
Moi je veux bien faire confiance à l'Institution ecclésiastique, demander à mes ouailles de faire de même, vivre avec elle dans l'obéissance de la foi, etc., mais je souhaite que ce soit dans une certaine cohérence d'intelligence, de doctrine,  de morale et, finalement, de bon sens. Il est grand temps.
Ok?

jeudi 7 mars 2013

Sur "Le silence des Eglises"

J'ai regardé hier soir la diffusion du téléfilm "Le silence des Eglises", qui traite de la pédophilie de certains prêtres dans l'Eglise catholique durant ces cinquante dernières années. Je reste partagé sur l'opportunité de cette œuvre : non pas parce qu'elle pourrait blesser l'honneur ou la réputation de l'Institution (de ce côté-là, comme dit Saint-Simon que j'ai cité dans un post précédent, "il y a maintes années qu'il n'y a plus rien à perdre" - hélas!), mais parce que la souffrance épouvantable des victimes en est peut-être ravivée. Si cela les pousse à demander la reconnaissance à laquelle elles ont droit, financière ou autre, alors peut-être est-ce un bien...
Pour ce qui concerne "l'honneur perdu de l'Eglise catholique", ou du moins de "l'Institution", certes cela me blesse, mais je crois que c'est une purification franchement nécessaire, trop longtemps différée et du reste loin d'être achevée.
Ceux des Cardinaux  qui savent en conscience avoir couvert des faits aussi odieux - et au fond, ils sont les seuls à le savoir vraiment, tant qu'ils n'ont pas été condamnés par la justice civile - ces Cardinaux, dis-je, devraient d'eux-mêmes renoncer non seulement à être élus au Souverain Pontificat, mais même à être électeurs : du point de vue de la simple morale, cela va de soi!
Personne ne reprochera jamais à l'Eglise d'être pécheresse - elle l'est depuis toujours. Mais ce qui est insupportable,  c'est que, mise face à son péché, elle se prétende impeccable, par souci de sauver des apparences, pour la sauvegarde prétendue d'un "plus grand bien", ou simplement par arrogance, pour continuer à faire la leçon à tout le monde, comme si elle n'était pas la première à devoir être réformée.
On me permettra de citer ici, de citer encore, dans ces moments terribles que traverse l'Eglise (mon Eglise, notre Eglise), ces mots du cher Bernanos, parlant de l'Eglise, précisément, de l'Eglise espagnole en particulier aux temps de ses pires compromis avec la terreur franquiste :

"Je ne la souhaite pas parfaite (l'Eglise), elle est vivante. Pareille au plus humble, au plus dénué de ses fils, elle va clopin-clopant de ce monde à l'autre monde; elle commet des fautes, elle les expie, et qui veut bien détourner un moment les yeux de ses pompes, l'entend prier et sangloter avec nous dans les ténèbres. Dès lors, pourquoi la mettre en cause, dira-t-on? Mais, parce qu'elle est toujours en cause. C'est d'elle que je tiens tout, rien ne peut m'atteindre que par elle. Le scandale qui me vient d'elle m'a blessé au vif de l'âme, à la racine même de l'espérance. Ou plutôt, il n'est d'autre scandale que celui qu'elle donne au monde. Je me défends contre ce scandale par le seul moyen dont je dispose en m'efforçant de comprendre. Vous me conseillez de tourner le dos? Peut-être le pourrais-je, en effet, mais je ne parle pas au nom des saints, je parle au nom de braves gens qui me ressemblent comme des frères. Avez-vous la garde des pécheurs? Eh bien, le monde est plein de misérables que vous avez déçus. Personne ne songerait à vous jeter une telle vérité à la face, si vous consentiez à le reconnaître humblement. Ils ne vous reprochent pas vos fautes. Ce n'est pas sur vos fautes qu'ils se brisent, mais sur votre orgueil. Vous répondrez, sans doute, qu'orgueilleux ou non, vous disposez des sacrements par quoi l'on accède à la vie éternelle, et que vous ne les refusez pas à qui se trouve en état de les recevoir. Le reste ne regarde que Dieu. Que demandez-vous de plus, direz-vous? Hélas! nous voudrions aimer." (G. BERNANOS, Les Grands Cimetières sous la Lune, Gallimard, Pléiade, 1971, pp. 426-427)

"Ce n'est pas sur vos fautes qu'ils se brisent, mais sur votre orgueil"... Si la présente crise pouvait au moins un peu débarrasser l' "Institution" de cet orgueil, elle serait salutaire! Si je devais tenter de formuler ici le contenu de ma prière quotidienne pour le conclave à venir, pour le prochain pape et, globalement, pour l'Eglise, qui est ma Mère dans la foi, c'est ce vœu, inspiré de Bernanos, que je retiendrais.

samedi 2 mars 2013

Saint-Simon, encore, et l'honneur perdu...

Dans ma lecture continue des Mémoires de Saint-Simon, aperçu ceci, hier soir, tard, que je m'empresse de relever aujourd'hui pour en faire profiter le plus grand nombre. L'Auteur évoque un archevêque (de Vienne, s'il vous plaît), qui intenta en 1717 un procès infamant (procès perdu, en outre), et note : "La vérité est qu'il n'y laissa point son honneur, parce qu'il y avait longues années que, de ce côté-là, il n'y avait plus rien à perdre..." (SAINT-SIMON, Mémoires 1716-1718, Gallimard, Pléiade, VI, p. 486).

Hmm...
Comme cela relativise bien des choses,  en ces temps que d'aucuns pensent troublés!