Je voudrais retranscrire ce soir un petit texte d'Erri De Luca, cet écrivain napolitain dont il faut absolument approcher l'œuvre, un jour ou l'autre. Je me contenterai de citer ces quelques lignes, qui me semblent un modèle de respect - surtout de la part de quelqu'un de "non chrétien" (comme on dit, définissant souvent les personnes par rapport à soi ou à son propre monde).
Voici donc :
"Nous parlons souvent du vœu de chasteté avec un respect sournois, en pensant aux cas retentissants de violation manifeste. Mais il n'en demeure pas moins vrai qu'une forte proportion de femmes et d'hommes sont fidèles à cet engagement, renforçant ainsi leur vocation. Ils approfondissent leur sacerdoce en renonçant, bien plus qu'à la joie des étreintes, au lien de la descendance. Je ne suis pas un homme de foi, mais celle des autres me donne du courage; ne parvenant pas à embrasser leurs certitudes, je crois pourtant à leurs vies, à ce peu auquel ils ont donné de la valeur en sachant s'en contenter."
(E. DE LUCCA, Rez-de-chaussée, trad. D. Valin, Rivages poche, pp.54-55.)
Ayant passé mon après-midi dans une abbaye cistercienne, je désirais retrouver ce passage écrit par De Lucca en 1995 déjà, et dont je savais qu'il m'aiderait à mettre des mots sur la merveille, sans cesse redécouverte auprès de moniales ou de moines, de la chasteté comme "vœu" ou plutôt comme "don". Et, en effet, j'ai repêché ce texte lu il y a bien longtemps.
Il m'a semblé utile de le publier, ce soir, parce qu'il évoque, de "l'extérieur" donc et avec une infinie pudeur, un choix que les prêtres catholiques partagent eux aussi avec les moines et les moniales, mais qui - c'est le moins qu'on puisse dire! - n'est guère "compris". La sensibilité magnifique de De Lucca met des mots sur ce qui restera toujours difficile à exprimer...
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