samedi 6 mars 2021

Le coeur de notre foi

 Pour ce troisième dimanche du Carême, année B, attachons-nous à méditer la deuxième lecture. Elle est extraite de la Première Lettre de Paul aux Corinthiens, et reprend quelques versets du premier chapitre (1Co 1, 22-25). Je retranscris ce texte, en le traduisant au plus près du grec :

"Les Juifs réclament des signes et les Grecs recherchent une sagesse; mais nous, celui que nous proclamons comme Messie, c'est un crucifié, ce qui pour les Juifs est un scandale, et pour les Grecs, une folie. Mais pour ceux qui sont appelés, qu'ils soient Juifs ou Grecs, il est Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes."

Ce texte est capital. Avec le génie qui le caractérise, Paul nous décrit le coeur de la foi chrétienne. Il le fait par opposition à deux conceptions de la religion. "Les Juifs", dit-il d'abord, pour croire, réclament des signes extraordinaires de la puissance de Dieu : que la Mer Rouge s'ouvre en deux pour laisser passer le Peuple élu, que s'écroulent les murailles de Jéricho, tout ce que vous voulez de semblable, alors, oui, on croit, ébloui par ces démonstrations éclatantes! "Les Grecs", eux, ne réclament rien, ils "cherchent une sagesse" - ce sont des philosophes, il faut que leur raison soit satisfaite, que la foi soit raisonnable. Avouons-le : il y a du "Juif" en nous - une part de nous réclame sans cesse des signes extérieurs de la puissance divine, nous nous disons que nous pourrions plus facilement croire s'ils nous étaient donnés. Et il y a du "Grec" en nous : une autre part de nous-mêmes veut que tout cela soit raisonnable, que la foi ne nous embringue pas dans des délires. 

Or, ce petit Juif et ce petit Grec qui sans cesse se livrent bataille en nous, les voilà démentis par la proclamation chrétienne. Car pour elle, le Messie, le Sauveur, c'est... un Crucifié, un condamné à mort pendu au bois du supplice. Avouons que, comme signe de puissance, cela "se pose un peu là". Et comme raison... qu'y a-t-il de plus saugrenu que l'affirmation d'un salut venu à nous par un homme exécuté?

Mais, "pour ceux qui sont appelés", c'est-à-dire pour nous, les chrétiens, ce  Crucifié est Christ, "Oint" de Dieu, véritable puissance divine, véritable sagesse divine. Et la conclusion est magnifique : "ce qui est folie de Dieu - oui, il y a de la folie en Dieu, c'est la folie de son amour! - est une sagesse plus sage que la sagesse des hommes. Et "ce qui est faiblesse de Dieu" - oui, il y a de la faiblesse en ce Dieu tout-puissant, une faiblesse d'amour - est plus fort que la force des hommes.

Voilà notre foi, la clé de notre salut, notre plus profonde conviction à propos du Dieu de Jésus-Christ.

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