Discussion, ce soir, au sein de notre "EAP", et de façon incidente, à propos de la fermeté de l'Eglise catholique dans son refus d'accueillir, pour un nouveau mariage, les divorcés (en fait, le débat était parti d'une question parallèle : pourquoi des formes juridiques aussi strictes dans le mariage sacramentel, pourquoi par exemple l'exigence de célébrer dans une église paroissiale, sous la présidence du curé ou de son délégué, et pourquoi les autres obligations canoniques).
On voit les arguments : Eglise peu ouverte, peu encline à l'accueil des échecs, etc.
Ce peut n'être pas faux.
Je crois que c'est aussi très injuste : souvent, l'accueil est là, présent, la proposition d'un cheminement qui ne nie pas l'échec existe (et quand elle se concrétise, ce peut être un très beau moment d'authentique prière, nous en avons vécu ici un bel exemple samedi après-midi). Ce que l'Eglise catholique (et moi aussi, par parenthèse) ne veut pas admettre, c'est de faire comme si rien ne s'était passé lorsque des jeunes gens se sont dit "oui" pour toujours, et que, pour une raison ou une autre (quelquefois fort compréhensible et respectable), ils n'ont pas pu ou pas voulu aller jusqu'au bout de ce "oui". On aurait, en toute connaissance de cause, fait la fête en invitant pépé, mémé, parrain, marraine et les copains, en claquant un fric (souvent exagéré), en se promettant devant toute cette assemblée des serments éternels (au sens strict), et, cinq ans après, cela ne voudrait plus rien dire. Pouvez-vous alors m'expliquer ceci : que signifie encore, dans ces conditions, la portée sociale d'un "oui" (je ne parle même pas ici d'exigence évangélique), quelle est encore la vérité de ce qu'on dit? Et l'Eglise ne serait-elle pas complice d'un épouvantable mensonge en disant que le "oui" éternel pouvait, tous comptes faits, n'être qu'un accord tout provisoire? De quelle société voudrions-nous si, sous prétexte d'accueil et de compréhension, nous allions dans ce sens?
Cela n'empêche pas que des échecs soient des blessures, et qu'on ne mette pas tout en oeuvre pour les accompagner, en ce domaine-là comme dans tous les autres. Mais, s'il vous plaît, apprenons à le faire dans la vérité, pas dans la dissimulation.
Je refuserai toujours les "bénédictions" faites le jour d'un remariage civil et dans des formes si proches des formes sacramentelles qu'elles puissent passer pour telles et qu'on entende à la sortie de l'église : Oh! ben ils ont été mariés quand même, c'est tout de même pareil. Je le refuserai pour des questions d'honnêteté et de vérité, par respect aussi pour ceux et celles qui, plus nombreux qu'on ne le pense, gardent leur fidélité conjugale et veillent sur leur promesse de mariage malgré les innombrables difficultés qu'ils doivent traverser pour cela.
Je refuserai également toujours de célébrer les mariages et les autres sacrements dans des formes autres que celles dont l'Eglise (et son droit), dont je ne suis après tout que le serviteur, disposent - la plupart du temps, pour le bien des fidèles, pour leur sécurité, pour garantir le sérieux des engagements chrétiens et sociaux qu'ils prennent.
Mais j'accueillerai toujours tout le monde, ça je le garantis aussi, j'écouterai les gens, j'écouterai leur demande (sans pour autant acquiescer à leur requête immédiate), et toujours je m'efforcerai de leur proposer des voies, des échanges, des moments de prière ou de célébration qui leur permettent, quelle que soit leur situation sexuelle, familiale ou autre, de grandir dans leur foi.
Et je vous prie de croire que ce n'est pas toujours facile...
Mais la voie de la facilité n'est pas celle de la vérité, hors laquelle il n'est pas d'amour des personnes.
Je trouve cependant que l'Eglise ne devrait pas refuser l'eucharistie aux divorcés... D'ailleurs, il parait que le Pape lui-même a donné la communion à un ministre allemand divorcé... Qui sommes-nous pour juger du coeur de ceux qui souffrent dans leur couple ?
RépondreSupprimerCher Michel,
RépondreSupprimerje reconnais bien volontiers que cette "sanction" sacramentelle est discutable. Elle n'est présente du reste que pour faire grandir les personnes dans la foi et, en particulier, dans la foi en l'importance de l'eucharistie. Lorsqu'elle produit l'effet inverse... elle est non seulement discutable, mais immensément discutable.
Mais le propos que je répercutais, vous l'aurez noté, ne portait pas là-dessus, mais sur l'opportunité de concéder ou non, et à la demande, un nouveau mariage sacramentel à ceux qui, pour des motifs encore une fois souvent compréhensibles, ont rompu le premier. Il y a là un problème de société (que fait-on de la parole donnée, même si on n'est pas coupable qu'elle ait été reprise - peut-on considérer qu'elle est relative aux circonstances?) et aussi, je n'en ai pas parlé dans mon post, un problème sacramentel (le mariage sacramentel n'est pas la bénédiction religieuse d'une union, mais un signe de la fidélité de Dieu aux hommes, et du Christ à l'Eglise, un signe que les époux chrétiens deviennent par leur consentement - or, la fidélité de Dieu et du Christ est sans retour, et ceci est vraiment une question de foi. Maintenant : les fiancés qui demandent le sacrement de mariage savent-ils ce qu'ils demandent? Autre et vaste problème!). C'est sur ce point précis que, me semble-t-il, la discussion mérite souvent d'être approfondie par-delà les clichés et, disons-le, les banalités convenues, qui ne sont pas toujours très responsables!