Je relisais hier soir des textes de Simone Weil, la philosophe. Elle y déclare que, même dans les pires conditions d'un cachot, un homme peut être heureux - ne serait-ce que parce qu'il sait que, quelque part, il y a le soleil, le ciel, les étoiles et la beauté du monde, même s'il ne la voit pas. En philosophie, on appelle ce bonheur "le bonheur inconditionnel", c'est-à-dire, le bonheur métaphysique, "sans condition". Le bonheur d'être, d'être au monde, est le premier et le plus fondamental.
Nous oublions sans cesse cette source possible de la joie, nous cherchons toujours, au contraire, un bonheur "conditionnel" : "Je serais heureux si : (dans le désordre et de façon non exhaustive) ma femme ou mon mari n'étaient pas ce qu'ils sont; ma maison était plus grande ou plus petite; j'étais en meilleure santé; j'avais plus d'argent; j'étais moins moche; j'étais à tel poste dans mon travail; etc., etc." Ce faisant, nous focalisons notre attention sur des contingences, des choses qui vont et viennent, ou des objets de consommation, desquels nous faisons dépendre notre bonheur, notre joie. Nous nous aliénons. Nous ne sommes plus libres d'être heureux. Nous nous interdisons la joie.
Le vrai bonheur est inconditionnel : quelle joie d'être là, tout malfoutus que nous sommes.
J'ai vu ce bonheur chez de grands mourants, ces derniers temps, une en particulier, dont j'ai déjà parlé ici, qui remontait le moral des autres alors qu'elle en prenait congé.
Je le vois aussi chez des moines et des moniales, souvent : ils savent bien que leur bonheur n'est pas lié à leurs conditions matérielles de vie, mais à leur intérorité.
Je le souhaite pour tous.
Et d'abord pour moi-même!
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