La démission de Benoît XVI est un acte rare et courageux. Grégoire XII avait été le dernier pape à le faire avant lui (en 1415, mais pour des raisons plus politiques, ou géo-politiques) et Célestin V, avant cela à la fin du XIIIème siècle, pour des raisons probablement plus proches de celles du pape actuel. Entre les anti-papes, les schismatiques, ceux de la Renaissance, les arrivistes etc., franchement, l'Eglise catholique en a connu d'autres!
Cela dit, pour mon compte personnel, j'ai toujours eu grande estime de Benoît XVI, de son intelligence, de sa finesse - je l'ai écrit, je crois, une fois au moins sur ce blog : il n'y a pas eu dans les dix dernières années un Chef d'Etat (car il en est un) aussi cultivé, aussi érudit, que lui. Mais bon, l'âge est là, et les tensions à l'intérieur de l'Eglise - et, paraît-il, du Vatican même -, (un milliard et demi, à peu près, de catholiques romains, dont on peut deviner les diversités de tous genres) : on comprend que cet homme renonce et n'offre pas au monde l'image affligeante que Jean-Paul II, remarquable prédécesseur, avait pu donner dans les derniers mois de son pontificat.
C'est peut-être une ère nouvelle qui s'ouvre pour l'Eglise catholique : comme si Benoît XVI plaçait ses confrères cardinaux devant leurs responsabilités ("Moi, je n'y arrive plus : mettez-vous d'accord sur ce que vous voulez.") J'ai l'impression, par exemple que, fatalement, le conclave ne choisira plus un cardinal déjà âgé (on ne va pas nous refaire le coup trop souvent), ce qui limite singulièrement les propositions...
Qui plus est, Benoît XVI a toujours essayé de faire la synthèse, de risquer les grands écarts, entre les tradis et les progressistes : motu proprio pour une liturgie dans le rite d'avant Vatican II, mais accélération du processus œcuménique et interreligieux, intransigeance à l'encontre des réfractaires de Vatican II, mais aussi sur des questions de morale sexuelle et politique et sur une "loi naturelle" qui n'est plus guère comprise de nos jours (du moins en Europe du Nord), etc. Ces tensions et cette recherche d'unité devaient, à la longue, être en effet épuisantes! Le clash de sa démission pourrait hâter de nouvelles orientations, plus claires, peut-être moins consensuelles : en tous les cas, une page s'ouvre.
Et, tandis qu'on nous rebat déjà les oreilles avec les pronostics rtbféiens ou rtléiens et les spécialistes ecclésiastiques habituels, je vais vous lancer un "scoop" : je sais déjà quelque chose à propos du prochain conclave.
Mais oui.
Il élira un pape! Oui, fin mars, il y aura un pape!
Ca, c'est un scoop, non?
Et pourtant, j'en suis sûr!
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