L'intégrisme est non pas une attitude ecclésiale, mais une attitude du coeur. Il traverse du reste toutes les religions ou toutes les appartenances "philosophiques" (comme on dit en Belgique). Il se résume en la conjonction de deux propositions :
1° J'ai raison (ou, au pluriel : Nous avons raison).
2° Je suis le seul à avoir raison (ou, au féminin, "Je suis la seule à avoir raison", ou, au pluriel, "Nous sommes les seuls à avoir raison").
A partir de là, tous les excès sont permis, jusqu'au terrorisme : l'histoire de l'Eglise catholique en donne - hélas - des exemples, l'histoire de toutes les religions, en général, aussi.
Lorsqu'on compare ces tendances aux textes fondateurs des religions (pour nous, chrétiens, la Bible juive et le Nouveau Testament), on se dit : comment une telle monstruosité peut-elle prendre naissance à partir de textes aussi généreux? Voyez la Première Lettre de Jean, lue durant toute la semaine passée, et qui ne parle que d' agapè, de l'amour au sens du "dessaisissement de soi pour l'autre"?
J'ai souvent pensé à cela. La réponse est dogmatique : le péché originel, qui instille en nous ses lents poisons de jalousie, de méchanceté, de repli sur soi, de dureté... et de connerie. Car la connerie, sans doute, est la forme la plus achevée du péché originel, celle contre laquelle on ne peut rien, non seulement tissée d'ignorance, mais de vulgarité, d'égoïsme et d'égotisme, de sûreté de soi jsqu'au mépris de l'autre, de crétinerie. Bref, de tout ce que le Christ, dans son amour sauveur et sa geste rédemptrice, a ôté comme germe malin de l'humanité. Bref, de l'oeuvre du diable dans l'humanité.
"Mort aux cons!" avait crié un quidam sur le passage du Général de Gaulle, un jour, lors d'un voyage officiel. Et le grand homme, imperturbable comme toujours, avait fait observer à son officier d'ordonnance : " Vaste programme!"
En effet.
L'intégrisme, c'est d'abord de la connerie. Mais... vaste programme, que de l'éradiquer!
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