Certains jours, certains soirs plus encore, la fatigue est là, tissée des mille contrariétés de la journée, des incompréhensions, des travaux laissés en suspens faute de temps ou d'énergie, des stupéfactions devant la méchanceté ou la malveillance. Alors me revient cette Note de Marie Noël, la grande dame d'Auxerre :
"Je n'ai jamais rien réussi, accompli, sans faute. Ni mon âme, ni ma vie, ni mon oeuvre. Ni même complètement mené à bien -achevé - aucune besogne, même la plus petite, une sauce, un lavage, une reprise. Partout des maladresses, des défauts, des manques.
Maîtresse de maison, tous les jours, sans maîtrise; poète de temps en temps; sainte de loin en loin - s'il est permis de dire 'sainte' pour quelqu'un qui ne l'est qu'à la grâce de Dieu sans habitude de vertu - je n'ai su que m'accepter telle que j'étais, un jour riche, sept jours misérable, prendre Dieu comme Il me venait dans la paix ou dans l'angoisse, et les hommes comme ils passaient, méchants ou bons, devant ma porte.
Le seul mot à dire de moi à l'heure de vérité, la dernière :
Elle a supporté Dieu, soi-même et les hommes." (Notes Intimes, Stock, 1959, p. 254)
Chère Marie Noël...
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