Dans les réactions relayées par la presse suite à l'élection de Mgr Léonard comme archevêque de Malines-Bruxelles, on est frappé par la récurrence d'un mode extrêmement pauvre de pensée, mais fréquent aussi bien à "gauche" qu'à "droite" de l'échiquier religieux. Appelons-le le "prêt-à-penser" : on sait à l'avance ce qu'il faut penser de quelqu'un ou de quelque chose, on se fie à ses a priori, on est même persuadé de la tournure que vont prendre les événements. Certes, le passé donne des indications sur quelqu'un et sur la désignation de ce quelqu'un à un poste important. Et, quelquefois, ce passé est assez "lourd" en termes d'incompréhensions, de raideurs - alors on incrimine, quelquefois à juste titre, une arrogance, une manière d'être plus qu'un contenu.
Mais tient-on assez compte du fait que quelqu'un peut changer, avec l'âge, avec les circonstances et même, précisément, avec une nouvelle affectation?
D'autre part, les propos sur lesquels Mgr Léonard est jugé, tant par ses partisans que par ses détracteurs, sont des propos parfaitement périphériques par rapport à la foi chrétienne : ils relèvent tous de l'éthique, et de quelques problèmes éthiques en particulier (la place et le type de reconnaissance dévolus aux personnes homosexuelles, la question de la culture de cellules-souches totipotentes dans une Université catholique, le rôle et l'efficacité d'un moyen de protection contre des maladies sexuellement transmissibles à l'intérieur du problème, plus global, d'une éducation à la sexualité humaine, etc.) : on ne touche pas là au coeur de la foi chrétienne, qui proclame la résurrection du Christ et la libération qu'elle apporte à tous les hommes de tous les temps! Que ces questions aient leur importance sociétale - comme on dit aujourd'hui -, c'est entendu, mais elles sont un objet de discussion dans une société plurielle et, pour discuter, il convient d'abord d'avoir des points de vue. En aucun cas elles ne constituent des points centraux de la foi et de l'appartenance chrétiennes ou catholiques.
Il est assez dommage, me semble-t-il, que le débat sur la place de l'Evangile dans notre culture prenne ainsi des tournures idéologiques, trop facilement calquées, pour la commodité du propos, sur des appartenances ou des sensibilités partisanes. Personne n'en sort grandi, et la foi chrétienne n'y trouve pas son compte!
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