Au fond, nous ne croyons pas assez à la liturgie. Depuis la réforme liturgique du Concile Vatican II (réforme opportune, faut-il le préciser, qui n'a certainement pas remis en cause ce que d'aucuns, par méconnaissance, appellent "la Tradition", mais qui au contraire l'a restaurée dans sa diversité), on a organisé beaucoup de sessions, de conférences, de prises de parole pour éduquer "à" la liturgie, pour l'expliquer. Et il y avait là-dedans beaucoup de bonne volonté et beaucoup de talent, souvent.
Mais...
mais c'était sans doute ignorer une part importante du rite : il ne doit pas être "compris" (la formule, d'ailleurs, connoterait une mainmise, une prise de possession), car c'est précisément dans son "incompréhension" qu'il éduque au mystère toujours incompréhensible.
Ce matin, à Enghien, dans une assemblée de plusieurs centaines de personnes, j'ai eu la joie de présider, en même temps que la liturgie des Rameaux et de la Passion du Seigneur, la première communion d'une cinquantaine d'enfants. Comprend-on quelque chose au rite eucharistique, au don de l'amour qui s'y dévoile autant qu'il s'y voile? Les enfants, sans doute, mieux que les adultes, yeux grands ouverts sur le rite et n'y "comprenant" pas grand chose, apprennent tout de lui : dans ce pauvre morceau de pain, il y a vraiment Jésus, il y a vraiment Dieu, il ya vraiment son Corps offert, il y a tout l'amour du monde.
J'ai vu ce matin des enfants qui, par delà toutes les explications possibles, savaient cela, et le vivaient. Ils s'étaient laissé éduquer par le rite, plus qu'au rite. Eloquence de la liturgie, éloquence du rite, si on les laisse parler...
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