Je lis avec bonheur le petit récit de "Pietro de Paoli" (les guillemets, pour l'anonymat que cet auteur veut absolument préserver), un petit texte, donc, intitulé 38 ans, célibataire et curé de campagne, une sorte de Journal d'un curé de campagne à la sauce contemporaine. J'aime vraiment beaucoup ce texte qui m'avait échappé lors de sa parution en 2006 déjà. L'auteur imagine un prêtre encore jeune, donc, un certain Marc, aux prises avec les réalités de la vie pastorale et de ses engagements sacerdotaux. Vers la fin se dessine une crise majeure, qui a affaire à la vérité dans la vie spirituelle : sa foi, sans qu'il s'en rendît toujours compte, avait été, découvre-t-il, une échappatoire. Cruelle lucidité, mais heureuse découverte : Dieu est dans le réel, non dans le rêve. Lisons : "Et moi, pendant des années, j'avais voulu croire que la vraie vie était ailleurs. (...) Voilà ce que je sais aujourd'hui : il n'y a rien d'autre que la réalité; il n'y a pas d'ailleurs, nulle part où se réfugier. Et le miracle, c'est que Dieu est là. La vérité que j'ai entraperçue n'est ni la mort ni l'absence de Dieu. C'est sa Présence à travers le corps, le sang, les larmes, la vie des hommes, sa Présence dans la réalité, et par-delà, mais en passant par elle, en la vivant jusqu'au bout. C'est ce que le Christ fait sur la croix. Il n'échappe pas à la réalité. Il passe par elle. (...) Dieu ne condamne pas le monde, il le sanctifie." (Pietro De PAOLI, 38 ans, célibataire et curé de campagne, récit, Plon, 2006, pp. 190-191, passim.)
Je signe volontiers ce terrible Credo, qui ne nous distrait pas du réel mais nous y reconduit pour y vivre la vie de l'Esprit, la vie spirituelle.
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