Ce 2 novembre, nous pensons à nos morts.
C'était il y a 22 ans, déjà, mi-octobre 1991 : mon père, 81 ans, était allongé sur son lit d'hôpital, son lit de mourant, après une attaque cérébrale sévère. Complètement aphasique, hémiplégique, il attendait la mort, quelquefois énervé, la plupart du temps, serein. Maman était à côté de lui et soudain, quel miracle d'avoir été là, j'ai vu cet homme lever doucement sa main valide et la poser sur la joue de sa femme. C'était un adieu, un acte de foi et d'amour, une bénédiction, une absolution, tout cela ensemble, et j'ai gardé dans le cœur et dans la mémoire ce geste magnifique - l'un des moments fondateurs de ma vie. J'avais déjà 34 ans, mais j'ai compris un peu mieux, ce jour-là, le don de l'amour.
J'ai parlé beaucoup, ces jours-ci, jour de Toussaint, jour des morts, des actes éternels qui, à travers la fluidité du temps, nous font apercevoir quelque chose de l'éternité, de Dieu. Et d'un bonheur qui, évidemment, n'est pas la satisfaction de tous nos appétits, mais l'accueil des béatitudes de pauvreté, de pureté, de douceur et de paix que Jésus annonce au début de sa prédication.
La Caresse, comme je la nomme maintenant dans mon for le plus interne avec une majuscule qui l'ennoblit encore, la Caresse était l'un de ces moments et pour toujours je rendrai grâce à Dieu d'avoir vu mes parents se donner devant moi pareil témoignage de l'amour, qui est éternel.
Du dedans même de la mort, de ce qu'elle peut déchirer en nous, c'était, c'est pour toujours, un geste de Vivants...
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