Retour de Paris, où j'ai passé quelques jours de repos et revu des amis... que je vois trop peu. Lundi soir, assisté à "l'avant-première" du dernier film de Martin Provost, Violette, un film consacré à l'écrivain Violette Leduc (1907-1972), d'après la biographie que René de Ceccatty, co-scénariste du film, lui avait consacrée en 1994. Formidable duo d'actrices, entre Emmanuelle Devos, qui joue Violette, et Sandrine Kiberlain qui joue Simone de Beauvoir, sa fascination et son amante impossible. Car Violette était "bisexuelle", pour employer le mot affreux dont on use aujourd'hui; elle qui était laide aimait les hommes et les femmes qui voulaient bien - et même qui ne voulaient pas - lui concéder un peu d'intérêt, pourquoi pas un peu d'amour. Son père l'avait abandonnée à la naissance, et sa mère qui "ne lui avait jamais tenu la main" (c'est la première phrase du premier de ses textes autobiographiques) ne l'a guère considérée.
Quel gouffre abyssal de désir d'amour et de reconnaissance!
Elle a reproché à sa mère de n'avoir pas avorté.
Elle a elle-même avorté (à cinq mois et demi, et c'était atroce.)
Elle a reconnu en Simone de Beauvoir quelqu'un qui comprenait la détresse des femmes comme elle.
Je n'ai jamais été pour l'avortement, je crois que c'est un crime, même si sa dépénalisation est compréhensible.
Mais le film, tel qu'il est, tel qu'il est interprété, m'a aidé, lundi soir, à y voir plus clair sur l'avancée nécessaire du féminisme dans l'après-guerre, et sur le rôle ambigu certes, quelquefois déplaisant sans doute, que Beauvoir y a joué, avec talent. J'étais déjà, je reste très attaché à l'égalité foncière des hommes et des femmes, dans leurs rôles sociaux, dans leurs traitements (y compris professionnels) : on est loin d'y être! La domination de l'homme sur la femme, du mâle sur la femelle, d'un sexe sur l'autre, est absolument contraire au message de la Bible qui, dès la Genèse, instaure entre "elle" et "lui" un partenariat d'alliance, qui n'a rien affaire à la soumission, et qui tourne le dos, pour l'époque supposée de la rédaction de ces textes, aux civilisation environnantes. Même si les révoltes de Beauvoir et de Sartre - et dans leur sillage, de la pauvre et talentueuse petite Violette - étaient quelquefois excessives et inutilement (?) provocatrices, elles ont aidé à la mise en place d'une plus grande égalité. Point positif.
L'après-midi, j'avais vu au Louvre une exposition consacrée à la Renaissance florentine (1400-1460), et particulièrement à son impression dans la sculpture : intéressant de constater comment le sujet religieux, sans disparaître, est relégué à une espèce de motif décoratif, perd en tous les cas la portée catéchétique que le Moyen Âge lui attribuait, et met en avant l'homme, l'être humain, ses canons de beauté, sa puissance, sa force, le tout inspiré de l'Antiquité grecque. C'est du "Vive l'homme!", "Vive l'homme!"... Oui, oui, peut-être, mais n'en est-on pas un peu revenu, de l'homme rayonnant de puissance, "maître de lui comme de l'univers" (Corneille), maître du temps, de l'espace, du monde? On a appris aussi les dégâts que cela pouvait faire...
Méditations parisiennes....
Je vous les livre en vrac, ce ne sont jamais que des impressions!
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