Nous n'aurons pas fait le tour du sujet, certes... Mais au moins appris, durant ces deux jours de session du Colloque Gesché, à nous tenir dans l'humilité devant la pensée de l'éternité... Des philosophes, un spécialiste du cinéma (pourquoi le cinéma, direz-vous? Et le "temps arrêté" dans les techniques de tournage, qu'est-ce que cela veut évoquer?), des biblistes, un spécialiste du bouddhisme indien, une autre de saint Augustin, un troisième de la littérature catholique du XVIIème siècle, et bien sûr des théologiens... tout ce monde aura dit et redit la nécessité de penser l'éternité pour avoir une chance de bien penser le temps qui passe, qui fuit, qui nous emporte. L'éternité, non pas comme une suite du temps, mais comme son autre, que des trouées dans le temps quelquefois permettent d'apercevoir, des moments de bonheur, de douleur (de deuil) ou simplement d'ennui (ce n'est peut-être pas pour rien que, dans la chanson de Trenet - mais cela, c'est un point de vue personnel - "les enfants s'ennuient le dimanche". Et pourquoi pas un autre jour?)
Dieu - si j'ose dire! - que tout cela était suggestif.
Il y a eu quelques beaux moments d'humour, dans toutes ces réflexions : ainsi lorsque Paul Scolas, évoquant, au début de son intervention, un mariage qu'il a récemment célébré, racontait comment des époux avaient dit vouloir se promettre "un amour pour l'éternité", et lorsqu'il ajouta que c'était plus, beaucoup plus, que ce que l'Eglise, pourtant taxée d'être exigeante en ce domaine, demande aux fiancés, en souhaitant seulement qu'ils soient fidèles l'un à l'autre "jusqu'à ce que la mort les sépare". Mais cela ne veut-il pas dire que l'éternité serait comme la trace d'une intensité, une intensité telle qu'elle subvertit le temps qui passe?
Ou bien lorsque Christian Belin fit observer que même ceux qui aiment croire à l'éternité semblent toujours et néanmoins estimer qu'elle est "pour demain" plutôt que "pour tout de suite"... Judicieuse remarque qui me fait maintenant désirer un sommeil mérité et un repos qu'au fond, en effet, je ne souhaite pas (encore) éternel...
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