Cela fait partie des simplismes du monde médiatique actuel, de ses simplismes et, osons le dire, de ses sottises : les succès footballistiques contribueraient à réduire la fièvre nationaliste du Nord, concrètement le programme séparatiste de la NVA.
A-t-on mesuré la bêtise de pareilles propositions?
Comme si l'avenir d'un pays était suspendu au score et aux buts de son équipe nationale, si glorieuse et si valeureuse soit-elle!
Comme si les motifs revendiqués par d'aucuns du séparatisme pouvaient céder devant des enthousiasmes sportifs, qui retomberont évidemment à la première défaite un peu cuisante (que je ne souhaite pas, mais qui viendra un jour, c'est le lot du sport que de trouver en face de soi de plus forts que soi).
C'est faire dépendre l'unité d'un pays d'un presque rien...
C'est oublier que le nationalisme est - hélas - partout présent en Europe : voyez le succès du FN en France, à Brignoles récemment, et le crédit que lui confèrent les sondages actuels. Voyez l'Italie, voyez l'Espagne, voyez les Pays-Bas et même les Pays scandinaves : la plaie est partout, elle est profonde.
C'est oublier que le nationalisme se nourrit de rancunes (si ce n'est pas de haines) tellement tenaces et d'oppositions tellement farouches qu'elles ne cèderont pas au premier succès national venu...
Je l'ai déjà dit et redit sur ce blog, en reprenant la formule décisive de François Mitterrand : "Le nationalisme, c'est la guerre!" Car le nationalisme, c'est l'égoïsme, le chacun pour soi, la fermeture des frontières extérieures et intérieures, le renoncement à la vie spirituelle au seul profit d'une mesure matérielle de la vie. Je vais le dire ici avec une force qui va surprendre, mais qui ne devrait pas surprendre sous la plume d'un curé : le nationalisme, c'est le Diable. Le vrai. Pas le "Diable rouge" que nous aimons, mais le Diviseur, le sournois, qui exacerbe la différence (de revenus, de confort, de privilège, de ce qu'on veut en ce genre) et qui gagne d'abord les cœurs.
La réponse au Diable, ce n'est pas le football (quelle que soit la révérence que j'aie pour ce noble sport) ou l'hymne national, la réponse au Diable, c'est la conversion personnelle, en chacun, à l'amour de l'autre parce qu'il est un autre, à l'amour du plus petit parce qu'il est plus petit, à l'amour du faible parce qu'il est faible. Et non par commisération. Mais parce que la reconnaissance de l'autre, du petit et du faible fonde la dignité de celui qui l'exerce.
En revanche, revendiquer contre l'autre sa grandeur, son autonomie, sa puissance, sa performance, et tout ce que vous voulez du même genre, c'est entrer dans un processus d'avilissement personnel qui a conduit les civilisations s'y livrant depuis toujours à la bêtise, et à la relégation au rang des animaux. Ce sont les animaux qui marquent leur territoire en pissant autour. Les êtres humains, eux, apprennent à se retenir. C'est toute la différence.
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