Voici donc passée la dernière session du Synode diocésain de Tournai - la dernière session, mais non la clôture solennelle, ouverte cette fois à tous, le samedi 30 novembre prochain en la Collégiale Sainte-Waudru de Mons, et à laquelle déjà tous les diocésains, je dis bien tous, sont invités (des affiches et des rappels opportuns seront, sont déjà, disponibles, rassurez-vous).
Le Synode a donné des pistes de réponse aux grandes questions que l'Evêque posait à ses diocésains. Maintenant, dépositaire de ces réponses, il revient à Mgr Harpigny de prier, de consulter et de rédiger des décrets qui répondent... à ces réponses, et qui vont déterminer la vie de notre diocèse pour les années à venir. Parmi ces problèmes, j'en épingle deux : le Synode a souhaité des "lieux" (l'expert théologien, Arnaud Join-Lambet, de l'UCL, a souligné ce fait) nouveaux de présence de la foi, comme si les lieux anciens (paroisses, églises, institutions, etc.) n'y répondaient pas assez. Des maisons, des instances d'accueil (on a beaucoup insisté sur l'accueil), pour tous, handicapés de la vie, pauvres de toutes sortes, jeunes qui se cherchent, etc., etc. Evidemment, cela coûte ou coûterait, en argent, en énergies humaines, en ardeur et conviction aussi.
Autre question, que je ressens ici vivement : oui - un oui massif - à un regroupement des paroisses, et même, à terme, à une paroisse unique qui corresponde peu ou prou au territoire de nos "Unités Pastorales Nouvelles", avec une mise en commun des asbl, des moyens, des finances, des conseils, des décisions, des... célébrations. La raréfaction des prêtres et l'urgence de la situation le commande, certes, mais comment respecter en même temps l'originalité et la particularité des communautés d'origine? (Depuis près de quarante ans - 1975 - et la réforme de Mr Michel au plan civil, concernant la "fusion des communes", on voit que les communes fusionnées se sentent toujours lésées, et elles n'ont pas tort). Un seul point, par exemple : les célébrations. On ne peut pas contraindre les paroissiens à venir tout le temps en un endroit unique, pour l'eucharistie du dimanche, c'est évident; en même temps, on ne saurait démultiplier les prêtres pour célébrer partout une messe dominicale. Alors comment faire? Des assemblées sans prêtres, entend-on dire? Les Evêques refusent de les programmer, et ils ont raison : ces célébrations non eucharistiques, en effet, si elles sont réitérées de façon automatique, finissent par faire perdre le sens de ce qu'est l'Eucharistie - les gens disent : "Belle messe!" à la sortie d'une célébration qui n'en est pas une (de messe), surtout si l'on y donne systématiquement la communion. On ne saurait procéder ainsi sans affaiblir le sens des sacrements, et du reste on a tenté cela il y a une vingtaine d'années, et on en est revenu, même les paroissiens, agacés de voir toujours les mêmes prendre la parole, et finalement le pouvoir. (Bon, moi j'ai bien une réponse, et c'est privé, n'en parlez à personne, et l'Evêque ne pourrait rien dire à ça, car ce n'est pas à lui d'en décider, mais seulement au Pape. Voilà : dans certaines de nos paroisses existent des gens d'expérience, mariés, pères de familles ou déjà grands-pères, estimés de tous, et qui en pratique exercent les fonctions du curé d'autrefois. Eh bien, ordonnons-les, ce ne sera jamais que sanctionner sacramentellement une situation de fait ratifiée et je crois demandée par le "Peuple de Dieu". Ici, dans le doyenné d'Enghien, nous en connaissons : concrètement, ils remplissent déjà ce rôle, ou peu près, du curé d'autrefois. Et il n'est sans doute pas besoin d'assassiner leur épouse pour autant, aux fins qu'ils deviennent célibataires... j'ai l'impression que le nouveau Secrétaire d'Etat du Vatican, Mgr Parolin, qui va prendre ses fonctions après-demain, a émis un propos qui n'est pas contraire à cette idée. Un ballon d'essai dans le monde catholique?) Comment faire donc? Le fin mot nous échappe en partie, certes, mais je crois que l'Evêque peut tout de même proposer des solutions sans doute provisoires, mais équilibrées.
En même temps, je reste frappé par la très grande vitalité de notre Eglise, que relevait aussi Arnaud. C'est une Eglise diocésaine rompue plus que d'autres à l'exercice démocratique de la consultation, de la coopération, et cela je l'ai senti en animant ce matin un atelier précisément consacré aux communautés locales : capacité d'écoute les uns des autres, de rédaction d'une motion commune, d'une proposition synthétisée, d'un appel vigoureux. Les délégués au Synode ont vraiment "fait leur métier", rempli leur mission.
Moi, je suis fier de mon diocèse. Il est vivant, il est beau dans la diversité de ses points de vue, il est fraternel. Il est un magnifique lieu de vie chrétienne.
Et maintenant... Je faisais partie du "Comité" du Synode, mais j'imagine que ce Comité est dissous par le fait même de la fin des sessions. Maintenant, le boulot, c'est... à vous, Monseigneur l'Evêque!
Alors, on prie pour vous...
Et nous attendons vos décrets, dans la joie d'avoir vécu ensemble ces quelque deux années qui ont été de belles années, fatigantes, certes, mais belles, de notre diocèse.
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