mercredi 18 avril 2012

Sur le pouvoir

L'approche des élections présidentielles puis, à leur suite, législatives, chez nos voisins Français, nous donne à méditer sur le pouvoir dans nos états démocratiques.
L'agitation outre-Quiévrain est à son comble : liturgie des meetings, surenchères verbales, etc.
Il y a là quelque chose d'assez étrange pour nos mentalités belges : chez nous, le scrutin proportionnel oblige pratiquement toujours au niveau fédéral et aux niveaux fédérés à des gouvernements de coalition, c'est-à-dire de compromis. Et, dans notre Royaume, le chef de l'Etat n'est pas élu... comme c'est du reste le cas dans toutes les monarchies constitutionnelles de l'Union Européenne - notons en outre que, dans certaines Républiques importantes comme l'Allemagne ou l'Italie, il est élu mais pas au suffrage universel.
Est-ce plus mal?
Je ne le crois pas : la bipolarisation de la vie politique (gauche-droite) favorisée par le scrutin majoritaire contribue à une idéologisation de mauvais aloi. Une politique ne saurait être complètement "de gauche" ou "de droite" sans mise à mal de certaines catégories sociales (mettons, pour aller vite, les indépendants, les chefs d'entreprise, et notamment de PME si on était dans un "tout gauche"; les personnes incapables d'initiative ou que le système de l'entreprise laisse de côté, les fonctionnaires indispensables à la vie d'une société, les personnes qui pour toutes sortes de motifs doivent dépendre de la solidarité publique, si on était dans un "tout droite"). En Belgique, même ceux et celles qui se retrouvent dans des partis "de droite" ou "de gauche" sont en réalité des centristes - évidemment, la chose se complique singulièrement, chez nous, et surtout au Nord du pays, par la dimension communautaire de la vie politique.
Et ce "centrisme" est, je crois, du bon sens... belge!
En outre, il m'a toujours semblé, quelque révérence que j'aie pour le Général de Gaulle, que l'introduction par lui de l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel était... à sa mesure, certes, mais démesurée! Cette démarche personnalise beaucoup trop une fonction qui devrait rester "au-dessus" de la mêlée politique, voire politicienne. Les Français sont étrangement nostalgiques de leur monarchie perdue, et le Président ainsi élu est-il autre chose qu'un monarque républicain? C'est Louis XIV dans les chaussures de Sarkozy... Notez : ils avaient tous les deux la même taille, mais le premier portait des talons hauts et une impressionnante perruque!
C'est que nos voisins ont le goût du verbe, du débat : ils croient à l'homme providentiel (cette fois, c'est plutôt Napoléon qu'il faudrait évoquer), ils pensent qu'une élection peut changer toute la donne (et après tout, pourquoi pas : quand la France est enrhumée, disait je ne sais plus qui, l'Europe entière éternue!); ils donnent l'impression que la vie du monde est suspendue à leur vote et que les enjeux en sont colossaux. C'est plaisant à observer - encore quelques belles passes d'armes à regarder sur le petit écran!

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