Je savoure en ce moment le beau livre que, sous ce titre, Le corps pensant, Christian Belin fait paraître ces jours-ci aux éditions du Seuil, avec en sous-titre : Essai sur la méditation chrétienne (Seuil, 2012, 366pp., 23 euros). Il y est question d'un regard spirituel sur la chair et le corps, dans la lumière chrétienne de la Résurrection. Lorsque l'on est, comme moi, comme beaucoup de prêtres, convié à célébrer souvent des funérailles, ce regard est d'importance, pour ne pas sombrer dans la routine (qui est une forme d'oubli) mais au contraire faire de chacune de ces occurrences le lieu possible d'un approfondissement de la foi. Pour donner le goût - ou, du moins, l'idée - de la pertinence de ce texte, je me permets ici d'en citer un passage :
"A l'intérieur du sépulcre s'enclenche un processus embryonnaire de transformation. Contre toute attente, le Corps plus fort que la chair conserve en lui un germe de vie invulnérable. Le mystère pascal déploie un triptyque où la Passion, la mort et la Résurrection sont corrélatives l'une à l'autre, solidaires et complices. Ce schéma, ce paradigme structurent toute existence chrétienne, ainsi que la nature même de l'exercice spirituel. Au coeur des ténèbres, dans une aurore invisible, se produit le passage du corps psychique au corps penumatique. La mort, depuis la tragédie du Calvaire, devrait être extrêmement familière aux consciences chrétiennes. Si d'autres sagesses ont, elles aussi, apprivoisé la mort - les stoïciens méditaient sur la mort quotidienne (quotidie morior) -, le christianisme y voit l'indice de la béatitude promise. Comme le suggère avec beaucoup d'intensité une formule appartenant à la liturgie des défunts, 'la vie est changée et non pas enlevée (vita mutatur, non tollitur)'. Une porte s'ouvre sur un accroissement de plénitude, sur un renouveau intégral, sur la restauration universelle. Un premier corps disparaît, un second lui succédera." (pp. 156-157)
Tout le propos est exemplaire, et recentre bien l'expérience chrétienne, l'expérience pascale, en son coeur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire