samedi 7 novembre 2020

Veiller, prier

 A mesure que nous nous acheminons vers la fin de l'année liturgique, les textes évangéliques proclamés (ou lus...) le dimanche, par exemple demain, sont des appels à la vigilance. Les dix jeunes filles, cinq "insouciantes" et cinq "prévoyantes", qui ouvrent le chapitre vingt-cinq de l'évangile de Matthieu, nous rappellent l'importance de faire provision de prière comme d'huile pour nos lampes, car l'Epoux vient toujours au milieu de la nuit.

La période de confinement que nous vivons une nouvelle fois me semble décidément propice à ce recueillement, au sens le plus actif du mot : recueillir comme on ramasse, se recueillir comme on se rassemble, faire le point, prendre meilleure conscience de nos faiblesses, de nos fragilités, de nos précarités personnelles et sociales - j'ai déjà suggéré, je crois, ailleurs dans ce blog, la connivence étymologique entre "prière" et "précarité" , deux termes l'un et l'autre enracinés dans le latin precare. La précarité, l'incertitude, le trouble du chaos qui empêche pour le moment toute prévision, tout plan sur le futur - je songe aux commerçants, aux gens de l'Horeca en particulier, et bien sûr aux malades et au personnel soignant, aux enseignants, à toutes ces personnes qui cumulent peurs et fragilités - oui, cette précarité peut être une chance d'aller enfin, sans concession, au plus intime de soi.

Je sors de la Cathédrale. On ne s'y bouscule pas, évidemment - et ce serait contraire aux règles sanitaires! Mais des jeunes gens, de façon régulière, en font le tour, surtout à cette heure vespérale où la pénombre descend et vient ombrer le regard des statues, les contrastes nués des vitraux et les couleurs des tableaux. Oui, des jeunes gens, souvent en couple, qui, au son de la musique du XVIème siècle, marchent lentement dans les nefs latérales, quelquefois s'assoient et visiblement, en effet, se "recueillent".  J'ose penser qu'ils font là, comme les jeunes filles prévoyantes de l'Evangile, provision de cette huile nécessaire pour que demeure allumée en eux la flamme, la petite flamme indispensable à toute vie. Il n'y a pas de parole prononcée. En faut-il? L'église, toute de pierres qu'elle soit, d'elle-même raconte quelque chose au plus intime de chacun...

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