mercredi 11 novembre 2020

La charité de saint Martin

 Aujourd'hui, 11 novembre, l'Eglise célèbre la mémoire de saint Martin, légionnaire romain du IVème siècle, devenu moine puis évêque de Tours. La Vita de Martin (biographie et légende mêlées, sans doute) nous rapporte un geste de charité - souvent son iconographie dans les nombreuses églises qui, chez nous, lui sont consacrées : vers l'âge de dix-huit ans, nous dit-on, rencontrant dans la campagne un pauvre transi de froid, Martin coupa en deux son manteau de soldat et recouvrit de cette moitié le corps du malheureux. Le lendemain, le Christ lui apparut vêtu de ce demi-manteau...

Demi-manteau : on pourrait se poser la question de savoir pourquoi Martin n'a pas donné la totalité de sa cape... N'y a-t-il pas là quelque pingrerie? Non, il a donné tout ce qu'il avait, tout ce qu'il possédait - car le légionnaire romain était propriétaire seulement de la moitié de ses biens, et Martin ne pouvait pas donner ce qu'il ne possédait pas. 

Pour la petite histoire, cette cape (l'autre moitié, donc) fut conservée dans une petite église reliquaire à laquelle on donna bientôt le nom de "chapelle" (capella, Kapel, comme vous voulez dans la langue que vous voulez...) Saviez-vous que le terme "chapelle" tire ainsi son origine du mot... "manteau"?

Aujourd'hui, et depuis plus de cent ans, la fête de St Martin est un peu occultée par la commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918, qui mit fin à l'une des plus désastreuses boucheries de l'Histoire. Et au fond, il n'est pas anodin que Martin, lui-même soldat, veille sur ceux qui ont tout donné en donnant leur vie pour la liberté et, finalement, pour la paix. Légionnaire devenu chrétien, moine et évêque, il rappelle que nos guerres doivent cesser, toujours, et se transmuer en véritable don de soi à l'autre - un don dans lequel on se donne soi-même tout entier, en donnant tout ce qu'on est, tout ce qu'on a.

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