vendredi 13 novembre 2020

Dieu, "comme un homme qui part en voyage"...

 Le texte évangélique proposé ce dimanche à la méditation des fidèles est une parabole de la "fin des temps", au terme de l'Evangile de Matthieu (Mt 25, 14-30), une parabole qu'on nomme parfois "la parabole des talents" parce qu'en effet il y est question des talents que chacun fait ou non fructifier dans sa vie terrestre.

Mais on oublie trop souvent le début : "C'est comme un homme qui part en voyage..." Et voilà une figure de Dieu à laquelle nous sommes peu accoutumés : Dieu, "comme un homme parti en voyage." Parti en voyage, Dieu n'a sans doute pas oublié ceux qu'il a ainsi quittés pour un temps, au contraire, on peut même penser qu'il s'en soucie. Cet "homme parti en voyage", on le voit bien s'inquiéter des siens, alors qu'il est dans de lointains pays, envoyer sms ou autres messages, bref, prendre des nouvelles. Cet "homme parti en voyage", je ne saurais l'imaginer insouciant...

Mais, enfin, il est parti. Et donc, les siens se trouvent un peu livrés à eux-mêmes ("Quand le chat est parti, n'est-ce pas, les souris dansent", dit le vieux proverbe...) Que font-elles, ces petites souris que nous sommes, que vont-elles faire de leur danse? C'est-à-dire, de leur liberté?

Recueillir l'héritage de celui qui est parti, oui, sans doute, et le faire fructifier encore. Mais comment? L'enterrer, manifestement, pour le garder intact, ce n'est pas une bonne idée : en tous les cas, lorsque revient ce Dieu parti, c'est le reproche qu'il fait à celui qui s'est ainsi réfugié dans cette prudence imbécile. Ce que certains catholiques, quelquefois, nomment "Tradition", et qui n'est qu'une bête répétition du même, à travers les siècles, en refusant de rien changer à rien pour tout sauver - le talent, alors, périt en terre!

Il faut donc oser, voilà ce qu'attend ce Dieu éclipsé. Oser comment  direz-vous? Eh bien, mettez en oeuvre(s) vos talents, votre intelligence, votre sens artistique, votre inventivité, tout cela qui s'enracine dans vos meilleurs désirs.

Et ce Dieu parti - oh! comme on sent qu'il est parti, certains jours, et comme on voudrait hâter son retour! - , parti mais qui revient et ne cesse de penser à nous et de nous chérir, ce Dieu, oui, vous fait déjà fête pour tout ce que vous aurez créé en son nom, comme fraternité, comme bienveillance, comme éblouissement devant l'autre.

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