La France s'agite une nouvelle fois (un peu trop, comme toujours) sur la révision de la Loi Veil à propos de l'avortement : il ne s'agirait plus d'une dépénalisation partielle, moyennant certaines conditions, de ce qui reste un crime (comme en Belgique et au fond partout ailleurs) mais d'un "droit" des femmes à interrompre ou non leur grossesse si elles le souhaitent. Le changement n'est en effet pas bénin et on s'attendait à ce glissement depuis longtemps.
On aura toujours en présence, d'un côté : le droit de la femme à disposer de "son" corps - et c'est après tout elle qui porte l'enfant, avec toutes les conséquences physiologiques et psychologiques que cela entraîne. Sauf que ce qu'elle porte n'est pas (seulement) "son" corps mais un "autre" corps ou le corps d'un autre, qu'on le définisse comme "personne" humaine à certains stades n'ayant guère d'intérêt : c'est de l'être humain, en tous les cas, et qui ne se confond pas exactement avec l'être de sa mère.
D'un autre côté, donc : ceux qui nient ou semblent nier le droit des femmes pour miser tout, et exclusivement, sur le droit du fœtus. Ils ignorent, à l'inverse de ce que j'ai dit plus haut, que c'est la mère qui porte, son corps qui porte, son sang qui afflue, ses viscères qui souffrent - et quelquefois durement. Et si l'enfant n'est pas voulu, par exemple s'il est le résultat d'un viol, c'est épouvantable.
Toutes les positions extrêmes, qui défendent un droit contre l'autre, me semblent insoutenables dans l'absolu.
Ici comme ailleurs, il faut des compromis, c'est-à-dire des compréhensions éloignées de simplismes. L'avortement reste et restera toujours une atteinte grave à la vie humaine et à une vie humaine, de surcroît, innocente. Mais cette vie humaine est portée par une femme de façon quelquefois tellement douloureuse qu'elle peut en devenir "inhumaine". Sa banalisation ne sera certainement jamais un progrès de nos sociétés, mais la considération des cas de détresse reste indispensable. Alors, au lieu de s'envoyer des invectives et des ultimatums à la tête, il faut qu'une société travaille beaucoup sur elle-même pour comprendre quel système juridique pourrait au mieux accompagner chacun dans la meilleure dignité. Nous n'y sommes pas, et, quand les idéologies s'en mêlent, nous n'en prenons pas le chemin!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire