Patrice de la Tour du Pin est sans doute l'un des grands poètes du XXème siècle.
Sur ceux qui n'arrivent plus à croire en Dieu, ou ne qui le veulent plus, peu importe, voici :
"Ceux qui vous ont perdu, comment peuvent-ils vous déceler?- Déjà pour nous vous êtes souvent un Dieu tellement caché! (...) Nous nous sommes emmurés par inattention, repliés sous une écorce dense. Et pourtant les crevasses du ciel deviennent parfois des éclaircies, et les cordes atones rendent parfois des voix. Tantôt une plainte et tantôt un murmure d'amour, tantôt un cri de détresse et tantôt une louange. (...)
Ils ne vous ont pas reconnu quand il était encore temps, et maintenant ils ont remplacé ce qui peuple l'âme par des habitants imaginaires."
(Petite Somme de Poésie, Poésie/Gallimard, 1966, pp. 192-193)
Et, sur la solitude intérieure, et la prière :
"Voici que j'ai compris que la plus belle prière ne devait pas être dite en mon nom, mais au nom de tous. Peut-être ai-je été créé pour découvrir les mots et la musique d'une prière, mais nous la réciterons en commun. Tous ceux que j'ai pris dans le chœur de mon âme, ceux qui sont des figures ou des dons d'amitié, ceux qui me viennent par le sang et la tendresse, ceux du hasard et les créatures d'une même grâce. C'est ainsi que j'ai compris la liturgie intérieure - que je demeure en moi sans rester isolé." (Ibid., p. 193)
Comment dire ceux et celles qui nous peuplent, qui peuplent notre attention, notre prière, notre souci, mieux que par ces mots : "Ceux qui me viennent par le sang et la tendresse, ceux du hasard et les créatures d'une même grâce"?
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