Revenons aux lectures d'hier, en particulier au texte difficile de Lc 13, 22-30.
Je constate d'abord un paradoxe : nous avons du mal à accepter que Dieu juge, il est de bon ton de lui refuser cet attribut (pourtant traditionnel : depuis la Bible, Ancien et Nouveau Testament, jusqu'aux tympans des cathédrales et au for interne de nos consciences!), sous prétexte que, n'étant qu'amour, accueil et miséricorde, Dieu ne saurait être Juge.
En revanche, ce rôle que nous lui dénions, nous nous l'attribuons de plus en plus à nous-mêmes, et avec une rudesse qui fait peine à voir : nous entendons dire qu'on n'est jamais assez sévère, que la justice est laxiste, que la vie dans les prisons est trop luxueuse, que les remises de peines et les libérations conditionnelles (!) sont inconcevables, voire qu'il faudrait rétablir la peine de mort, etc., etc. Ce que nous refusons à Dieu, nous nous en attribuons le rôle, et de façon oh combien impitoyable! C'est probablement que nous nous pensons impeccables, mieux que les autres, et aptes donc, du haut de cette vertu auto-proclamée, à exercer envers eux le jugement même de Dieu.
Ouais.
Attention : la porte est étroite, dit Jésus. C'est d'abord une bonne nouvelle : pour entrer dans le Royaume, il y a bien une porte.
Mais elle est étroite.
Comment fait-on pour franchir une porte étroite, mmh? On se débarrasse de tout ce qui gêne, qui encombre, qui alourdit - un peu comme, pour franchir les portiques de sécurité dans les aéroports, on laisse tout ce qui fait "bip" jusqu'à être dénudé! Il est clair que porter sur soi le poids de sa vertu, de sa supériorité, de sa superbe ou de son arrogance morale ne doit pas aider à franchir la porte étroite. De même que les appartenances institutionnelles qui seraient des garanties formelles... Le dépouillement de soi-même est un exercice quotidien. Et il suppose un discernement que Dieu seul peut opérer en nous, par sa Parole, par la lumière de son Esprit.
Mais oui : par son... jugement!
La question de savoir s'il y aura "beaucoup de sauvés" n'a pas d'objet - du reste, Jésus n'y répond pas.
Mais l'histoire de la porte invite à penser qu'il y aura des surprises :"des premiers qui seront derniers, et des derniers qui seront premiers."
Vaudrait mieux faire gaffe...
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