lundi 7 mai 2012

Inquiétudes de démocrate...

Que le vote grec d'hier ait pu envoyer au Parlement d'Athènes 21 députés ouvertement néo-nazis, voilà qui fait frémir, au moins autant que l'incapacité probable des partis représentés dans ce même Parlement à former avant longtemps un gouvernement d'Union Nationale. J'aime la Grèce, je la connais depuis longtemps, j'y ai souvent voyagé,  je parle (un peu...) sa langue, j'ai étudié son histoire, sa mythologie, sa littérature, ses beaux-arts. Je suis consterné devant ce naufrage, qui risque d'engloutir précisément le berceau de la démocratie. Et peut-être avec lui l'Europe entière, du moins l'idée que depuis la guerre on s'est faite de l'Europe : espace ouvert, d'échanges non seulement économiques mais culturels, exemple de respect de l'humain et de ses droits, bref, tout ce qui va avec la démocratie et qui, au départ, est né grec (et plus précisément athénien). Europe, princesse enlevée par Zeus pour la conduire aux cieux, qui de lui conçut Minos, le sage législateur... Où va l'Europe? De plus en plus, partout, des replis, la peste brune qui resurgit, l'égoïsme brandi comme un nationalisme (on se souvient de la formule choc - et terriblement vraie - de Mitterrand : "Le nationalisme, c'est la guerre!"), la peur de l'autre, la crispation sur "l'identité", la franchouillardise (voir les manifs d'extrême-droite en France intitulées "saucisson-pinard", ah, on va loin avec ça en guise de projet!) Depuis soixante-cinq ans, la construction patiente de l'Union Européenne a réussi à éviter les guerres fratricides : cette époque bénie sera-t-elle bientôt révolue? Tout cela fait peur, terriblement peur.
Je suis chrétien, je suis un homme d'espérance, je crois que rien n'est jamais perdu.
Je veux voir des signes d'espérance : peut-être le changement survenu hier en France sera-t-il positif, peut-être contribuera-t-il à redonner au débat budgétaire en Europe des paramètres plus humains, plus sociaux?
En attendant, restons vigilants, ne baissons pas la garde.  Aucune concession, jamais, aux idées (même répétées à l'oreille, en catimini) qui excluent les autres, qui pèchent  - j'emploie le terme à dessein - par ces rejets  mutuels qui ont conduit l'Europe, tant de fois dans son histoire, à s'entre-déchirer!

1 commentaire:

  1. Saucisson-pinard... Le saucisson, à base de porc... c'était ciblé...

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