mercredi 28 septembre 2011

Le plus difficile...

Je viens de passer près de deux heures auprès d'une grande malade, qui me demandait...
J'ai pour cela dû renoncer à une réunion importante dans la paroisse... On ne saurait tout faire, et l'urgence commande.
Comme souvent, c'est la personne souffrante qui s'est inquitée de moi, plus que l'inverse. Elle a posé des questions, dont celle-ci : "Qu'est-ce qui vous aura le plus peiné, dans votre vie de prêtre?"
J'ai été un peu décontenancé par la question, je n'y avais au fond jamais réfléchi, du moins pas comme cela.
Je crois que j'ai balbutié quelque chose de convenable.
Comme je suis d'un tempérament "secondaire" (c'est-à-dire, plutôt lent), je médite au retour sur cette question, à laquelle j'apporterais maintenant la réponse suivante :

ce qui m'a peiné, au fond du coeur, le plus,
dans ma vie de prêtre,
c'est de constater que ce que je croyais le plus précieux d'une vie d'homme,
était considéré par beaucoup, qui m'aimaient bien,
comme ce sur quoi ils passaient volontiers pour m'aimer encore,
mais franchement en faisant là un grand effort.

Que la vie de ma vie, la vie de mon âme,
était considérée tout au plus comme des balivernes
par certaines gens que j'aimais,
et qui me regardaient avec un sourire en coin en pensant très fort
(au point que je l'entendais) : "Mon Dieu, quel dommage,
qu'un garçon somme toute intelligent
accorde son crédit à de telles niaiseries."

Et le comble, c'est que je peux comprendre, souvent,
le manque de crédit, de crédibilité,
des choses religieuses :
tant de fois compromises avec le pouvoir,
avec l'argent,
avec le sexe,
et de façon occulte,
puante,
si bien qu'on en est tous dégoûtés.

Pourtant,
quand je regarde le fond de mon coeur,
je pourrai dire ceci à la fin de mes jours :
même si l'angoisse est là à l'heure de ma dernière heure,
je ne regretterai jamais d'avoir donné ma vie au Christ,
et, par lui,
à l'Amour.

Voilà la réponse que j'aurais dû faire à cette femme,
et que je lui fais maintenant,
sachant qu'elle ne la lira
que dans l'éternité.

Qu'elle prie pour moi!

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