La formule revient souvent, dans les dialogues préparatoires aux funérailles, aux mariages, etc. : "Vous savez, moi, Mr le Doyen, je suis croyant, mais pas pratiquant." C'est une formule que je peux entendre : les gens, sans doute, signifient par là qu'ils portent en eux un souci de vie spirituelle, un certain rapport à Dieu, voire aux "choses de la foi". C'est une formule, en ce sens, respectable.
C'est aussi une formule qui montre vite ses limites : aurais-je idée de dire, moi, quelque chose du genre : "Je suis végétarien, mais je ne pratique pas. " Ou : "Je suis nudiste, mais je ne pratique pas." Ou : "Je suis marathonien, mais je ne pratique pas" ?
La pratique fait partie du contenu, tout de même, y compris pour la foi et l'appartenance chrétiennes. Celles-ci ne sont pas une espèce d'adhésion intellectuelle, ou d'habitude, constituée dans une part de son cerveau, mais elles n'existent, un moment donné, qu'au travers d'une pratique : pratique liturgique, certes (pas de foi chrétienne sans les sacrements, sans le baptême, la confirmation l'eucharistie et les autres qui sont des déclinaisons de ces trois-là); pratique éthique, aussi (pas de foi chrétienne sans le souci de l'autre, la dévotion à l'autre, le dévouement pour lui).
La pratique est le lieu où la foi se "vérifie" - au sens étymologique de ce mot : où elle fait sa vérité.
Prenez l'évangile de ce dimanche (Mt 18, 21-35) : la recommandation faite par Jésus d'apprendre à toujours se pardonner les uns aux autres. Nous ne serons "du Christ" que recevant l'inépuisable pardon de Dieu, qu'il nous offre, et le distribuant autour de nous, précisément à ceux "qui nous ont offensés".
Ce n'est pas une pratique, ça?
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